Technologies de l'enchantement. Pour une histoire multidisciplinaire de l'illusion

Le recueil a pour objet de s'intéresser à l'illusion en partant de l'existence contemporaine des fake news et des jeux vidéos. Mais il "semble" que la diversité du sujet mène à une synthèse elle-même "illusoire", comme, d'une certaine manière, le titre l'indiquait en quelque sorte : l'illusion, est-ce la même chose que l'enchantement ? qu'est-ce qu'une technologie de l'enchantement ? le mot technologie n'est-il pas lui-même une emphase par rapport au mot "technique" ?...

En effet, l'illusion, dans ce texte, est celle du prestidigitateur de rue et du rêve-réalité de Descartes, de tel tableau de Bosch, mais aussi de "la religion", des jeux vidéos, des attaques de drones pilotées par ordinateur, du marketing ou encore des jardins à la française. Le tout ressemblerait plutôt à un jardin à l'anglaise : au naturel, avec plein de découvertes inattendues, mais touffu.

Car c'est finalement une réflexion sur la réalité qui est posée quand on s'interroge sur l'illusion. L'introduction l'évoque rapidement : "nous baignons constamment dans les illusions". Ah. Mais alors comment s'aggriper aux rivages de la réalité ? La réflexion devrait être philosophique plutôt que rhapsodique. Etrangement, il n'est pas question de l'illusion de la lecture dans cet ouvrage : et les romans alors ? ne provoquent-ils pas une illusion ? Et les méditations littéraires de Descartes ne sont-elles pas un argumentaire artificiel qui crée l'illusion... pour atteindre la réalité ?...

Donc on n'apprend pas grand chose de cet ouvrage, sinon que tout est illusion et donc tout est vérité et donc chacun se débrouille en se demandant si le prestidigitateur de rue a conscience que ce qu'il fait ressemble étrangement aux meurtres des drones tueurs - et si, du fait que vos invités vont se bercer d'illusions toute la soirée en parlant de la fin du grand capital, il ne serait pas judicieux, pour ne pas désactiver leur rêverie, de décrocher cette aquarelle de bord de mer que vous leur mettez sous le nez dès leur entrée dans le vestibule.

C'est le problème de ces termes qui tournent autour de l'illusion, du faux, de la manipulation : on se donne l'impression de dire la vérité en les dénonçant, mais les fondements de la manipulation consistent aussi à dénoncer ce que l'on fait soi-même (Oh ! regardez un papillon qui vole ! dit le voleur de bourse...) Mais pourquoi les auteurs n'ont-ils pas songé à fixer les règles de "désillusion" de leur ouvrage histoire de s'assurer qu'il n'y avait pas récit trompeur et illusions ? (ce qui aurait éviter d'en créer chez le lecteur potentiel)