Commençons par la fin : la fin de
Tom Clancy, décédé en 2013, contrairement à ce que l'éditeur Albin Michel peut laisser penser. En effet, sur la couverture de ce thriller paru en France en 2020 s'étale en caractères géants son nom, puis en beaucoup plus petit celui de
Mark Greaney. le livre a originellement été publié en 2016 aux États-Unis, en utilisant les personnages créés par Clancy et en respectant la forme de ses ouvrages. L'honnêteté serait de présenter « un roman de
Mark Greaney d'après les personnages de
Tom Clancy » et de mettre ces deux informations sur le même plan en termes de taille de police de caractères.
Le livre reprend les personnages et situations issues de Chef de guerre, roman prémonitoire, car il décrivait en 2013 l'invasion de la Crimée par la Russie. Chef de guerre est le dernier récit de Clancy, complété et achevé par
Mark Greaney (déjà).
Ici, Greaney imagine des arrestations, puis des attaques terroristes, ciblées contre des militaires et agents américains par plusieurs structures très bien informées. La multiplication des cas laisse à penser à une fuite humaine ou informatique majeure. La sécurité des États-Unis est en jeu. A fortiori quand Daesch parvient à obtenir cette fameuse liste de cibles américaines et décide de monter un commando sur le sol américain pour frapper l'Amérique au coeur. le pays, dirigé par le président Jack Ryan, va devoir faire appel à la structure clandestine de
John Clark et dans laquelle opère le fils du président, Jack Ryan Jr, pour tenter de mettre fin à ces actions terroristes.
Sonnez clairon, envoyez les missiles contre … Albin Michel. La façon de présenter l'ouvrage n'est pas satisfaisante, on l'a déjà dit. de plus, le livre est publié en deux tomes, comme l'étaient les « vrais » Jack Ryan. D'autres écrivains, gros vendeurs habitués à écrire des « pavés », sont publiés en un seul ouvrage, avec des paginations parfois supérieures (je pense notamment à
Ken Follett). Faites le calcul du prix d'achat à la page…
Ceci dit, Greaney écrit bien et se place vraiment dans le style de Clancy : pas d'escroquerie de ce point de vue. le remplaçant maîtrise aussi bien que l'original les structures militaires et de renseignement américain et est aussi pointu en termes de matériels utilisés. Son style est alerte et convient parfaitement à ce thriller.
Deuxième écueil pour Albin Michel. le récit a lieu alors que l'État islamique, après avoir atteint son extension maximum, commence à reculer grâce à l'action concertée de la coalition internationale, notamment des peshmergas kurdes. C'est effectivement la situation en 2016 lorsque le livre paraît aux USA. Tous les ouvrages de Clancy avaient eux aussi la particularité de « coller » aux événements et de présenter une analyse géopolitique pertinente. Que penser de la publication en 2020 en France d'un texte de 2016, lorsque la situation a déjà bien changé ? Il faudrait peut-être décider plus rapidement de la publication (ou non) en français de ce type d'ouvrage.