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4,05

sur 637 notes
Rien à dire, il faut juste le lire
Rien à prétendre, juste l'entreprendre
Rien à défendre, juste le comprendre
Rien à rajouter, juste le prolonger
Juste voir et surtout recevoir

"Contempler, ici, c'est communier,
c'est faire advenir la beauté"
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Dès les premières lignes de lecture, j'ai été saisie par un sentiment d'apaisement, la sensation de basculer dans une autre dimension, au XVIIème siècle, à la fin de la Dynastie Ming.

L'histoire en elle-même n'a rien d'exceptionnel, elle a été racontée par de nombreux auteurs à travers des couples célèbres à l'image de Tristan et Iseult mais écrite par François Cheng, la narration atteint des sommets d'une grande poésie où se reconstitue sous nos yeux tout un paysage qui se modifie au gré des saisons et où évoluent des moines, des paysans, des seigneurs. L'écriture est d'un esthétisme à couper le souffle.

Cet amour éternel va naître d'un simple regard entre Lan-Ying et Dao-Sheng et c'est à partir de cet instant que cet amour, entravé par leur environnement, va grandir au fil des séparations et des retrouvailles jusqu'à être sublimé.

Il y a des instants de grâce, d'une grande sensualité, lorsque Dao-Sheng, médecin itinérant et devin, est au chevet de dame Lan-Ying, étendue sur son lit, derrière un rideau (page 86) :
« Lan-Ying ne voit pas ; Dao-Sheng lui voit. Il voit sa propre main jadis fine et rendue rude par les labeurs, superposée à celle de Lan-Ying, blanche et lisse et qui, à cause de sa maigreur, laisse transparaître les os. Indéniablement, il y là contraste et pourtant quelle harmonie provenant sans doute du fait que chacune est dans l'élan de consoler l'autre. Lan-Ying ne se lasse pas de caresser la peau passablement rugueuse de l'homme. Dao-sheng, de son côté, se dit que la main si tendre, offerte là, redeviendra pleine et charnue. Car la voie du devin, plus que celle du médecin, lui chuchote à l'oreille « Maintenant que les deux prédestinés se sont véritablement retrouvées, aucun obstacle, aucune maladie, ne pourra plus entraver leur route ». de fait, durant le mois qui suit, ce seront bien les médicaments et la force de l'amour conjugués qui vont agir sur la malade et la tirer de l'abîme. A chaque rencontre, à travers le rideau, la main de Lan-Ying rejoint sans retenue celle de Dao-Sheng. C'est tout ce qu'ils peuvent faire. Ce qu'ils peuvent faire est d'une terrible audace, ils le savent. »

François Cheng abolit les limites matérielles qui pèsent sur l'amour de Lan-Ying et de Dao-Sheng pour mieux créer en eux la vacuité intérieure qui permet de recevoir l'intemporalité de l'amour. Mais c'est un long chemin de souffrance qui les attend avant de parvenir aux épousailles de leur âme respective.

L'écriture est très belle, elle est envoûtante, il en émane une lumière pareille à celle que j'ai ressentie à la lecture de certains passages de la « Nature Exposée d' Erri de Luca ». J'en déduis que cette clarté provient de leur quête spirituelle, d'un questionnement intérieur, de la recherche de l'élévation des sentiments humains.

Je remercie « Kawane » qui m'a conseillée de lire ce livre sublime. Son conseil est arrivé au moment où je venais de visiter le Musée Guimet de Paris où est particulièrement bien expliquée et retracée l'évolution des périodes bouddhistes à travers l'Asie et une exposition de porcelaine qui s'est développée particulièrement sous la dynastie Ming.
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Magnifique histoire d'amour contrarié sur fond de philosophie taoïste, qui se déroule dans la Chine du XVIIème siècle. L'écriture de François Cheng est toute en subtilités et en finesse. L'auteur nous immerge dans ce monde où le trivial côtoie la spiritualité et il en émane une grande poésie. Parfois, le temps s'arrête et reste en suspend, moment propice à une réflexion. de plus, à travers la vie de ce moine et la sublimation de son amour, la philosophie taoïste nous est présentée au quotidien. A ce sujet, la rencontre avec les pères jésuites nous permet également de faire le parallèle entre cette philosophie et la religion catholique. On découvre alors qu'elles ont beaucoup de points communs.
De la grande littérature. Un très grand roman à lire immédiatement.
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Merveilleux ! François Cheng arrête la course du temps et nous fait toucher du doigt l'éternité.

En Chine, au XVIIème siècle, Dao-sheng a connu mille vies. Joueur de violon vendu enfant à une troupe de comédiens itinérants, il a été envoyé au bagne pour avoir osé sourire à la jeune Lang-ying, promise au seigneur Zhao. Ayant réussi à s'échapper après bien des souffrances, il trouve refuge dans un monastère taoïste où il apprend l'art de la médecine et de la divination. Parvenu à l'âge mûr, il part à la rencontre de celle qui n'a jamais cessé d'habiter son coeur....

Présentée comme le "Tristan et Iseult" chinois, L'éternité n'est pas de trop est bien plus que cela. L'histoire d'amour interdite entre Dao-sheng et Dame Ying transcende l'humain et montre la puissance de l'esprit, qu'il soit appelé Souffle par les taoïstes ou âme par les chrétiens. Citons pour exemple le passage où les deux amants joignent la paume de leur main : de ce simple contact naît une communion des âmes qui irradie de sensualité comme l'acte d'amour ultime.

A contre-courant de notre société matérialiste et impatiente, François Cheng fait un délicat éloge de la patience et de la spiritualité. Il n'a pas son pareil pour disséquer les comportements humains dans ce qu'ils ont de plus vil comme de plus noble. J'ai savouré son style imagé, atypique et envoûtant, qui sonne comme des extraits de poèmes mis bout à bout.

Je recommande à tous cette parenthèse enchantée, véritable quête de sens qui nous élève.
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Quelle belle lecture !
Un amour impossible sublimé .
J'ai beaucoup aimé la rencontre deux mondes qui semblent incompatibles , deux civilisations différentes mais qui peuvent tant s'enrichir dans l'échange , sous la personne de ce missionnaire jésuite , épris d'absolu qui vient prêcher si loin de ceux qu'il aime et de Dao - sheng , qui n'a jamais oublié la femme aimée , la seule femme qu'il a réellement aimée .
Cet amour qui est partagé mais qui est impossible va néanmoins être vécu par la communion des âmes .
Sublime .
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"Le coeur peut être enfoui, scellé , il demeure une pièce de Jade qui reluit même au sein des Ténébres....
"Les ans ont pu modifier le corps, quand donc le trésor du coeur a- t-il changé ? ."..
"Sans ce trésor si pur , si noble, comment à l'origine aurait - il pu avoir ce visage et ce sourire? "
"Et ce regard qui vous remuait les entrailles ? " ....
J'ai découvert cette magnifique histoire d'amour grâce à Sabine que je remercie beaucoup : un Tristan et Yseult à la chinoise au XVIII ° siècle à la fin de la dynastie Ming, tout en finesse et retenue ...Un amour impossible sublimé et une communion des âmes pour Dao- Scheng , qui a connu mille et une vies , joueur de violon dans une troupe de théâtre, envoyé au bagne pour avoir souri à la belle Lan- Ying promise au seigneur Zhao...
Il s'échappe et aprés beaucoup de souffrances, trouve refuge dans un monastère de haute montagne où il apprend l'art de la divination et de la médecine ...lieu de paix et de silence ...
Parvenu à un âge certain il part à la rencontre de celle qui habite toujours son coeur ....
Je ne vais pas en dire plus car tout a été écrit sauf que cet ouvrage pétri de poésie , de sensibilité est une réflexion à propos de l'amour où le désir palpable est constamment contenu !
Une histoire d'amour intense et platonique qui s'affranchit des désirs du corps pour satisfaire ceux de l'âme !
Ouvrage Rare et apaisant doté d'une écriture envoûtante d'où il émane , à mon sens, une lumière intemporelle, un questionnement et une quête intérieure de vérité ouvrant sur les mystères de l'univers ....
L'auteur a l'art de nous faire toucher l'éternité , une manière peut- être d'arrêter le temps....un éloge de la patience et de la spiritualité ....
Récit d'une passion , Chef d'oeuvre subtil et sublime qui coupe le souffle !
Merci à Sabine de m'avoir guidé dans ce choix !
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Texte d'une très grande poésie. Magnifique histoire d'amour. Ce livre est un très grand roman de François Cheng. Merveilleusement bien écrit, il est un coup de coeur. C'est un chef-d'oeuvre.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Chine, 17ème siècle. Fin de la dynastie Ming.

Deux âmes se rencontrent et s'aiment, sont séparées par le destin mais se retrouvent trente ans plus tard.

Dao-sheng et Lan-Ying. Le violoniste devenu apprenti moine taoïste et guérisseur. La jeune fille , mariée malheureuse, maintenant solitaire et mélancolique.

Une histoire unique, où le corps exulte en ne se touchant pas, où seul le contact des mains sera félicité. Sourires et regards intenses. Instants d'éternité. Souffle partagé.

Au-delà d'un amour idéal, il y a aussi une quête de sérénité, de fusion avec le monde, d'ouverture au ciel et la terre. Des questions métaphysiques, un élargissement spirituel de l'âme.

On quitte ce livre apaisé, ébloui par cette passion secrète et tendre, les yeux emplis de visions douces, poétiques, celles du jardin délicat de Lan-ying, des vallées verdoyantes du fleuve, des mains qui s'effleurent en silence... Oui, apaisement et beauté coulent alors dans nos veines...
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Un regard, à peine un regard, peut-il changer le cours d'une vie ? Un regard, un seul regard furtif, peut-il suffire à nourrir l'amour, les rêves, les espoirs, la vie d'un homme ? le souvenir d'un regard peut-il suffire à donner un sens à la vie d'un homme pendant plus de trente ans ? Ou d'une femme, bien sûr.

François Cheng répond à cette délicate mais ô combien précieuse question par ce court roman dense, d'une beauté saisissante, d'une force apaisante et d'une sagesse vivifiante. Une véritable consolation pour moi qui suis confinée/déconfinée/reconfinée, je ne sais plus bien, mais tellement loin de ses beaux yeux noisette débordant de malice.

Ce roman est une ode à la femme, redevenue séduisante parce qu'aimée à nouveau, à l'amour – l'amour don de soi et respect de l'autre, sans aucune attente - et à la vie, qui est avant tout chemin.

Belles images épurées, qui rappelle les cinéastes ou les peintres chinois, des plans détaillés et de rares plans larges, une certaine distance de l'auteur, peut-être faut-il parler de discrétion, de modestie devant cet amour sublime. Tout est imprégné de sagesse, de taoïsme, et de poésie bien sûr. J'ai ressenti, dans l'écriture de l'auteur, une vraie jubilation, un vrai plaisir d'écrire. le plus bel exemple est sans aucun doute la scène où l'éternel recalé à l'examen mandarinal donne une leçon de poésie à notre amoureux. Et ce bonheur est partagé amplement avec le lecteur.

A recommander.
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Chine, fin de la dynastie Ming, XVIIe siècle.
Après plus de trente ans d'absence plus ou moins involontaires, Dao-Sheng quitte le monastère et décide de revenir dans le monde pour revoir et peut-être retrouver celle qui hante son coeur et ses pensées depuis tant d'années. Il s'installe en ville et bientôt ses dons de médecine et de divination le feront connaître de tous. La rencontre avec Lan-ying aura lieu, l'amour renaîtra mais bien des tourments tiendront éloignés les deux amants.
« Mon retour fut vers le sourire qui m'avait ébloui une fois pour toutes. C'est là que ma vie avait vraiment commencé, c'est là que ma vie devait s'achever. »

Voilà un joli roman d'amour, de passion même mais surtout de respect mutuel et de recherche d'identité et de partage d'âme, de spiritualité. Tout est dans le non-dit, tout est dans le jeu de regard, la caresse furtive d'une main. C'est d'une pureté incroyable et d'une grande poésie. L'amour courtois dans toute sa splendeur !
Pour nos deux amants, l'éternité n'est pas de trop, « soleil levant, soleil couchant, lune cachée, lune présente, nous ne nous oublierons pas un seul instant... »

En plus de cette magnifique histoire d'amour, François Cheng fait revivre cette Chine médiévale et ses us et coutumes. La narration suit le fil du temps, des saisons et des fêtes traditionnelles. C'est doux, lent, langoureux même. le lecteur est baigné dans une atmosphère presque irréelle.
Un roman envoûtant !
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