Le sous-marin bordel "Le Fascinant" mouille dans les eaux de Paimpol. A son bord, l'employé Beau-Vestiaire nous fait visiter les lieux et nous présente les personnages putains à travers les pages de son carnet de bord. L'ensemble du roman est clairement parodique : on y imite l'enquête sociologique, on y grimace des poses savantes et l'on joue sur les clichés-fantasmes attachés aux prostitués. Libre au client de s'y laisser prendre et au lecteur attentif d'en apprécier la charge ironique. Quoi qu'il en soit, ces lieux (entre bordel vulgaro-luxueux et décor de carton-pâte) récèlent une enivrante force évocatoire, dominés par la figure tutélaire de Patrick Dewaere. Autre intérêt de ce livre : les exercices de style raturés dont le tapageur est pleinement assumé, puisqu'il est aussi criard et aussi peu incongru que de la moumoute léopard dans un lupanar de Province.
Bref, ce livre est original, drôle et surtout il n'est pas écrit à la truelle comme la plupart des romans qui étaient sortis lors de cette rentrée littéraire 2008. Alors, franchement, quand je lis des critiques comme "c'est pas un roman car il ne propose pas la moindre intrigue au lecteur. En clair, il ne se passe rien dans ce bouquin", et bien, je 'esclaffe...
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Une très belle réussite que ce roman qui expose l'histoire d'un sous-marin militaire reconverti en lupanar légal en baie de Paimpol. Une exploration drôle, malicieuse du lieu et un examen sans cynisme d'une faune pour le moins bigarrée. C'était absolument savoureux!
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C'est l'histoire d'un sous-marin-bordel, vue depuis le jeune "vestiaire" qui donne parfois la parole aux "filles". Eh bien, il ne suffit pas de vouloir choquer pour parvenir à tirer quoi que ce soit du lecteur. Personnellement, cette lecture m'a énervée, agacée : l'auteur ne fait que s'écouter, c'est plein de poses et ça en devient franchement conventionnel... Même l'écriture ne présente qu'un intérêt limité, et encore c'est grâce à elle que je mets une étoile, et non zéro...
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La fièvre sexuelle d'un pays et d'une cité ne se décrète pas. Et même si la liberté de se prostituer se meut doucement dans l'anse de Kérarzic, il n'y a encore personne sur le parking du bordel, personne, sinon, troublante comme une apparition, chaque fois, chaque nuit depuis deux ans, la ligne pure du sous-marin scintillant sous ses néons rose marine : O-L-A-I-M-P... six lettres virginales à caresser comme une chimère.
Les Olaimpiennes, quand elles ont des enfants, tiennent leur progéniture à distance du lieu de leur sexualité continuelle, autant pour leur fournir une éducation sans stigmates que pour leur offrir, à terme, des études supérieures de qualité équivalente à celle des enfants de socialistes.
Cet été-là, le parfum du sexe de la mer s'était révélé au sens olfactif des habitants du Goëlo avec une évidence tragique proche de la nausée. Ou de l'extase.
Pour connaître un objet, interrogeons son mode d'existence
FRÉDÉRIC CIRIEZ – RÉCITS B
Rencontre animée par Alain Nicolas
Paimpol, Paris, Alger … La dérive de deux anciens amis se retrouvant sur une voie ferrée ; l'arrivée de supportrices au charme explosif décidées à illuminer le Stade de France ; la bande-annonce d'un film fantastique sur fond de black metal algérois ; un apéritif au champagne sur le toit de la porte Saint-Denis ; le surgissement théâtral de Frantz Fanon ; l'éternel retour d'une auto-stoppeuse dans un virage, la nuit, jusqu'aux appels téléphoniques intempestifs parasitant l'auteur en train de concevoir ce recueil résolument beau et bizarre.
Treize nouvelles à découvrir comme autant de récits B où Frédéric Ciriez multiplie les pistes de son imaginaire : la fantaisie, l'humour et le mélo, aux accents noirs et parfois érotiques. Treize ans après Des néons sous la mer, il invente une forme saisissante et circulaire qui nous plonge dans les confins oniriques de la réalité.
À lire – Frédéric Ciriez, Récits B, coll. « Verticales », Gallimard, 2021.
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