Le cas du groupe de la Critical Review illustre le caractère complexe et stratégique de l’appropriation du savoir occidental en Chine, au début du vingtième siècle. Fondé en 1922 en réaction à l’iconoclasme du Mouvement de la nouvelle culture, le groupe est souvent considéré comme conservateur, une appellation pourtant empreinte d’ambiguïté. En effet, si le conservatisme indique l’attachement à la tradition, le groupe incarne l’esprit conservateur au vu de sa défense du confucianisme, devenu l’objet de nombreuses attaques ; si la disposition conservatrice implique le refus de l’occidentalisation, le groupe n’est pourtant pas moins occidentalisé que les iconoclastes, car ses membres se penchent sur le néo‑humanisme, une école de philosophie étatsunienne fondée par Irving Babbitt, pour justifier leur soutien au confucianisme.