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sur 375 notes
Gouri revient deux ans après un accident nucléaire majeur dans son petit village ukrainien afin de récupérer un objet.
L'accès des lieux étant interdit du fait de leur haute dangerosité, l'expédition se fera de nuit dans des conditions extrêmement périlleuses.
Ce roman aborde le fléau nucléaire apparenté au mal absolu et son cortège de malheurs : le brutal arrachement des familles à leur maison et à leur passé, le déracinement, le sacrifice de la vie de ceux qui furent employés à la décontamination du réacteur endommagé.
Cette expédition sera aussi l'occasion de célébrer l'amitié de ceux qui ont traversé la terrible épreuve ensemble et les souvenirs qui les unissent.
Antoine Choplin écrit bien. Ses personnages sont crédibles, mais je n'ai pas eu le temps de m'y attacher : sans doute le roman est-il un peu bref.
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Gouri se rend dans la ville où il vivait avec sa famille.
Sur le trajet, il s'arrête chez des amis, à quelques dizaines de kilomètres de sa destination interdite : Pripiat, la ville qui jouxtait l'ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl. La catastrophe du 26 avril 1986 a marqué un tournant dans la vie de chacun. Ceux qui sont encore en vie y ont beaucoup perdu : un ou plusieurs proches, la santé, un cadre de vie. Gouri ne fera pas revenir sa fille à la vie, mais il a besoin de ce retour à Pripiat, fut-ce au péril de sa santé.

En 120 pages (édition Points), l'auteur met en évidence la profondeur de l'empreinte de la catastrophe sur les lieux, sur les corps et les esprits. En peu de mots, les personnages se disent beaucoup de choses, de ce qui leur reste de vie et d'eux-mêmes. La vodka libère la parole, direz-vous ! Certes, les discussions se déroulent souvent autour d'une bouteille, mais elle fait ici simplement partie du décor.
Seuls quelques aspects de la catastrophe de Tchernobyl sont évoqués dans ce court roman, mais ces détails disent beaucoup de son impact sur la vie des riverains.
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Un tout petit roman d'une incroyable douceur pour une virée à la nuit tombée dans la ville fantôme qu'est Tchernobyl.

Les souvenirs sont encore bien vivants pour Gouri. Il les partage avec ses amis victimes de la catastrophe nucléaire de 1986. Il décide de rejoindre la ville fantôme sur sa moto, accompagné de son ami. La nuit tombée, comme deux fantômes ayant peur du jour et de ce qu'ils pourraient découvrir.
Si tout est silence et vide dans la ville, Gouri tient à retrouver un semblant de vie et d'humanité. Peu de choses suffisent pour réanimer une ville échouée, le vol d'un oiseau, le vole d'un piano, le démontage d'une porte marquée de la taille de sa fille au fil des années.
Les descriptions sont belles, justes, comme un dernier hommage à Tchernobyl, comme une dernière virée de deux hommes vivants là où la vie a déserté faute au nucléaire, faute à un accident tournant à la catastrophe et dépleupant les rues.

Intime, essentiel, c'est à la tombée de la nuit que la lune projette toute son immensité.
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Au crépuscule Gouri roule vers le village de Chevtchenko où il est attendu par ses amis Iakov et Vera.
Deux années se sont écoulées depuis l'accident nucléaire qui a dévasté Tchernobyl.
Derrière sa moto une remorque attachée avec un bricolage de fortune. Il a l'intention de se rendre plus tard dans la zone. Quand il s'arrête pour faire le plein le pompiste devine sa destination et le met en garde. Certains partent vers Pripyat et ne reviennent jamais. Les pilleurs et les trafiquants pullulent et le danger est omniprésent.

Oui, mais Gouri a besoin de retourner à tout prix dans sa maison de Pripyat pour ramener quelque chose auquel il tient beaucoup.

Vera est heureuse de revoir Gouri. Ils boivent à leurs retrouvailles et un dialogue s'engage entrecoupé quelquefois de silences.
Son mari, Iakov, est gravement malade ; Ksenia, la fille de Gouri aussi.
Piotr, un gamin du coin recueilli par un couple de personnes âgées, Leonti et Svetlana, est traumatisé et ne parle quasiment plus.

Autour du repas du soir composé d'une soupe et de chou sont réunis Iakov, Vera, Gouri, Leonti, Svetlana, Piotr et Kouzma, un jeune gars arrivé au printemps et qui traficote dans les environs. C'est une soirée ponctuée de poésies, de chants et de musique. D'un peu de joie qui succède à la tristesse après que chacun se soit confié sur les conséquences de la catastrophe.
Après ce repas Gouri partira à la nuit tombée direction Pripyat afin d'en rapporter un objet bien particulier.

Les personnages sont attachants et on éprouve de l'empathie face à ce qu'ils endurent.
Iakov sait que ses jours sont comptés.
Leurs témoignages à tous sont poignants.
Iakov avait été réquisitionné pour nettoyer la zone et " enterrer la terre " après avoir travaillé au contact du réacteur. Quant aux scènes qu'ils a pu voir, j'espère bien que personne d'autre n'aura jamais à les voir. Comme ces arbres qui, dit-il, rougeoyaient, brillaient ; la pluie noire qui tombait sur eux, les centaines de moineaux aveugles qui s'écrasaient sur les pare-brise des voitures pour finir par mourir, les maisons ensevelies, les animaux domestiques abattus. Et au-delà des scènes de désolation, la maladie, la souffrance et la mort.

Réquisitionnés pour faire leur travail de citoyen leur disait-on...
Sacrifiés pour une patrie qui n'informait personne sur les dangers du nucléaire.
Destinés à mourir...

Kouzma, de son côté, a vu la maison de son enfance disparaître dans un énorme gouffre avec tout ce qu'elle contenait. Dont une boule de neige avec une Tour Eiffel à l'intérieur, cadeau d'un ami de son père. Petite chose qui avait surtout une valeur sentimentale.
Quelquefois ces simples objets qui vous ont apporté du bonheur emportent avec eux un morceau de votre coeur en disparaissant.

Pour son livre " La nuit tombée " Antoine Choplin a reçu le Prix France Télévisions en 2012.
Ce prix est mérité. L'auteur met en scène des gens du peuple comme vous et moi, dont les vies ont basculé après l'explosion du réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

" Ils étaient venus ensemble, c'était tout près d'ici, Ksenia et lui, au matin du 26 avril.
Voir un peu.
Le bleu étrange de l'incendie.
Les irisations. Cette féerie.
Ils avaient même hésité à s'approcher encore. Une chose insignifiante -- il ne pouvait se souvenir quoi exactement, une course à faire, un rendez-vous ? -- les en avait empêchés. Ils y seraient allés sinon, main dans la main. Encore plus près. Ils se seraient jetés là-dedans pour de bon, père et fille ensemble, pris par l'intensité du spectacle, le sourire, presque, à leurs visages. Comme ces autres enfants rassemblés du côté de la voie ferrée, offrant leurs chants et farandoles au feu d'artifice. Et envoûtés une fois pour toutes. Aujourd'hui, ou demain, disparus. " ( Citation du livre )

Ce passage je le trouve particulièrement terrible. Toutes ces personnes venues regarder la beauté du spectacle se déroulant devant leurs yeux en ignorant que c'était la mort qu'ils étaient en train de contempler.

Ce que j'ai énormément de mal à comprendre c'est qu'au début du repas, quand Iakov présente son ami à Leonti, il lui dit qu'avant d'être écrivain public à Kiev Gouri travaillait pour ceux de la centrale.
Alors pourquoi ce dernier n'était-il pas au courant des risques de l'atome en cas d'accident ? Je reste dubitative.

Le sujet est traité avec pudeur. le récit est simple, tout comme le sont les protagonistes. Les phrases sont courtes, les dialogues entrecoupés de silences n'en sont que plus percutants et font mouche.
Ce voyage de Gouri à la nuit tombée est touchant et on ne peut s'empêcher de penser à une scène similaire relatée dans l'excellent livre de Svetlana Alexievitch " La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse ".

Une nuit tombée où brillent à présent des milliers d'étoiles. Les âmes des suppliciés de Tchernobyl qui ont été fascinés un jour d'avril 86 par une irisation belle et mortelle dans un ciel bleu étrange.
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Ce roman se déroule sur deux jours.Gouri veut retourner dans le village qu'il a dû quitter après les événements de Tchernobyl,afin de récupérer dans son ancien appartement une porte.L'objet peut paraître insolite mais cette porte représente beaucoup pour lui et je n'en dévoilerai pas plus.Avant de s'aventurer dans ce village désormais en zone interdite, il s'arrête chez de vieux amis dont l'homme va mourir suite aux radiations.
C'est un roman tout en douceur, en pudeur mais aussi violent par la souffrance qu'il évoque.Il est empreint de poésie, de symboles mais aussi de silence.Un silence qui reflète l'intériorité de chacun.Un silence qui vient ponctuer le temps: le temps des souvenirs,ceux qu'on partage comme le trésors d'un temps révolu,ceux qu'il est impossible d'énoncer.Ce temps,c'est aussi la marque du respect pour ce que l'autre ressent, une reconnaissance qui se passe de mots, un terrain connu.Ce temps est également celui qui a brutalement scindé la vie:il y a "avant" et "après"; le passé et le présent mais l'avenir n'est pas évoqué.Les descriptions d'une beauté profonde,fascinante mais aussi effrayante et font souvent frissonner...Mais heureusement lecteurs,n'ayez aucune crainte,ce drame ne peut pas se passer dans nos frontiéres!Avec nos centales si performantes, si protégées ,indestructibles comme le Titanic , nous pouvons dormir sur nos deux oreilles...
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C'est un livre d'une rare douceur, d'une rare pudeur, empli de tendresse et qui donne espoir en l'humain... Paradoxal oui, puisqu'il traite d'un sujet violent, Tchernobyl...Enfin de ce qui reste après la tragédie , de ce monde blessé à jamais, de ces femmes et hommes qui ont survécu ou essaient de survivre. Antoine Choplin, avec des mots simples, des phrases courtes, décrit le quotidien, les gestes les plus doux. Je retiens particulièrement la beauté de cet homme profondément meurtri dans son corps, qui veut laisser à celle qu'il aime un écrit, c'est tout simplement poignant et magnifique.
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Ce roman, publié en 2012 aux éditions de la Fosse aux ours, relate le voyage que fait le héros, Gouri en direction de Pipriat sa ville d'origine devenue ville interdite depuis l'accident nucléaire de Tchernobyl en 1986. Gouri est un poète qui travaillait autrefois à la centrale, il vit désormais à Kiev depuis l'évacuation de Pipriat mais sa fille Ksenia est malade, sans doute contaminée et il veut rapporter à Kiev la porte de sa chambre, objet chargé de souvenirs.
Au cours de son voyage, il s'arrête pour revoir son ami Iakov. Celui-ci est très mal en point. Comme les autres, il avait accepté de faire oeuvre citoyenne en allant "enterrer la terre" après la catastrophe mais il en paie très cher les conséquences. Éva son épouse prends soin de lui et aussi de ses voisins qu'elle reçoit chez elle au dîner : Svetlana qui peint des pierres et son époux le vieux Léonti qui a entrepris de reconstruire sa maison, le jeune Piotr, qui semble avoir perdu la tête et le mystérieux Kouzma. Ensemble ils partagent de nombreux verres de vodka, la soupe de poulet le chou. Kouzma met en garde Gouri : "tu me retrouveras rien de ce que tu as connu là-bas." dit-il. Il dresse même un portrait terrifiant de Pipriat : "Mais avec le temps, ce qui finit par te sauter en premier à la figure, ce serait plutôt une sorte de jus qui suinte de partout, comme quelque chose qui palpiterait encore. Quelque chose de bien vivant et c'est ça qui te colle la trouille. Ça, c'est une vraie poisse, un truc qui s'attrape partout. Et d'abord là dedans. de son pouce, il tapote plusieurs fois son crâne. Je sais de quoi je parle"
J'aime beaucoup l'écriture de ce roman, la plongée dans l'univers des personnages, la tendresse avec laquelle l'auteur en dresse le portrait mais je suis très déçue par la fin : je n'ai pas compris le revirement de Kouzma qui choisit d'accompagner Gouri à Pipriat, l'aide à récupérer sa porte et même, bizarrement et à plusieurs reprises, "est contre Gouri" (p 109). Or alors que Gouri attend Kouzma parti guetter les pilleurs à Pipriat, Gouri pense que "ce n'est pas Kouzma qui le tracasse. Kouzma, ce n'est pas important. Qu'il meure, même, et ce ne serait qu'un petit drame de plus [...] Il envisage sa lâcheté." Heureusement Kouzma revient, ils rentrent ensemble jusque Marianovka où Kouzma "disparait entre les arbres".
Gouri aurait-il été un temps victime de la "vraie poisse" dont parlait Kouzma ? Il finit pourtant par tenir sa promesse chez Iakov, l'aidant à écrire à Éva sa lettre d'amour et d'adieu.

Lien : http://www.lirelire.net/2018..
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Bof... Petit roman qui se lit vite, et qui parle de l'après Tchernobyl, mais je pense que je l'aurai vite oublié.
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Les mots me manquent pour parler de ce court roman d'Antoine Chplin qui raconte avec une grande économie de moyens une soirée, une nuit, un repas quelque part pas loin de « la centrale » qui n'est jamais nommée. Un rendez-vous entre Gouri et son passé lorsqu'il vivait à Pripiat, un rendez-vous marqué d'une étape chez Yakov et Vera, le temps de quelques heures chez des amis. le temps pour Antoine Choplin d'évoquer à mots couverts la catastrophe, l'évacuation sans explication des habitants de Pripiat, les sauveteurs qu'on a exposés à des taux de radiations mortels, la pluie noire, les villages abandonnés, la terre souillée. Et surtout les gens, ceux qui ont survécu, ceux qui vivent avec la mort en embuscade dans leur chair, ceux qui voudraient revenir là où ils habitaient, et ceux qui gardent la vie vivante, si je puis m'exprimer ainsi. Vera et son accordéon, Vera et ses gestes souriants, et Yakov qui se souvient des jours qui ont suivi la catastrophe et ne sort plus guère de son lit, et Gouri qui met ses talents d'écrivain public au service des exilés, des survivants, Gouri le poète tellement nostalgique. Si Antoine Choplin raconte ce moment avec simplicité, en se « contentant » presque de relater ce qu'il observe des gens et du paysage, il sait nous faire ressentir ce sentiment d'abandon, de déréliction qui plane sur la zone. Mais il montre aussi que les mots qui disent, qui poétisent, qui relient les gens sont des traces d'humanité précieuses qui ne s'éteindront pas.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Jusqu'à présent, je ne connaissais aucun roman d'Antoine Choplin. Cette erreur est heureusement réparée. J'ai découvert "La nuit tombée" dans le cadre de ma formation de bibliothécaire bénévole, en préparant une fiche d'analyse comparative roman court/nouvelle.

"La nuit tombée" donc ! Gouri, le personnage principal, traverse de nuit la campagne ukrainienne sur sa moto. A celle-ci est accrochée une remorque… car il revient, il revient sur une vie ancienne, dans des lieux désertés, une zone sinistrée après le 26 avril 1986, il revient pour accomplir une mission… surtout ne pas aller plus loin pour dire, dire le choc d'une telle lecture, dire l'admiration d'une telle écriture.

L'auteur a l'art de raconter, de transmettre en peu de mots. Les phrases sont courtes, simples, elles percutent. Aucune ostentation pour dire les sentiments, les anciens amis restés sur place, la maladie latente ou profondément installée, tout ce qui suinte de la catastrophe. Pas de plaintes, pas de larmes, pas de cris. Tout est narré avec économie et pudeur : les lieux, les sentiments, les amis. Tout est narré à coups de vodka comme s'ils buvaient pour "faire passer", faire passer la douleur, faire passer les souvenirs, faire passer l'horreur, tout oublier.

J'ai pourtant envie de dire qu'Antoine Choplin fait de cette horreur un roman lumineux, empreint d'humanité, de tendresse, de solidarité. Il parle d'elle, de cette horreur, par suggestion : "Mais, tu vois, ce qui m'inquiète aujourd'hui, c'est ça. du menton, il désigne son bras couvert de pansements. Cette peau qui part en lambeaux…. Et les médecins, qu'est-ce qu'ils en disent ? demande Gouri. La main de Iakov se soulève de quelques centimètres et retombe sur le drap." le silence plutôt que les pleurs.
La narration est linéaire même si les souvenirs se mêlent au présent. Les silences succèdent aux dialogues comme pour au lecteur le temps de s'imprégner, de comprendre, de partager. Et à la fin "Gouri retrouve sa moto… Il met le moteur en marche."

Tout en retenue, ce roman est un véritable bijou de dignité.
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