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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le Murnau de Nicolas Chemla est un roman biographique d'une part importante dans la vie d'un cinéaste allemand des années 20 , sur ce qui lui tient le plus à coeur, le cinéma.

Voyage initiatique, onirique , voyage au paradis et en enfer que cette découverte des Iles Marquises qu'ont foulés d'autres avant F. Murnau et qui font référence pour lui en la personne de Pierre Loti, de Paul Gauguin, de Henri Matisse ou encore d'autres venus chercher la lumière et l'authenticité .

Les description tant des paysages que des personnages et histoires des îles nous donnent envie de suivre cette expédition (que j'ai eu la chance de parcourir dans les années 70) mais je reste un peu déçue car je pensais en découvrir plus sur la personne de Murnau, le tournage sulfureux de son oeuvre et sur l'ambiance qui régnait à cette époque dans le monde cinématographique.
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le titre de ce livre a attiré mon attention. Associer le nom du grand cinéaste de Nosferatu aux ténèbres me semblait couler de source. Et le destin de cet homme, intense et tragique, s'accommode bien de la nuit comme le Non-Mort des Carpates. 1929 F.W.Murnau rallie les Marquises, puis Tahiti et Bora-Bora, pour tourner ce qui sera son film ultime, Tabou. L'aventure de Tabou n'aura rien d'idyllique et méritera bien son titre. L'incursion dans la vie, la mémoire, l'intime des Polynésiens laissera des traces. Mais nul besoin d'être un cinéphile invétéré pour s'immiscer dans le roman de Nicolas Chemla, ce qui ne doit pas vous empêcher de voir L'Aurore, réalisé peu de temps avant et considéré par beaucoup comme le plus beau film de l'histoire du cinéma.

Tourner Tabou dans ces lieux a priori paradisiaques, c'est être bien loin de la Transylvanie, aux dents longues, de la ville tentatrice de L'Aurore, de l'Expresssionnisme du Dernier des hommes. C'est aussi tourner le dos en partie à Hollywood qui fait les yeux doux à Murnau. Mais Murnau, comme Eisenstein, n'était pas fait pour Hollywood. On est avec Murnau dans les ténèbres entre ethnologie et fantastique car, fasciné par les mystères insulaires, l'art primitif, mais aussi les tatouages sur le corps des garçons, le réalisateur ne fait pas mystère de ses attirances.

Tabou a été coréalisé par Robert Flaherty, autre pionnier du cinéma. C'est peu dire que l'Allemand et l'Irlando-américain n'étaient pas vraiment sur la même longueur d'onde. Qaunt aux ondes du Pacifique elles ne l'ont pas toujours été, pacifiques. Mais surtout le drame de Tabou réside surtout dans la subjugation de Murnau par ces indigènes, ces éphèbes musculeux qui le conduisit à semble-t-il, un certain irrespect pour les traditions, le sacré, les cimetières. Les autochtones, souvent très influencés par un culte proche de la sorcellerie, auraient maudit Murnau. D'où (?) des conditions parfois cataclysmiques qui firent de ce film en deux parties justement nommées Paradis et Paradis perdu, une aventure plus forte que l'objet filmique lui-même.

de retour en Californie Friedrich-Wilhelm Murnau n'assista pas à la première de Tabou. Huit jours avant il trouva la mort dans un accident de voiture, le 11 mars 1931. Cette histoire de prêtresse, de virginité, d'incendies, d'ouragans, en avait fini de mal tourner. La jolie photo de couverture du livre de Nicolas Chemla, versant édénique, nous montre Murnau, Pal le chien, Mehao et Henri Matisse, le peintre fauve en visite sur le tournage. Un excellent docu de l'excellente émission d'ARTE L'invitation au voyage vous en dira un peu plus.
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Entre les jeux d'ombre et de lumière du cinéma de Murnau et la fragile frontière qui sépare le monde des morts de celui des vivants dans la culture polynésienne, il n'y a qu'un pas.
Grand précurseur du cinéma muet du début du XXème siècle et réalisateur des terrifiants Nosferatu et Faust, Murnau est un génie de l'image qui a su magnifier les effets de lumière et régaler les cinéphiles.
Saturé des frasques d'Hollywwod, il décide de tout quitter pour partir aux Iles Marquises, sur les traces de Gauguin, de Loti et de Melville.
Après le succès du film ethnographique Nanouk l'Esquimau de son ami Robert Flaherty, précurseur du film documentaire, ils se lancent tous les deux dans la réalisation d'un grand film, à la fois romance et témoignage, avec pour cadre la vie dans ces îles de Mers du Sud.
Nicolas Chemla nous raconte ce périple de près d'un an qui commence par un épique voyage en bateau et s'achève par le fameux ultime film de Murnau, Taboo, sorti en 1931.
Au-delà du récit de voyage, ce roman nous plonge dans une allégorie visuelle des paysages enchanteurs polynésiens, où la magie et les croyances se mêlent à la vie quotidienne d'un peuple de pêcheurs de perles. D'ancestrales coutumes font cohabiter les vivants et les morts, et Murnau, totalement subjugué par la perfection des lieux, brave les tabous dans une insouciante indifférence.
Un récit littéraire et poétique, raconté par un vieux domestique du cinéaste, dernier témoin de ce périple, qui nous transporte avec force dans ces magnifiques îles des Mers du Sud.
La vision très artistique de ce voyage au bout du monde, noie un peu dans les images et les sensations, le récit lui-même qui n'en demeure pas moins passionnant.
Une découverte surprenante et envoûtante.
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Je remercie les éditions Le Cherche Midi et Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique de septembre 2021.

Nicolas Chemla signe ici un superbe hommage au cinéma muet expressionniste du début du XXème siècle, mais aussi à l'art en général (la littérature, avec des références à Loti, Stevenson… ; la peinture, notamment Gauguin mais pas que…), à la folie créatrice et l'inspiration des artistes. le tout dans un style très cinématographique qui fait apparaître sous nos yeux ébahis de lecteur les images du film comme si nous étions devant notre petit écran.
Je tiens particulièrement à souligner le travail éditorial des éditions Le Cherche Midi, vraiment très recherché et en accord avec le thème du roman, chaque partie du récit, découpé en 4, étant figurée comme le compte à rebours qui s'affichait au début des films en noir et blanc : »3 », « 2 », « 1 », « 0 ».
Pour en revenir au roman, celui-ci fait aussi la part belle aux iles Marquises où se déroule l'essentiel de l'histoire, à ses paysages paradisiaques, magnifiquement décrits, avec beaucoup de poésie, à la culture maorie, ses croyances et ses légendes, et à l'artisanat local.
J'ai aussi aimé les nombreuses réflexions égrenées au fil du récit selon laquelle le réel progrès ne serait peut-être pas à chercher dans la modernité, le confort et l'opulence des sociétés occidentales mais plutôt dans le respect des traditions et de la nature : « Ce feu que l'Occident a volé à ses dieux, et qui l'a mené en droite ligne aux canons, à la folie des locomotives et des lumières aveuglantes de la ville, les Polynésiens l'ont reçu de la terre, et ils l'ont chéri, et ils n'en ont pas tiré la mort ni la destruction, ni la domination ou l'exploitation ».
Malgré cela, je n'ai pas complètement été emportée par ce roman comme j'aurais aimé l'être. Docu-fiction, conte fantastique et philosophique, récit onirique ? Nicolas Chemla navigue entre les genres et flirte avec les frontières de la réalité et de la fiction, et je me suis souvent demandée si ce que je lisais était réel, rêvé ou fantasmé. A commencer par les personnages eux-mêmes, qui m'ont semblé inconsistants, vaporeux, presque sans existence réelle, m'empêchant de m'attacher à eux, et je dirais même plus, de m'intéresser à eux et à leur sort. Si bien qu'à un moment donné du récit, je me suis aperçue que la suite des aventures de cette équipe de tournage m'importait peu, voire pas du tout. Malgré toute la beauté de l'écriture, ce n'est pas un roman qui me marquera longtemps encore après l'avoir refermé.
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Que voilà un livre étrange, envoûtant comme les films de Murnau.
Dans ce roman composé de 3 chapitres qui s'ouvre comme les chiffres apparaissant sur l'écran lorsqu'un film démarre, l'auteur plaque tout en 2008 : un boulot qui rapporte, mais sans envie et un aller à Tahiti pour faire le point (OK, y'a pire comme lieu pour faire le point), écrire (enfin) sur Friedrich Wilhelm Murnau, réalisateur allemand, mort en 1931 à Santa Barbara dans un accident de voiture.
Son dernier film réalisé fut "Tabou", histoire d'amour interdite entre une jeune fille des îles, "dédiée" à un dieu et un jeune homme, pêcheur de perle, le tout sur fonds
Murnau, trompe la mort lorsqu'il était pilote de chasse de l'armée allemande durant la première guerre mondiale, toujours entre ombre et lumière, dans cet espace inconnu. Murnau qui dans ses films en noir et blanc, témoignait d'un rare talent pour sublimer la lumière et l'ombre. Homme de culture, se situant très loin de la frange tapageuse d'Hollywood, Murnau apparaît presque comme un mystique paien, un explorateur de la psyché dans le droit fil de la porte ouverte par Freud.
Indéniablement, c'est un livre déroutant, magique, mystérieux. J'ai encore une fois pensé à "Twin Peaks" de Lynch (rites anciens, ce qu'il y a derrière le rideau ...), d'autant plus que l'auteur durant tout le livre est accompagné par ce que je vois comme un "chaman", qui l'initie au monde de Murnau comme on initierait un novice à l'opium, une drogue puissante et fatale.
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