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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Paris, 30 avril 2013. Un homme roule dans la ville, prend le périph, arrive en banlieue et trouve une rue tranquille, à Saint-Ouen, tout près de la déchetterie et de la fourrière. C'est cet endroit qu'il a choisi pour garer sa Xantia et mettre fin à ses jours en se plantant dans le coeur le couteau qu'il vient d'acheter. Il a choisi la veille des défilés du 1er mai, où en tant que syndicaliste il aurait figuré en bonne place, pour en finir avec une vie qui ne lui convenait plus. Pourtant, il n'était pas seul, il avait des amis. La preuve : sur son portable les SMS affluent, on l'invite à des fêtes, on s'inquiète de savoir ce qu'il fait, on déplore son silence.
Ce même jour, Parfait sillonne le Xè arrondissement de Paris au volant de son camion-poubelle. Il a hâte que s'achève cette journée de travail et s'impatiente de la lenteur de ses "ripeurs". Ce soir, il sera Montrouge dans la salle du Chic Club et connaîtra son heure de gloire. Il a tout prévu, une tenue inédite et hors du commun, des accessoires plus que parfaits, dont un boy blanc qui tiendra une ombrelle au-dessus de sa tête et une arrivée en Rolls! C'est sûr, il va vaincre et réduire à néant les efforts de tous les autres sapeurs de la soirée. Il aimerait que son pote syndicaliste soit là pour voir ça mais ses SMS restent sans réponse...
Pour Barbara, la journée est longue aussi. Sur ses rollers, elle parcourt la capitale pour écouler le contenu de son "gloryfier", un panier d'ouvreuse de cinéma qu'elle porte autour de la taille et qui contient des souvenirs de Paris en tout genre, gadgets, briquets, lingettes désinfectantes, crèmes solaires, etc. Entre un aller-retour à Aubervilliers pour refaire le plein de marchandises, une conférence à la prestigieuse ESCP (Ecole Supérieure de Commerce de Paris), Barbara patine et vend en rêvant d'un brillant avenir, une franchise à son nom et des équipes de vendeurs en rollers dans toutes les rues de la capitale. Elle réussira, c'est certain, et elle ne sera pas seule, son amoureuse, future réalisatrice, sera à ses côtés et elles formeront un couple riche et heureux. En attendant, les affaires marchent bien, son gloryfier se vide et quand certains clients la prennent de haut parce qu'elle est chinoise, elle s'en amuse, comme ce frimeur de chauffeur de camion-poubelle black qui lui a acheté un briquet érotique et qu'elle a gentiment insulté dans sa langue maternelle.


Une journée particulière dans la vie de trois personnages qu'on a l'habitude de croiser sans vraiment les voir, un syndicaliste déprimé, un éboueur congolais et une vendeuse ambulante chinoise. Une écriture brillante, poétique, imagée qui donne l'impression de visionner trois court-métrages. Terrassé par la vie comme le premier ou conquérants comme les deux autres, on les suit dans un Paris accablé de chaleur pour un voyage au coeur de leurs pensées.
Frédéric Ciriez manie la plume avec brio et ne recule devant aucun détail pour nous mener dans l'intimité de ses personnages. En Xantia, en camion-poubelle, en Rolls, à rollers ou en bus, on découvre un Paris magnifié par une écriture moderne et nerveuse et ce sont des mondes inconnus qui s'ouvrent à nous : les errances du syndicaliste, inspecteur du travail, conseiller en insertion, malheureux avec les femmes; les sapeurs congolais qui vivent et respirent pour le Vêtement, se rencontrent lors de soirées prévues pour se mesurer, se défier, par le costume et par les mots; les vendeurs ambulants, la fatigue, les meilleurs coins, les clients difficiles, les techniques de vente.
Un roman saisissant, surprenant et tendre, à lire.
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À rollers, en camion-poubelle ou en Xantia, trois vies, trois trajectoires dans Paris à la veille d'un 1er Mai. Deux hommes et une femme circulent dans les rues de la capitale, se croisant parfois, jusqu'au bout de la nuit. Trois trajectoires d'un soir, qui nous font remonter parfois quelques heures, quelques jours, quelques années auparavant.

On commence d'abord par un syndicaliste au bord du suicide, dans sa Xantia abandonnée près d'une fourrière. Puis nous découvrons un de ses amis, Parfait de Paris, conducteur de camion-poubelle à ses heures, mais le meilleur "sapeur" de la capitale, digne de l'élégance des grandes soirées parisiennes d'antan. Avant de se rendre au grand gala de l'Amicale des travailleurs congolais d'Ile de France, "la seule association de travailleurs qui préfèrent bien s'habiller que travailler.", il achète un briquet un peu spécial à une Chinoise vendeuse de briquets, circulant à roller. Cette dernière n'a plus grand chose de chinois, elle se contente de mettre en application ce qu'elle apprend dans son école de commerce très cotée …

Le plus intéressant étant de découvrir l'univers de la sape, comme l'a fait l'auteur lui-même (voir son interview), où transparaît une esthétique de vie, sorte de dandysme noir visant à imiter et dépasser les maîtres, comme une réaction au colonialisme. Des dandys qui ont un désir de perfection dans l'être, le paraître mais également le dire puisque les soirées comportent des joutes verbales où ils peuvent exposer leur maîtrise de la langue …

Violence sociale, violence économique, violence culturelle : les trois personnages choisis par l'auteur ne sont pas anodins, issus de son expérience personnelle. Ils illustrent trois aspects de la France d'aujourd'hui, en particulier le combat et le paraître, mais nous le fait voir d'une manière différente …

Avec une langue incarnée, généreuse et imagée, Frédéric Ciriez nous plonge au coeur d'un mélo, sorte de lamentation qui émane de Paris ce soir-là, électrisée par le jour férié du lendemain. Ode à la ville, ode à ses habitants, ode à trois personnalités banales et pourtant dignes d'intérêt car se mettant en scène, Mélo est un roman atypique qui m'a surprise et séduite alors que j'ai eu du mal à l'accrocher de prime abord, ayant été submergée par les centaines de détails – ce que je ne supporte pas habituellement dans les romans, mais pour le coup, ici la langue permet de le rendre supportable – qui finalement donnent tout leur charme au texte.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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« Mélo », c'est trois destins d'antihéros oubliés de la société, tous solitaires : il y a le syndicaliste désabusé et suicidaire ; le Parfait de Paris, un noir éboueur le jour et sapeur la nuit (non pas pompier mais fringueur) et Barbara, la jeune et jolie chinoise gay, marchande ambulante en roller et qui est « en règle(s) ». Trois destins banals, donc, qui se croisent à peine, mais décrits dans une jolie langue imagée, métaphorique, stylistique et rythmée avec des traversées d'un Paris visuel et olfactif. Trois récits pour le prix d'un, dit ma libraire. Résignation, passion, rêve… C'est original, c'est beau et très agréable à lire.
Lien : http://leoalu2.blogspot.com
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