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EAN : 9782377293001
176 pages
Libertalia (06/10/2023)
4.26/5   38 notes
Résumé :
Gymnastique des confins.

« Cette déambulation littéraire, politique et géographique navigue entre l’essai, le récit de voyage et le journal. Elle parle d’Inde et du Rojava, de romans, de prison et de broderie, de tropiques et de subsistance, de folie, de décroissance et de rêves.
Des vaches et des écureuils tigrés s’y promènent en toute liberté au milieu de réflexions sur l’activisme politique. Elle mélange allègrement les genres. J’espère qu’e... >Voir plus
Que lire après Alors nous irons trouver la beauté ailleursVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je lis Corinne Morel Darleux comme j'écouterais une bonne copine, toujours heureux de la revoir, quatre ans après Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce. Elle parle de tout et de rien. Elle me raconte ses voyages, ses combats, ses inquiétudes écologiques.
En Inde, elle a gagné un lieu où se retirer en silence, qui n'appartient et ne dépend que de soi, où il est possible de rêver plus loin. Ce retrait est couplé à des rencontres avec des mouvements paysans et des collectifs de villageoises autogérés. L'auteure mélange les genres, chemine au cours d'une déambulation littéraire, politique et géographique. Sa valise est remplie de livres qu'elle cite abondamment, toujours en écho de ce qu'elle voit et ressent.
Celle qui fut une élue régionale, toujours essayiste et romancière (elle tient aussi rubrique dans le magazine belge Imagine), s'efforce de poser un regard nuancé sur les êtres et les choses, forgé depuis une retraite habitée, recul nécessaire à l'écart du monde frénétique. L'Inde offre cet écrin mais nul besoin de partir loin pour se sentir ailleurs, aux confins de la réalité. Ce qui compte, c'est d'être bougé.
Seule au sein du pays le plus peuplé du monde, la penseuse active découvre peut-être notre futur, si nous continuons à saccager les écosystèmes. le sud sera probablement le mieux capable d'encaisser le réchauffement climatique puisqu'il en éprouve déjà les effets et s'adapte. Les villages ruraux préfigurent notre avenir, où l'on vit de ce que l'on cultive et se contente de l'essentiel.
Il est urgent d'envisager le postcapitalisme, dit-elle. Plus on attend, plus ce sera compliqué. le propos innove ensuite dans trente dernières pages très politiques, destinées à faire progresser le discernement.
« Nuance, empathie, honnêteté et lucidité restent à mon sens les seules conditions. Avec ces munitions en bandoulière, on doit pouvoir écrire dignement sur tous les sujets et dans toutes les conditions. »
L'essayiste insiste sur la nécessite de changer de perspective, sans attendre les consignes ni que les conditions soient réunies. le dire, c'est le faire, -idéalement au sein d'actions collectives.
Planter un arbre fruitier, tracer une bande de ralentissement devant une école, retirer la pompe d'une mégabassine. Chaque femme, chaque homme, peut initier le changement, ici et maintenant.
Corinne Morel Darleux montre une pessimisme lucide, pas désespéré.Elle trouve dans le roman, la fiction, l'échappée nécessaire vers l'imaginaire, source de beauté et de répit. L'écriture permet de se reconnecter légèrement à l'inconscient. Elle en parle en exergue, confirmant le caractère atypique de ces écrits hybrides, reflet d'un esprit vagabond, propice à l'innovation. Sa plume est belle, sa parole juste, son propos mesuré.
À elle de conclure :
« Mais même quand le monde semble ruiné, il reste de la beauté à préserver, des combats à mener et des horizons à construire. »

Ainsi soit-elle !

P.S. Des citations nombreuses complètent cette notice.
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Inclassable.
Entre le journal de voyage, le témoignage militant et l'essai... Une lecture qui invite à l'espoir, en dépit de tout.

J'emporte ces dernières phrases et je les propose ici, parce qu'il me semble qu'elles peuvent donner un peu de force et nourrir nos imaginaires :
"(...) La vie manie avec une dextérité étonnante les dés de l'attrait et de la répulsion. le beau et le laid, l'ennuyeux et le passionnant, le familier et l'exceptionnel, la joie et les tracas : il nous faut embrasser tout cela.
Sauf à être assigné à un bonheur perpétuel où à un écrasement constant, c'est dans l'intervalle entre ces deux pôles, de leur alternance, que naît le sentiment incandescent d'être vivant.
Cheminer sur cette ligne de crête qui oscille sans cesse entre inquiétude et émerveillement, et y trouver nos points d'équilibre, implique une égale aptitude à déceler la beauté, à s'en réjouir et à poser un regard lucide et déterminé sur ce qui est en train de la saccager.(...)

Il y a des points de bascule, pas seulement pour le climat mais aussi dans l'histoire. Nous y sommes je crois, ou nous n'en sommes pas loin. Alors oui, allons trouver la beauté ailleurs, performatifs en diable et debout sur les freins."

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Comme c'est agréable de suivre Corinne Morel Darleux sur les chemins qu'elle emprunte. On y croise de belles figures (Rosa encore et toujours, Arundhati Roy et d'autres), on respire d'autres lieux, on ressent l'ailleurs qu'il soit tangible en Inde ou imaginaire dans les lectures. Cet essai fait du bien, il invite à ouvrir les yeux, les oreilles, l'esprit, le coeur et tout ce qui peut nous relier au monde, le désespérant et le désirable.
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
P 152 – cette idée qu’il nous faut passer du registre revendicatif au champ performatif me poursuit depuis des années, et au fil du temps, elle n’a fait que s’affermir. Nous avons besoin de provoquer des changements immédiats sans en déléguer la mise en œuvre à l’institution ou à l’État. Performatif, c’est ce qu’on dit d’un verbe dont l’énonciation constitue simultanément l’action qu’il exprime. Par exemple « je promets », « je m’excuse » ou « la séance est ouverte » : le dire, c’est le faire. Dans le champ de l’action, prendre le tournant du registre performatif revient à acter le caractère de plus en plus inopérant du plaidoyer et de l’action revendicative, face à des pouvoirs et lobbies désespérément hermétiques à la nécessité de changement. L’action performative n’a pas besoin de faire la une ni de se soucier des sirènes médiatiques : elle est sa propre fin. Sont performatives des actions qui ont un impact immédiat et direct sur le réel, qui ne visent pas à pousser une revendication ou à peser sur une autorité : dont l’effet est contenu dans leur propre réalisation. Ces actions performatives peuvent prendre des formes variées. Planter un arbre fruitier a un effet en soi en matière de biodiversité, de confiture à venir, d’ombre et de fraîcheur. Se munir de seaux de peinture et dessiner à même le bitume une bande de ralentissement devant une école, comme l’ont fait les habitants d’un quartier excédés par l’inaction de la maire, c’est performatif. Retirer la pompe d’une mégabassine empêche, instantanément, de puiser dans les nappes souterraines : c’est performatif. Bien sûr, ce caractère seul ne suffit pas à faire une stratégie. Outre le préfiguratif et le performatif, il convient de prendre en compte une troisième dimension : l’offensif.
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En littérature, c’est l’empathie qui amène à la réflexion et non l’inverse. Vous pouvez développez l’argumentaire le plus serré qui soit dans un livre, je doute fort que cela fasse changer quiconque d’avis. En revanche, donnez-nous un personnage à chérir, faites-nous partager son intimité, ses émois, ses douleurs et ses joies, et il nous sera bien plus aisé de prendre en compte son point de vue, à défaut de le partager.
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Et on sait à quel point il faut beaucoup de volonté pour revendiquer davantage de rien. Il se traduit généralement par non-agir ou non-intervention, mais cela ne signifie pas pour autant rester les bras croisés en rejetant toute nouveauté, simplement de faire des choix éclairés et de ne pas forcer le cours des choses. Se fixer des limites, distinguer ce qui relève du progrès vers une vie bonne et décente de ce qui nous aliène, savoir ne pas est un art de vivre au quotidien.
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Cinquante années ont été perdues depuis les premières alertes scientifiques et politiques, un demi-siècle qui aurait dû être consacré à la transition. Il y a cinquante ans, à l’époque du premier choc pétrolier et du rapport Meadows sur les limites de la croissance, les grandes multinationales de l’énergie comme Total ou Exxon ont commandé des rapports scientifiques qui ont établi de manière juste et précise les impacts qu’auraient leurs activités sur la concentration en dioxyde de carbone et la hausse des températures. Ces rapports ont tous été dissimulés pour continuer d’engranger des profits. Des dirigeants savaient et disposaient des leviers pour changer de trajectoire ; ils ont sciemment et délibérément décidé de poursuivre des activités qui nous condamnaient. En cinquante ans, les émissions mondiales de dioxyde de carbone générées par les énergies fossiles sont passées de 14,2 à 36,8 milliards de tonnes. Ce demi-siècle perdu va nous coûter très cher. Il est en train de nous ôter la possibilité même d’une transition planifiée : les chocs les plus sévères commence à se produire sans que nous y soyons préparés.
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Nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à ne vouloir renoncer ni au pessimisme de la lucidité, ni à la puissance de la volonté, ni au secours de la beauté.
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Vidéo de Corinne Morel-Darleux
Deuxième épisode consacré à la rentrée littéraire 2022. Laure, Erika, Julien et Rozenn, libraires à Dialogues, vous aident à faire votre choix et vous présentent leurs derniers coups de coeur.
Bibliographie : - La sauvagière, de Corinne Morel Darleux (éd. Dalva) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20911182-la-sauvagiere-corinne-morel-darleux-dalva
- Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, de Corinne Morel Darleux (éd. Libertalia) https://www.librairiedialogues.fr/livre/15457452-plutot-couler-en-beaute-que-flotter-sans-grace--corinne-morel-darleux-libertalia
- Les orages, de Sylvain Prudhomme (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20897376-les-orages-sylvain-prudhomme-folio
- Sa préférée, de Sarah Jollien-Fardel (éd. Sabine Wespieser) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20894185-sa-preferee-sarah-jollien-fardel-sabine-wespieser-editeur
- le Lâche, de Jarred Mc Ginnis (éd. Métailié) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20910804-le-lache-jarred-mcginnis-anne-marie-metailie
- Les Enfants sont calmes, de Kevin Wilson (éd. Robert Laffont) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20925732-les-enfants-sont-calmes-kevin-wilson-robert-laffont
+ Lire la suite
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