Je découvre le père Brown et son auteur avec ce petit recueil de nouvelles.
G.K. Chesterton a créé ce personnage pour 51 histoires. La muse qui l'a inspiré est le père de sa paroisse à Beaconsfield, John O'Connor.
Chesterton est un contemporain d'
Henri James. Journaliste, essayiste, poète, romancier, il a une belle prestance et une forte personnalité, n'hésitant jamais à clamer sa pensée. de l'avis contraire de
Kipling sur l'impérialisme, il aime débattre et promulguer ses idées sur le libéralisme et sur le christianisme, quitte à se fâcher avec ses amis. Il se convertit au catholicisme en 1922.
Le père Brown… est un curieux personnage, armé d'un chapeau et d'un parapluie bien encombrants. Je ne sais pas comment il est décrit dans les autres nouvelles, mais il m'est apparu comme un homme doux, très rêveur et maladroit. Il est en apparence, le contraire d'Hercule Poirot qui est souvent satisfait de sa personne, mais en intelligence, il est aussi fin et brillant que lui. Leurs petites cellules grises fonctionnent aux mêmes degrés.
"Trois enquêtes du Père Brown" sont issues du recueil "
La sagesse du père Brown" qui en compte douze au total.
L'absence de Mr Glass
Le Dr Orion Hood, criminologue et psychiatre à Scarborough, reçoit la visite du père Brown qui voudrait avoir son avis sur deux de ses paroissiens. Maggie, une jeune fille de bonne famille, souhaite se marier à James Todhunter, un locataire de la pension de sa mère.
Alors que le père Brown explique à Hood que malgré sa gentillesse, James est un personnage mystérieux, Maggie arrive affolée et annonce l'assassinat du jeune homme par Mr Glass, un homme qui s'était enfermé avec James dans sa chambre. Qui est ce Mr Glass que personne n'a vu ? Et pourquoi James est-il attaché par des cordes ? D'autres questions se télescopent à grande vitesse, surtout lorsqu'on s'aperçoit d'une chose surprenante et primordiale pour la suite de l'enquête…
Le paradis des voleurs
Le grand Muscari, un poète Toscan chaud comme la braise, tombe amoureux de la jeune Ethel Harrogate, la fille d'un banquier fortuné qui passe quelques jours de vacances en Italie avec son père et son frère. Dans la salle de son restaurant où il compte lui chanter une sérénade, il rencontre une vieille connaissance à lui. Ezza a été embauché pour servir de guide aux Harrogate le temps de leur voyage dans la région. Témoin de tout cela, le père Brown écoute d'une bonne oreille tout ce qui se dit, des retrouvailles entre Muscari et Ezza, de la séduction entreprise auprès de Miss Ethel et des histoires sur un célèbre bandit qui hante les montagnes, le Roi des Voleurs.
Tout semble normal… alors pourquoi le père Brown conseille-t-il à Muscari de faire attention à Miss Ethel et de rester sur ses gardes ?
Les naufragés des Pendragon
Le père Brown a été invité par son ami Flambeau à accompagner Sir Cecil Fanshaw pour une croisière le long de la côte des Cornouailles. Depuis quelques temps, le père Brown est malade. A trop se surmener, son organisme s'est affaiblit et l'air marin ne pourrait lui être que bénéfique. En fait… ça serait bien s'il n'avait pas le mal de mer ! A bord du petit yacht, son attention vagabonde de Flambeau à Fanshaw, et tout en essayant de se contenir, il les écoutent raconter les histoires du pays, du roi Arthur et de Merlin, de Drake et d'Elizabeth, des corsaires, des naufrageurs, des Pendragon… A l'embouchure du fleuve, le bateau remonte la rivière et le paysage se transforme petit à petit. Une tour se dresse, imposante, elle est la propriété des Pendragon, une vielle famille d'illustres capitaines. Cette tour a une histoire bien sombre que l'Amiral, héritier de la famille, va raconter aux trois amis. Une terrible malédiction semble habiter les pierres.
Contes et légendes ou histoires criminelles ? le père Brown, qui se porte mieux sur la terre ferme, cherche déjà à élucider l'intrigue, surtout qu'une jeune fille mystérieuse fait son apparition.
Shakespeare aurait pu s'inspirer de ces tragédies…
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De ces trois nouvelles, c'est la dernière que j'apprécie le plus. Plus longue, plus travaillée, étrange et meurtrière, elle a maintenu mon intérêt jusqu'au dénouement. J'ai aimé également les petites pointes d'humour, la distraction du père Brown, les descriptions des paysages et en particulier le découpage de la côte des Cornouailles et les pérégrinations sur les chemins de la Toscane. Ce que j'ai moins aimé, ce sont les phrases très longues et le manque de rythme. Peut-être que d'autres y trouveront du charme… Je préfère quant à moi, le style d'
Agatha Christie et son héros Hercule Poirot, ou la vivacité des écrits de
Conan Doyle.
Je ne pense pas continuer les enquêtes de ce bon père Brown, mais j'ai été ravie de le rencontrer car le personnage est charmant, simple et profondément bienveillant.
Les enquêtes ont été adaptées par la BBC et je trouve l'incarnation du père Brown parfaite.