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Magnifique roman qui raconte l histoire d une mère orpheline très tôt, adoptée pour servir de bonne et mariée trop tôt à un homme beaucoup plus vieux qu elle. Cette mère simple, menue, fragile, gardienne des traditions dans le maroc des années 30. Ce livre raconte le fulgurant changement de cette mère grâce à ses fils. Petit à petit des objets "magiques", radio, téléphone, vont entrer dans son quotidien de femme seule, le mari est souvent en déplacement et les fils à l école. Au début, ses fils pour ne pas la brusquer lui font croire que la radio fonctionne grâce à la magie, parce que parler d électricité serait trop brutal pour elle et de toute manière elle ne comprendrait pas. Comme une petite fille elle y croit, qu un homme, un magicien, habite la radio, elle lui donnera à manger, lui parlera. Ensuite par amour pour leur mère, ses fils vont petit à petit lui inculquer leur savoir, ce ne sera pas facile pour ses ados de retranscrire ce savoir en arabe mais ils y arrivent. Ils décident ensuite de la faire sortir de la maison, lui faire voir le monde, au début elle a peur, elle n ose pas parce que ça ne se fait pas et tout ça dans le dos du mari bien évidemment. Elle va apprécier cette liberté acquise que trop tardivement, elle devient insatiable, comme l aveugle qui recouvre la vue. Elle decide d aller à l école, plus rien ne l arrête. Elle prends tellement goût à sa nouvelle vie qu elle se met à transmettre son savoir à toutes les femmes qu elle côtoie, devient une féministe engagée au péril de sa vie. Elle se mêle de politique, elle veut changer le monde. C est un livre très bien écrit je regrette qu il ne soit pas plus connu. Lu après le livre d Albert Cohenle livre de ma mère, ce dernier m a paru très fade. Je préfère de loin cette histoire de deux fils qui par amour pour leur mère vont l affranchir et il est là le véritable amour.
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Ce livre restera pour moi comme un pont entre 2015 et 2016 et dans ma mémoire un pont jeté entre Orient et Occident et à sa parution entre tradition et modernité. Petit récit de 150 pages balancé en son milieu entre Etre et Avoir, les deux fortement imprégnés en filigrane d'un avoir tété omniprésent dans la narration. Et si ce n'est point l'été, ce souffle chaud exhalé du Maroc m'aura réchauffé le coeur.

Dans une famille aisée marocaine, fin des années trentes, deux frères vont s'unir pour sortir leur mère de son enfermement. La première partie, racontée par le plus jeune, est pleine d'humour avec l'apparition d'un magicien dans une boîte qui parle, poignante aussi, avec la découverte, à près de trente ans, des arbres, de l'herbe et d'un ruisseau durant cette première sortie hors de la maison. Après le départ du petit loustic pour la France, la seconde partie retraçant l'émancipation de cette femme et la conquête de sa liberté nous est narrée par Nagib, l'aîné, avec beaucoup de tendresse et en attirant aussi, avec autant de délicatesse, notre attention sur le déchirement du père vivant l'effondrement des traditions sur lesquelles il avait bâti sa vie.

Par une triple mise en parallèle de la sortie de la seconde guerre mondiale, de la sortie du Maroc du concordat sous la tutelle de la France et de la prise en main de sa propre destinée par cette mère admirable, Driss Chraïbi nous invite à nous interroger sur les efforts, risques et renoncements nécessaires pour acquérir notre affranchissement. Sous un faux ton de légèreté, passé la distanciation d'un humour très présent, au-delà même de l'amour filial il y a beaucoup de profondeur et une main tendue à trouver des réponses aux questions que nous devrions nous poser.

Ainsi devrait se terminer ma chronique dans le ton léger, loin de tout pathos, propre à ce petit livre plein d'humanité et de bon sens. Hélas ! Quelques barbus disséminés s'arrogent le droit par l'usage des armes de vouloir nous faire faire le chemin à l'envers et reconduire les femmes à l'enclos, sous le joug. L'Histoire nous prouve que les hommes apportent l'amer, alors que, depuis toujours, chaque femme porte la mère. Lisez ce livre, car l'hiver est en train d'arriver ! Au moins vous mesdames, lisez-le et exercez ce qu'il vous reste temporairement de liberté, car le sang qui a commencé à couler est le vôtre à n'en point douter et encore et toujours sans qu'ils ne vous aient rien demandé. De Barbarie, je me souviens que ma grand-mère, qui endura deux guerres mondiales, n'aimait rien d'autre que les figues...
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Livre très drôle dans sa première partie où la mère découvre peu à peu la civilisation grâce à ses deux fils. Il y a dans ce roman des scènes d'anthologie sur l'utilisation du téléphone, l'apparition de l'électricité dans la maison ainsi que du "génie" de la télé à qui elle porte un repas chaque soir, pensant que le monsieur de la télé le mange !
Dans la seconde partie du livre, c'est à une femme libérée et cultivée qu'on a à faire, mais une femme qui est aussi consciente de tout ce qu'elle a raté dans sa jeunesse. Très beau portrait d'une mère marocaine.
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Pourquoi n'avais-je jamais vu ce livre ? pourquoi ne l'ai-je découvert qu'au hasard du commentaire d'une copine. C'est une merveille, grâce à cette délicieuse dame qui donne tous les soirs à dîner...au magicien qui parle dans son poste de radio, qui utilise la cuisnière comme coffret à maquillage, qui trouve génial le système qu'on a inventé pour suspendre les fers à repasser par la prise et par le fil... Lu un bon quart du livre en me disant : "Mon Dieu, mon Dieu, faites qu'il ne finisse jamais. C'est trop bien"
Dommage, la seconde partie est plus convenue
Que tous ceux qui ne l'ont pas lu l'achètent immédiatement. C'est trop poétique, c'est trop beau...Nous aurions tous aimé avoir cette mère, nous aurions toutes voulu avoir ses fils
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Deux fils racontent leur mère découvrant l'écrit, le monde extérieur, la modernité… après être restée longtemps recluse dans la maison d'un homme, ni méchant, ni despote, mais ancré dans la tradition. La femme se libère peu à peu des préjugés et de l'ignorance… Tout en restant simple et drôle, elle s'intéresse au combat pour l'indépendance, adhère aux mouvements de libération des femmes et milite en faveur du Tiers monde… le parcours de cette femme est tout un symbole. Un livre imprégné des idées libératrices des années 1960-1970.
Lien : http://www.bibliomonde.com/l..
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Je me suis longtemps interrogée sur le titre et sur sa signification. Elle vient assez vite, la mère de deux garçons qui a été maintenue toute sa vie de l'ignorance, redécouvre la vie par ses deux fils. Petit à petit, ils lui font connaitre la technologie de l'époque (dans les années 40) avec l'arrivée chez eux de l'électricité, de la radio, le téléphone... Chaque nouvel objet est l'occasion d'incompréhensions, d'étonnements de la part de la mère. On sent beaucoup d'amour et de tendresse des deux garçons pour leur mère. Dans la seconde partie, racontée par l'ainé, elle s'émancipe, elle a découvert la liberté et elle y a pris goût ! J'ai eu du mal avec les premières tournures de phrases mais j'ai beaucoup aimé ce texte-hommage sur les femmes marocaines, qui n'étaient que peu considérées à l'époque. Un peu d'amour et d'égards peuvent amener beaucoup. La transformation de cette femme est spectaculaire, un papillon qui sort de sa chrysalide.
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Le roman "La civilisation, ma Mère !.." de Driss Chraïbi m'a plus et m'a beaucoup intéressé par de nombreux aspects.

Tout d'abord, j'ai trouvé le personnage de la mère très attachant. Suivre son évolution au cours de l'histoire permet de se rendre compte des multiples facettes que peuvent animer une seule personne. de plus, son ouverture au monde et sa "seconde naissance" montre l'importance du savoir, de la liberté et de l'ouverture au monde. le personnage de Nagib m'a aussi fait sourire à plusieurs reprises par son esprit engagé et toujours de bonne humeur. Pour ce qui en est du père, l'attachement a été plus long puisque il a subit un grand changement avec l'ouverture de sa femme. le narrateur de la première partie du livre m'a laissé quand à lui plus en retrait. En effet, je l'ai trouvé plus subjectif que Nagib dans l'évocation de l'histoire de sa mère. J'ai trouvais ses interventions dans l'histoire plutôt rares.

Ce roman m'a aussi fait ressentir plusieurs émotions. En premier lieu, j'ai apprécié le ton humoristique employé dans cette histoire engagée. Les passages qui m'ont le plus amusé étaient ceux où la mère découvrait la radio et apprenait à se servir du téléphone : "Tu veux dire qu'un magicien va venir et animer cette grande boite ?". En second lieu, j'ai ressenti de l'admiration pour cette mère qui s'est ouverte et a lutté de tout son être contre les guerres et l'absence de liberté des femmes. le passage où elle parle au soldat est selon moi le plus beau passage du livre puisqu'il montre la volonté de tous les Hommes confondus d'être libre et surtout égaux. J'ai aussi éprouvé du dégout et de l'indignation pour les maris des amies à la mère. Ces hommes puérils et égoïstes qui n'arrivaient pas à comprendre l'importance des femmes m'ont révolté. Pour finir, j'ai ressenti de la joie, quand tous les efforts de la mère ont aboutis à sa délivrance complète et à sa renaissance.

J'ai trouvé le style de l'auteur facilement accessible même si il y a l'utilisation d'un langage plutôt recherché dans certains passages. L'histoire est également facilement compréhensible.

Ce roman m'a permis d'approfondir mes connaissances sur les conditions de vies au Maroc pendant la colonisation du pays mais aussi sur la vie restreinte des femmes dans ce pays où elles sont considérées dans tous les domaines comme inférieures aux hommes.

Ces connaissances ont entrainé une réflexion sur la condition et les stéréotypes auxquelles les femmes sont soumises depuis toujours. J'ai aussi réfléchi à l'égalité inexistante entre tous les Hommes.

J'ai trouvé ce livre intéressant et aussi important. Mon intérêt s'est porté sur le fait que ce livre engendre des réflexions sur plusieurs sujets. Je l'ai aussi trouvé important car les problèmes d'égalité existent encore et que je trouve important d'avoir des livres engagés comme celui-ci qui permettent de réfléchir et de se pencher sur les problèmes pour pouvoir peut-être enfin les élucider.

Pour l'ensemble de ces raisons, je conseille vivement ce livre, autant aux personnes qui aiment s'évader qu'à celles qui préfèrent s'instruire.
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C'est une déclaration d'amour de deux fils à leur mère.

Une mère, orpheline, épousée à treize ans, inculte, pétrie d 'habitudes et de superstitions , enfermée dans sa maison... Cette mère, ses deux fils auraient pu l'ignorer, se moquer d'elle et la laisser dans son univers, ils vont choisir une autre voie. Ils vont sortir leur mère, en cachette du père, lui montrer la ville, la vie, lui apprendre à lire et lui offrir la possibilité de devenir adulte, de grandir. Elle va s'emparer de tout ce qu'elle pourra avec ferveur, changer, s'instruire, s'émanciper au-delà de ce que l'on aurait pu imaginer.

C'est un très joli roman, plein de tendresse envers cette mère-enfant, rempli d'espoir et qui ouvre les portes pour une place différente pour les femmes.

Un auteur vers qui je reviendrai.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Le pitch, comme on dit: Une mère marocaine s'émancipe, portée par l'amour de ses fils.
Les dernières pages du roman font pourtant douter du programme... Qu' elle s'émancipe comme femme, peut-être. Mais les hommes qui l'entourent ne lui laissent pas oublier qu'elle est mère à jamais: alors qu'elle décide de larguer les amarres pour découvrir le monde, elle s'aperçoit que son fils s'est invité dans ses bagages et a bien l'intention de lui servir de chaperon.
Chraïbi veut nous vendre ça pour de l'amour filial.
C'est une façon de voir les choses.
En réalité, je n'ai pas attendu les dernières pages du roman pour m'agacer. J'aime les personnages, pas les symboles.
J'ai donc beaucoup aimé la femme décrite dans les 50 premières pages, celle qui tond les moutons avec plus d'empirisme que de compétence, celle qui apprivoise les fers à repasser et se plaint que son fils la salue en français.
Mais ensuite, le roman vire à l'apologue. le personnage s'éclipse et ne reste que le porte-drapeau-de-l'émancipation-de-la-femme-nord-africaine. Nettement moins chaleureuse, beaucoup plus convenue... Et sous la fantaisie, voilà que pointe -hélas!- l'allégorie.
Un exemple parmi beaucoup d'autres: l'héroïne entreprend de tracer la carte du monde pacifique et, petit à petit, elle découpe tous les territoires belliqueux jusqu'à ne plus rien posséder que le pôle sud.
C'est typiquement le genre de scène qui me fait grimper aux rideaux. de quoi veut-on me convaincre? Que la guerre c'est mal? Des fois que l'information ne me serait pas encore parvenue?
Je ne pense pas qu'une femme de chair et d'os se soit jamais amusée à un tel jeu et si l'épisode est vrai, alors l'auteur n'a rien fait pour le rendre vraisemblable.
Et puis c'est une vieille règle connue au moins depuis "Candide": si c'est un apologue qu'on veut écrire et non pas un roman, il faut qu'il soit sec comme un coup de trique et renonce au pathos.
Mais c'est de ma faute. J'aurais dû savoir qu'un livre avec majuscule à Civilisation et majuscule à Mère allait me tomber des mains.
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Deux fils racontent leur mère avec une tendresse et une vénération infinies, dans le Maroc des années 1930. Femme forte, fidèle et fragile à la fois, gardienne des traditions ancestrales délivrées par son éducation morale et religieuse strictes, cette mère aimante et aimée transmettait – sans le savoir – son sens de la vie à ses enfants. Vivant dans un monde à elle, créé pour elle et par elle seule, cette femme omettait ce qui se passait à l'extérieur, refusant presque la civilisation pour se protéger d'éventuels démons. Son univers clos était une enceinte infranchissable et immuable dans laquelle le temps semblait s'être arrêté. Elle vivait ainsi, à son rythme lent, infini, nonchalant, mesuré. Elle refusait même obstinément que la violence des Hommes et des civilisations, et la souffrance n'entrent dans son milieu, viennent perturber cet équilibre construit au fil du temps.

Et comme cette femme dédaignait le modernisme, c'est lui qui se rendra à elle. Par la grâce de la radio et de la fée électricité !
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
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