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3,51

sur 360 notes
Ce livre se lit d'un trait. Et ce trait est la ligne continue d'une souffrance qui ondule dans la frise de l'Histoire, éclairée par des flashs d'images souvenirs, qui ponctuent aussi l'émotion d'un coeur qui bat, au rythme des pensées et des événements.
L'alternance de chapitres longs ou courts, toujours denses, disent les moments subits et subis, ainsi que les prises de décision, espérées et inattendues.
Si l'empathie ne m'a pas gagnée face à cette impression d'intellectuelle qui, faute d'avoir à gagner sa vie, se laisse sombrer dans la tentation de l'ombre, j'ai goûté le style et l'assimilation des références culturelles.
La relecture de certains passages est comme le goût d'un bon vin après le premier goût en bouche.
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Deuil- enfance- dépression.
Je n'ai pas adhéré à ce livre autobiographique sur le deuil, testament et dépression; pour une fin d'année c'est plombant et ce n'est pas émouvant.
L'histoire n'apporte rien; j'ai eu l'impression d'un besoin de l'autrice pour panse ses blessures: elle ne connait pas son père, elle a des relations compliquées avec sa mère, parle de la sexualité de celle ci.
Bof!
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Je n'ai pas beaucoup de goût pour l'auto-fiction, mais les louanges sur ce bouquin étaient tellement unanimes (enfin, presque), on me l'a tellement conseillé, que je me suis laissée influencer, croyant y rencontrer quelque chose de sublime.

Eh bien j'y ai trouvé l'habituel récit de soi plat, très linéaire dans l'esprit (malgré les fréquentes analepses). Des évocations de l'Algérie, comme en marge, mais surtout la détestation-adoration de la narratrice pour sa famille de médecins directeurs de clinique et leur sens des affaires. Et l'évocation rapide de la dépression qui a failli l'engloutir, spectaculaire mais somme toute bien banale.

On parle donc de deuil, bien sûr (c'est le sujet, le père de la narratrice étant mort trop jeune après une vie pas très heureuse, fils et frère peu aimé), mais on y parle aussi beaucoup d'argent, jusqu'à l'écoeurement ; et de sexe, beaucoup de sexe (le mot "cul" serait plus approprié), sans beaucoup d'utilité. Sans doute est-ce à la mode d'être cru (je n'irais pas jusqu'à dire d'être crue, le contraire de cuite ah ah Lacan).

Mais navrée, il y a crudité et crudité : je comprends celle de Houellebecq, car le sexe a une place centrale dans la désespérance de ses narrateurs masculins. Dans "Saturne", disons que c'est plus gratuit, pour la beauté du geste en quelque sorte. La sexualité de maman a l'air de beaucoup intéresser l'auteure. Mais il se trouve que la sexualité de la mère de l'auteure ne m'intéresse pas.

Ah ! et on parle beaucoup de testaments : c'est normal, dans une telle famille c'est important.

Et l'histoire se déroule, encore et toujours, avec ses mille détails, ses anecdotes.

Les personnages ne sont pas sympathiques, c'est le moins qu'on puisse dire, (sauf sans doute le pauvre Harry), rien ne fait vibrer, aucune révélation ne nous attend au détour de la page.

Le style est assez ordinaire.

Des livres sur la déprime, il en existe plein.

Un de plus !


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"Saturne" n'est pas le premier roman de Sarah Chiche, loin s'en faut. Il est même le dernier… pour l'instant. C'est pourtant – honte à moi – le premier que je lis de cette auteure. Je connaissais les titres précédents, mais reportais toujours ma découverte au lendemain. Merci à Lecteurs.com pour cette rencontre avec une écriture flamboyante.

C'est, en effet, dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2020 et sa suite, "les livres voyageurs", que j'ai pu lire cet ouvrage prêté par un ami lecteur. Certes l'histoire m'a touchée : l'histoire d'un deuil enfantin. Une petite fille de quinze mois perd son père encore jeune… elle ne s'en remettra pas ou plutôt, il lui faudra des années… Adulte, elle raconte – c'est la narratrice – l'histoire de sa famille paternelle, l'Algérie, la fortune perdue, reconstruite en France, son père, qui ne suit pas le chemin pourtant tracé, sa rencontre avec sa mère, beauté incendiaire mais totalement différente… La construction est intéressante qui use de retours en arrière fréquents, passe des uns aux autres sans chronologie particulière, donne des détails sur la vie, les us et coutumes. Elle narre avec précision les séquelles sur l'existence de chacun des histoires de famille, des non-dits, des rivalités.

Mais, si, comme je l'ai dit plus haut, ce récit m'a touchée, je l'ai été plus encore par l'écriture. Elle est flamboyante, lumineuse, profonde, d'une grande maîtrise et m'a complètement envahie. Sarah Chiche a ce talent – sans doute aussi de par ses compétences de psychologue clinicienne – de nous parler de la pathologie mentale, de la décrire dans ses moindres détails, avec tant d'émotion. Je ne lisais pas, je ressentais au fond de moi la détresse de cette jeune femme, malade de ne pas savoir qu'elle avait aimé son père, qu'elle en avait été aimée. Car en plus de tout le reste, ce livre est un cri d'amour d'une petite fille à ce père qu'elle n'a pas connu et qu'elle rencontrera à travers des petits films super huit, une re-naissance en somme.

Tomber amoureuse d'une écriture, ce n'est sans doute pas banal. Quand l'auteure parle de deuil, ça l'est sans doute encore moins et pourtant…"Un deuil reste un deuil. Un cadavre, un cadavre, une tombe, une tombe. Mais si certaines personnes apprennent à vivre douloureusement avec la perte, d'autres se laissent mourir avec leurs morts.", c'est bien pour de telles phrases que je l'ai tant aimé… et pour le reste aussi "J'entre dans l'automne de Saturne. Et sur la route où je pars seule, mais avec mon père…tout est perdu, tout va survivre, tout est perdu, tout est sauvé. Tout est perdu, tout est splendide."

"Saturne", un roman que je garderai longtemps au plus profond. Beaucoup plus qu'un simple coup de foudre.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Après une introduction dramatique – la mort d'Harry, le père de la narratrice – il y a deux livres dans ce livre.
Le premier est une histoire de la famille. Une riche famille algéroise de médecins propriétaires d'une clinique. Une famille où compte avant tout la réussite professionnelle, et où l'aîné des garçons et survalorisé par rapport à Harry, son cadet. Elle devra quitter l'Algérie à la fin de la France coloniale, avant de rebâtir sa fortune en métropole. Harry connaîtra l'amour fou avec Eve, femme magnifique et fatale, qui ne sera jamais vraiment acceptée par la famille.
Le deuxième est centré sur la narratrice, dont l'enfance sans père aura été si difficile, et qui connaîtra une terrible dépression. Elle en guérira à la fois heureuse et profondément mélancolique.
Voilà un ouvrage empli de douleur mais qui ne tombe pas dans le pathos, et qui vaut essentiellement par son style incandescent.
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Sarah Chiche dédie ce livre aux vulnérables et aux endeuillés.
A l'image de cette adresse, l'écriture qu'elle nous livre dans son récit porte la douleur d'une plainte, et si l'auteur la contient, la canalise, le lecteur sent sous sa plume, le travail des mots pour apprivoiser ce qui a fait mal et qui pourtant lui a permis de se construire.
L'auteure n'écrit pas là son premier roman, ce retour sur elle-même n'est pas un cri, c'est une construction rigoureuse, comme un long chemin qu'elle fait prendre à sa colère, une colère froide comme reposée, scrutée et analysée, tout y a donc une place, Sarah Chiche orchestre avec minutie le parcours de ce qui a déterminé en grande partie sa vie de femme et d'écrivain.
Elle plante le décor avec la mort du père, un prologue, comme une ouverture symphonique dans laquelle vont s'imprimer les vies de ceux qui restent et la sienne, dans le creux, l'ombre, l'absence : « Mais pour moi, rien n'avait changé. Il était toujours là, il avait disparu ».
le roman s'articule ensuite en deux parties bien distinctes, la première partie permet à l'auteure de remettre en scène le monde d'avant, celui dont elle dit qu'il ne reste plus rien, celui d'où elle ne sait pas bien pourquoi elle a survécu, un monde dissous, d'où elle n'aurait pas dû revenir. Elle va loin rechercher ce monde-là, dans Alger la blanche, souillée par les crimes de l'OAS et les cahots de la guerre, dans le Paris de 1968, elle va y faire revivre les rêves de Harry, bien loin de ceux que son chirurgien de père a pensé pour lui, sa rencontre avec Ève et les rancoeurs familiales qui vont occuper tout l'espace après sa mort.
Sarah Chiche termine sa première partie de façon magistrale en mêlant la colère figurée de son père mort à la sienne, dans une écriture automate et essoufflée, ouvrant directement sur la deuxième partie qui la met en scène, elle, à 26 ans, foudroyée par le deuil, comme une vague de tsunami, longtemps après la secousse.
« Je suis morte. J'en suis revenue. J'ai pu vieillir. » Elle raconte ce chemin, tortueux et difficile elle qui ne pouvait pas mourir car déjà morte à ses yeux. Écrire ce voyage-là, n'est pas chose facile, Sarah Chiche y parvient et choisit la symbolique multiple de Saturne pour donner à sa réalité le souffle du rêve fut-il cruel.
Un livre fort.
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Saturne est un livre sombre et tourmenté qui tourne autour de la vie de 3 générations de femmes, des années 1950 à nos jours. Saturne est un livre complexe, déstructuré et mélancolique, à l'image de ces personnages.
Saturne nous fait découvrir une famille de Pieds-Noirs qui essaie de se reconstruire après avoir quitté l'Algérie.
L'écriture est riche mais compliqué et nécessite une grande concentration pour qui veut suivre l'histoire.
A lire bien réveillé et si l'on n'est pas soi-même déprimé.
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Coup de cœur pour l'écriture de Sarah Chiche, pour cette histoire familiale qui raconte la perte, l'absence. Ce père décédé quand elle a 15 mois a laissé un vide, juste un mort tel un objet sans vie. Cela va la consumer de l'intérieur.

Elle nous retrace l'histoire de ce père, qui a vécu sous le désir de son père, qui a essayé de s'en libérer.
Ce roman parle de la transmission, des fantômes, du deuil.
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Première lecture de Sarah Chiche. Et je suis tout d'abord impressionnée par le ton, le style chaotique, l'urgence de l'écriture. En psychanalyste, l'auteur nous plonge dans l'esprit mélancolique d'une jeune femme en deuil. La narratrice a perdu son père alors qu'elle n'avait que quinze mois. Cet évènement, elle le revit à l'âge adulte, à partir de quelques éléments hérités de sa grand-mère Louise, celle qui l'a élevée et dont la mort fait ressurgir un passé tourmenté.

Louise était l'héritière d'un père juif, propriétaire d'une clinique. Elle a épousé Joseph, un médecin qui avait sauvé la vie de son père. Ensemble, ils ont bâti un empire en multipliant les cliniques privées. Si Armand, le fils aîné perpétue la tradition en devenant gynécologue, Harry est un rêveur qui se voudrait cinéaste.
Louise adore Armand qu'elle a failli perdre à la naissance. Joseph soutient Harry, « il adore son cadet comme on aime férocement la part perdue de soi-même, celle dont on s'est amputé pour réussir. »

Harry se perd dans le jeu et tombe éperdument amoureux d'Eve, une fille excentrique et perturbée.

» il va l'aimer malgré toute cette nuit qu'elle a en elle, malgré la peur qu'elle lui inspire, parce que ça fait partie de l'amour. »

Nous retrouvons la narratrice à l'âge de vingt-six ans en plein délire de négations. « En ce temps-là, je n'étais que défaites et laideur. » Elle a rompu avec sa grand-mère, avec cette famille mortifère.Elle a fui à l'étranger, s'est mariée puis a tout quitté. Quand elle rentre en France, c'est pour entendre les accusations de son oncle au sujet de sa grand-mère qui attendait en vain son appel. Elle sombre alors dans l'auto-accusation, dans la folie, « triste d'avoir perdu une grand-mère qu'on n'aimait pas, triste pour un père qu'on n'a pas connu. »

Et pourtant, il suffit d'un déclic pour revenir à la vie.

J'ai beaucoup aimé le style vif de l'auteur, quelques personnages ( Louise, Eve). le récit de la passion éphémère mais intense entre Harry et Eve, un peu édulcoré est très beau. Par contre, le récit m'a semblé chaotique, sûrement à l'image d'une psychanalyse. Il faut bien remonter dans le passé, expurger le mal et franchir les barrières. Mais je ne suis pas parvenue à intégrer le récit des violences en Algérie et l'exil qui en a découlé dans l'histoire de la narratrice.
Suite à la rencontre d'une femme qui avait connu Harry enfant en Algérie, je m'attendais à une autre histoire. Mais tout se centre sur la douleur de la narratrice, occultant celle de la génération précédente.

Du style, sans aucun doute, de belles évocations mais un récit qui se complait dans le côté sombre, dans la mémoire douloureuse de la narratrice. Ce roman largement plébiscité par la presse ne devait pas être la lecture qu'il me fallait à ce moment-là.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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On a l'impression que l'auteur ,pourtant psychanalyste de métier ,n'a pas encore réglé ses comptes avec son propre passé ,ce qui me permet de m'interroger sur les bienfaits de cette thérapie....la perte du père au tout début de l'enfance semble irréparable...l'auteur a su mettre des mots coup de poing sur ce qu'est la dépression, lesquels ne vous laissent pas indemnes ....
Je m'interroge toutefois sur les descriptions de scènes de sexe ,entre ses deux parents ,très nombreuses !
Enfin je suis d'accord avec Tynn pour dire que la littérature contemporaine française est volontiers narcissique et qu'elle devrait peut-être regarder ce qui s'écrit de l'autre côté de l'Atlantique plus ,dans le récit et l'imaginaire .
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