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EAN : 9782707198907
240 pages
La Découverte (17/09/2020)
4.08/5   19 notes
Résumé :
Le nom de Frantz Fanon (1925-1961), écrivain, psychiatre et penseur révolutionnaire martiniquais, est indissociable de la guerre d’indépendance algérienne et des luttes anticoloniales du XXe siècle. Mais qui était vraiment cet homme au destin fulgurant ?
Nous le découvrons ici à Rome, en août 1961, lors de sa légendaire et mystérieuse rencontre avec Jean-Paul Sartre, qui a accepté de préfacer Les Damnés de la terre, son explosif essai à valeur de manifeste an... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
En août 1961, Frantz Fanon rencontre Jean-Paul Sartre, en compagnie de Simone de Beauvoir et de Claude Lanzmann. Ces trois journées d'intense discussion servent de prétexte à cette biographie dessinée. Fanon revient sur son parcours de psychiatre, son engagement dans la guerre d'indépendance algérienne et les luttes anticoloniales en général, deux sujets extrêmement liés. Plongée en image au coeur de sa pensée.
(...)
Romain Lamy met en scène (et en bulles) avec brio et beaucoup de chaleur, les dialogues écrits par Frédéric Ciriez, toujours très justes, vivants et savamment nourris sans jamais pécher par excès de didactisme. Certains de moments de rêves, traités de façon déstructurés, tranchent, comme il se doit, avec le réalisme général. Tous deux réussissent à nous faire partager l'intimité de ce huis-clos. Excellente immersion dans l'oeuvre, le parcours et la pensée de Frantz Fanon, presque comme si lui-même se livrait à nous.

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Frantz Fanon...mais oui bien sûr ! Ce médecin psychiatre ayant joué un rôle considérable au sein du FLN ! Où l'avais-je rencontré hormis dans les rayons de ma bibliothèque de quartier? Dans les Mémoires de Simone de Beauvoir bien sûr !
Les biographies en bande dessinée, ce n'est pas très courant, mais c'est très agréable. D'autant plus lorsque l'on retrouve le couple phare du XXème siècle Beauvoir - Sartre.
Il n'était pas facile de condenser cette vie intense de Frantz Fanon, entre son enfance en Martinique, ses études à Lyon, son engagement dans la seconde Guerre Mondiale, ses avancées dans la psychiatrie en Algérie et ailleurs (il était l'un des rares de son temps à croire en la socialthérapie) et son engagement en faveur d'une lutte armée pour l'indépendance de l'Algérie.
Les questionnements de ce type sont soulevés avec délicatesse et franchise. En outre, les diverses positions de Sartre, Lanzman et Beauvoir, ses interlocuteurs, sont finement distillées au sein de l'oeuvre.
Les graphismes sont simples mais très évocateurs. j'ai apprécié en particulier de retrouver les visages familiers de Sartre et Beauvoir sans pour autant entrer dans les détails : on a l'impression de les reconnaître de loin et seules les émotions sont bien visibles.
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« Détruire une personnalité malade pour construire une personnalité aussi libre que possible, de nouveau socialisée, capable de choix, d'affirmation, de refus,… bref, d'autonomie » (p.153). Cette phrase par laquelle, dans la bande dessinée, Frantz Fanon décrit aussi bien l'exigence de sa pratique psychiatrique que son projet politique de désaliénation des colonisés définit parfaitement la complexité d'une vie et d'une oeuvre mêlant sans cesse l'horizon médical au combat pour la libération des peuples dominés. le Frantz Fanon, écrit par Frédéric Ciriez (dont on connait le joyeux talent de romancier !) et dessiné en lignes claires d'une grande finesse par Romain Lamy, tout juste paru à La Découverte, constitue le meilleur des hommages au destin fulgurant et à la réflexion radicale du penseur révolutionnaire. En août 1961, alors qu'il est déjà gravement atteint par la leucémie et ne survivra plus que quelques mois, Frantz Fanon débarque à Rome, où il vient demander à Jean-Paul Sartre, qui séjourne alors dans la ville en compagnie de Simone de Beauvoir et de Claude Lantzmann, une préface pour Les Damnés de la Terre, dont la parution est imminente chez Maspero. La bande dessinée nous offre le compte-rendu, particulièrement vivant et nourri des idées brillantes des deux interlocuteurs, de ces trois jours de rencontre. Frantz Fanon défend sa pensée comme il raconte sa vie, évoque son parcours heurté de médecin psychiatre, ses difficultés à imposer ses pratiques nouvelles dans un milieu médical qui lui est souvent d'autant plus hostile quand il n'aime pas la couleur de sa peau. Il déploie surtout les idées qu'il a développé dans Peau noire, masques blancs (1952) et celles qui tissent l'argumentation du nouveau livre, Les Damnés de la Terre, cri de colère contre l'exploitation de tous les dominés de la planète et puissant manifeste anticapitaliste. Il fustige devant Sartre la notion de « négritude », et s'il admire la poésie de Senghor et Césaire, condamne leur trop facile acceptation d'une certaine non-violence. le ton du dialogue entre les deux penseurs tient souvent de la joute intellectuelle passionnée, parfois peu amène, voire brutale, mais le respect et l'admiration réciproque l'emportent, et Fanon peut confier, rassuré, la rédaction de la préface souhaitée à Sartre. « Fascinant ! de la psychiatrie à la lutte pour l'indépendance, Fanon envisage la révolution comme un soin » (p.32), commente intérieurement à un moment Simone de Beauvoir, spectatrice engagée dans l'échange, et elle résume peut-être ainsi au mieux toute le moteur de la théorie du psychiatre militant révolutionnaire, dans son désir de soigner le monde et l'humanité si gangrénés par des siècles de racisme et de colonialisme. A l'heure du retour en force des problèmes d'identité et de la question de la légitimité de la parole dans les débats, à l'heure de Black Lives Matter et de la découverte de la prégnance de l'empreinte coloniale, toujours si insidieusement active dans notre réalité, la BD de Frédéric Ciriez et Romain Lamy est bienvenue, qui redonne à cette voix de Fanon (et accessoirement à celle de Sartre, parfois si injustement décriée, au profit de celle de Camus, dans l'oubli du contexte de l'époque) toute sa puissance. Merci à l'auteur et à l'illustrateur de l'avoir si brillamment ressuscitée !
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Partant de la rencontre romaine entre Frantz Fanon d'un côté, et Jean-Paul Sarte, Simone de Beauvoir et Claude Lanzmann de l'autre, les auteurs imaginent un weekend durant lequel le psychiatre révolutionnaire va conter sa vie.

Le procédé permet de brosser tout le parcours politique de Fanon, mais aussi et dans de très larges parts, son parcours médical.
La présentation chronologique des événements est claire, même si le déroulé de ces discussions ininterrompues est bien sûr peu crédible.

Il s'agit là d'une bonne introduction à la pensée fanonienne. La documentation est dense et les extraits de textes (discours, lettres, articles, livres) sont nombreux et pertinents. de fameuses phrases de Fanon sont insérées dans les pages, comme celle sur le combat final du colonisé contre le colon.

Si j'ai d'abord tiqué à la vision de panthères noires sur des drapeaux blancs dans une case - me préparant à dénoncer un anachronisme -, j'ai calmé mes ardeurs à la lecture complète de celle-ci et y ai plutôt vu un astucieux clin d'oeil.
En effet les Black Panthers demandaient à leurs aspirant.e.s de s'acquitter de la lecture de deux ouvrages : l'autobiographie de Malcolm X et Les damnés de la terre de Frantz Fanon.

La rencontre romaine avait parmi ses buts la discussion autour de la préface de Sartre, souhaitée par Fanon, de son livre à la sortie imminente, son futur testament politique : Les damnés de la terre. Préface il y aura et elle est restée célèbre pour sa violence, au final bien plus importante que le texte de Fanon. "À défaut d'autres armes, la patience du couteau suffira".

Rayon déceptions :
- Je n'ai pas du tout aimé le dessin, même si j'ai fini par m'y habituer. Pour une BD c'est quand même important.
- le prix. Certes c'est une grosse BD, mais difficile d'imaginer qu'un tel objet puisse grossir substantiellement les rangs fanonnistes. Mais est-ce le but ? À qui ce livre est-il destiné ? En tout cas demandez à vos bibliothèques de l'acquérir !
- le fait que les dernières cases soient consacrées au duo germanopratin. Même si les derniers phylactères sont forts, et que la double page suivant se résume à une citation de Fanon, finir par Sartre n'emporte pas mon adhésion.

Au final ? Un livre important, à faire lire au plus grand nombre.

Lu parce que Frantz Fanon, tout simplement.
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Abordons tout de suite ce qui pourrait diviser : le trait graphique. Je ne suis pas parvenue à l'apprécier, et il m'a perturbée dans ma lecture. Cet aspect-là est hautement subjectif.
Malheureusement, le dessin ne permet pas non d'apporter des information complémentaires ou des éléments de compréhension du texte, qui reste d'une certaine façon le moteur essentiel de ce roman graphique.

Pour ce qui est du contenu, il s'agit d'une excellente introduction à la pensée et à la vie de Frantz Fanon, surtout concernant les Damnés de la Terre et son engagement envers l'indépendance de l'Algérie, sans faire fi néanmoins des parts d'ombres et des contradictions de son histoire. Excellente introduction, mais ardue cependant, tant dans le langage employé que dans la multiplicité des personnages qui sont évoqués. Il faudra s'armer de patience dans la lecture, et peut-être ne pas tout comprendre parfaitement du premier coup. Surtout que tout le contenu est introduit sous une forme d'une discussion, sans gros ressort narratif pour dynamiser la lecture, le dispositif finissant par être un peu usé, à force.

On se demande, du coup, si cette BD pourra trouver son public en dehors des personnes déjà intéressées par la thématique de la décolonisation. Mais, ce qui est certain, c'est que cela m'aura donné très envie de lire Les Damnés de la Terre.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
La désaliénation de l’individu passe par la prise en considération de son univers social et culturel de référence.
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"Roger,

Ce que je veux vous dire c'est que la mort elle est toujours avec nous et l'important n'est pas de savoir si l'on peut l'éviter, mais si l'on fait pour les idées qui sont les siennes le maximum. Ce qui me choque ici dans ce lit, au moment où je sens mes forces s'en aller, ce n'est pas de mourir, mais de mourir à Washington de leucémie aiguë, alors que j'aurais pu mourir, il y a trois mois, face à l'ennemi, puisque je savais que j'avais cette maladie. Nous ne sommes rien sur cette terre si nous ne sommes d'abord les esclaves d'une cause, de la cause des peuples, la cause de la justice et de la liberté."

Lettre à son ami Roger Taieb.
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Si vous ne prenez pas en compte la négation politique et sociale dont sont victimes ces nord-africains qui vivent dans des taudis et crèvent de solitude, comment voulez-vous comprendre quoi que ce soit à la souffrance muette de leur chair ? Ils sont les victimes de la ségrégation et de l’indifférence, pas les « primitifs » sales et lubriques que veut encore voir en eux la plus archaïque des psychiatries.
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FANON - Vos réflexions sur la question juive m'ont aussi beaucoup marqué. Si c'est le regard d'autrui qui fait le Juif, c'est bien le regard du Blanc qui fait le Noir.
SARTRE - C'est malheureusement cela... À l'inverse, "Peau noire, masques blancs" peut être lu comme vos propres "Réflexion sur la question noire".
FANON - Oui. À ceci près que je suis Noir et que vous n'êtes pas Juif.
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Écrire est certainement la plus belle découverte, car cela permet à l’homme de se souvenir, d’exposer dans l’ordre ce qui s’est passé et surtout de communiquer avec les autres, même absents.
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Treize nouvelles à découvrir comme autant de récits B où Frédéric Ciriez multiplie les pistes de son imaginaire : la fantaisie, l'humour et le mélo, aux accents noirs et parfois érotiques. Treize ans après Des néons sous la mer, il invente une forme saisissante et circulaire qui nous plonge dans les confins oniriques de la réalité.

À lire – Frédéric Ciriez, Récits B, coll. « Verticales », Gallimard, 2021.
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