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En commençant "La Maison indigène", je m'attendais à un livre sur les origines de la famille Claro, prévision infondée quand on apprend au bout de quelques lignes que l'auteur répugne à écrire ce genre de roman. Mais le destin sous la forme du message d'un ami qui trouvait « le pli du temps magnifique à déplier » va décider Claro à mener une enquête familiale, littéraire et historique en partant d'une maison construite à Alger en 1930 par son grand-père architecte Léon Claro. Dès lors, mais sans vraiment tenir le sujet qu'il s'était fixé, Claro va tenter de débusquer les fantômes de la bâtisse. Et c'est là que tout devient finalement surprenant et intéressant, car le récit va prendre de multiples directions dans une joyeuse succession apparemment désordonnée de chapitres très courts. Certains relatent des épisodes historiques, d'autres des souvenirs familiaux, d'autres encore font référence à de grands noms des arts. La littérature est représentée par Albert Camus, par Jean Sénac ou par le père de l'auteur ; l'architecture par Le Corbusier ou par le grand-père Claro ; la peinture par Jean de Maisonseul et l'Ecole d'Alger ; le cinéma par Visconti ou Pontecorvo. Bref, un charmant et surprenant voyage étayé par une vraie matière documentaire. L'auteur a lu, exploré, mis à jour des archives personnelles, « réveillé son grand-père dans sa tombe », voyagé, rencontré des témoins, mis en corrélation des indices, émis des hypothèses validées ou non. C'est très original avec une vraie dimension romanesque malgré le caractère non fictionnel de l'oeuvre. Claro écrit avec humilité et reconnaissance envers ses pères, avec respect et fermeté lorsqu'il croise l'histoire douloureuse de la colonisation française. Un récit touchant et désarçonnant que je conseille.
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Une Maison pour les trouver tous et dans la beauté les lier : magie d'une enquête poétique à propos d'enquêtes politiques, familiales et littéraires.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/03/18/note-de-lecture-la-maison-indigene-claro/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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C'est un livre hybride, à la fois documentaire érudit et biographie familiale.
Le fil rouge de ce récit est un bâtiment algérois, appelé la Maison ou la Villa du centenaire.
Elle changera de nom au fil du temps et deviendra la "Maison du millénaire" pour célèbrer les mille ans de la fondation d'al Djazaïr, Alger.

Elle est l'oeuvre de l'architecte Léon Claro,grand-père de l'auteur, héritier du mouvement initié au début du XIXe siècle par Henri Klein, fondateur du Comité du Vieil Alger visant à défendre et à faire connaître le patrimoine de la vieille ville.
Le Gouverneur général l'a commandée pour commémorer en 1930 le centenaire de la présence française en Algérie.
Il s'agit de la réplique d'un maison traditionnelle de la Casbah en 1830. On retrouve les mêmes espaces : le vestibule 'sqifa' étroit, frais, qui s'évase progressivement pour arriver au puits de lumière "west eddar", autour duquel s'organise la maison.
Léon Claro réutilisera des matériaux originaux, marbre, faïences, bois, colonnes, provenant de démolitions de maisons de la Casbah.

"Ne manque que l'indigène, bien sûr. Mais la mise à l'honneur de sa demeure sonne peut-être aussi la fin de sa native invisibilité : à force d'être exclu d'entre ses propres murs, il finira bien par songer à les abattre."

Cette maison se situe dans un entre-deux: d'apparence ancienne mais neuve en réalité, pas dans la Casbah mais en bordure, ni française ni indigène.
Chacun peut y trouver ce qu'il y cherche.
Comme par exemple le jeune Albert Camus qui aura une révélation lorsqu'il l'a visitera : il écrira. Elle lui inspirera alors "La maison mauresque", qui ne paraîtra que bien longtemps après son décès.
Claro va faire revivre les figures du monde intellectuel et artistique de l'Algérie des années 1930, tous d'origine européenne.
Camus bien évidemment, Jean Sénac, Jean de Maisonseul, Edmond Charlot, d'autres de passage comme Le Corbusier, beaucoup plus intéressé par les bordels que par l'architecture.
Plus tardivement Visconti viendra y tourner une adaptation de "l'Etranger" avec Mastroianni dans le rôle de Meursault.

L'auteur écrit "j'étais sourd aux racines".
Ce récit est l'occasion pour Claro de retrouver les traces de son père, qui avait le même âge que la Maison Indigène. Ce père, poète contrarié, qui quittera très tôt l'Algérie pour s'installer dans la grisaille parisienne et se perdra dans l'alcool.
Mais il reste toujours à distance pudique.

Ce livre est fait de courts chapitres, passant d'une période à une autre, changeant de perspective. Cela m'a fait penser à une toile cubiste ou bien à une mosaïque que l'auteur aurait élaboré au gré de ses digressions.

J'ai vraiment apprécié ce récit dense et original, impeccablement documenté.
J'ai également aimé le propos de Claro chaque fois qu'il est question de colonisation ou de guerre. Il est irréprochable, totalement impartial et respectueux.
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Ce n'est pas un roman, c'est un récit, une intropection par un petit fils, qui va enquêter sur l'un des travaux de son grand père architecte en Algérie, à l'époque où c'était une colonie française. Son grand père a construit la fameuse maison indigène du titre. Cela va être l'occasion de croiser Le Corbusier, Camus, le poète Sénac, le cinéaste Visconti... J'ai beaucoup aimé ce texte et le cheminement de l'écrivain sur ces recherches, d'abord générales (des recherches sur cette maison, sur la visite de le Corbusier à ALger, sur la vie de Camus et de Sénac à Alger, sur le tournage de l'étranger de Visconti) puis des recherches plus personnelles sur son grand père mais surtout sur son père. Des pages documentés sur Alger, la guerre, le départ des pieds noirs, la vie et l'oeuvre de Camus et celle de Sénac, ami intime de son père. Avec beaucoup de délicatesse, ce texte m'a beaucoup ému sur les recherches sur le père. Et m'a donné envie de relire l'étranger, mais aussi la version de Daoud et revoir le film, qui m'a beaucoup impressionné lors de sa projectio au festival de cinéma de la Rochelle, avec un impeccable Mastroani.
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Claro finit par vaincre ses réticences pour s'aventurer dans les méandres de sa mémoire. Frappé par de nombreuses coïncidences qui jalonnent son parcours, il s'aventure à nous donner un récit qui est en fait une confession, à la fois pleine de mystère et d'élégance. Un très beau livre.
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Une demeure peut-elle être une « boîte noire » de la mémoire ? Pour Claro, auteur de la Maison indigène, la réponse est positive.

Dans ce récit, Claro décrit la genèse de la construction d'une maison, conçue par son grand-père l'architecte Léon Claro. Cette demeure de style mauresque est bâtie pour célébrer le centenaire de la conquête de l'Algérie par les Français en 1830. Claro s'interroge sur ce que dit cette maison de l'histoire, de la conscience coloniale, de l'orientalisme mis à la mode par les tableaux de Delacroix : « La Maison indigène semble attendre, à la croisée des temps, à la lisière des heurts (…) Et si elle était tout autre chose ? Une matrice. Une page vierge dressée à la verticale, en attente d'une encre sympathique, capable de mettre en branle un destin. » Ces interrogations, Claro les confirme et les légitime en illustrant le rôle déclencheur que joue cette maison, dans l'inspiration d'Albert Camus qui visite cet endroit en 1933, alors qu'il n'est encore qu'un inconnu. Il la mentionne dans ses Notes de lecture publiées dans La Pléiade : « Je m'étonne à cette heure d'accorder plus d'importance qu'elle n'en mérite (je m'en rends bien compte) à ma Maison mauresque. Sans doute, pour ce travail qu'elle m'a coûté, lorsque je songe à son peu de volume. »

D'autres personnalités y accompliront un passage :Le Corbusier en 1931, vient donner deux conférences ; mais Léon Claro, qui avait invité Le Corbusier à Alger , doute de la réalité de sa visite .L'architecte ne construira rien à Alger, se bornant à des croquis représentant les femmes d'Alger , dans la plus pure tradition orientaliste….Le poète Jean Sénac, ami du père de Claro, Henri Claro , est l'un des invités de cette demeure .Luchino Visconti tourne à Alger en 1967 une adaptation de l'Etranger avec Mastroianni dans le rôle de Meursault ;Sénac est présenté à Visconti . On trouve dans le récit de Claro des interrogations multiples sur le père, l'Algérie coloniale, les sources d'inspiration littéraire, l'histoire aussi. Plaisant ouvrage, qui nous transporte à travers différents épisodes et aspects de cette période, en évitant le côté carte postale sépia. A rapprocher de l'ouvrage de Kaoutar Hadimi Nos richesses, qui retrace le parcours du libraire Edmond Charlot dans l'Algérie coloniale avec sa librairie Les vraies richesses. Une demeure, lieu générateur d'inspiration et de rencontres, une librairie, lieu de fécondation culturelle : une belle symétrie…
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Une très belle histoire, Claro est un formidable conteur. A partir de cette maison, il tisse des liens qui nous font vivre dans cette maison avec ces personnages connus : écrivain, poète, architecte....on ressent la vibration que chacun a senti, l'atmosphère de cette époque, une espèce d'enivrement. C'est ainsi que pas à pas, il va aussi rencontrer son père.
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« La maison indigène » s'annonce comme un « récit ». A la croisée du journal intime et du documentaire, Christophe Claro revisite à Alger la « Maison du Centenaire », construite en 1930 par son grand-père Léon Claro, architecte de renom, en commande du gouvernement pour célébrer le centenaire de l'Algérie française.
« La maison indigène », que l'on appelle aussi « La maison mauresque »,
« N'est pas un décor, ou plutôt est davantage qu'un décor. C'est un livre, écrit à plusieurs mains, plusieurs coeurs, où il fait bon fermer les yeux, à l'écart des rumeurs ».
Ces pages, ces yeux, ces coeurs, ce sont tous ceux qui ont construit ce passé qui resurgit au fil de la lecture. Au centre du tableau et en personnage principal Albert Camus dont la vocation d'écrivain serait née dans la Maison. Meursault et l'Étranger sont comme le fil rouge du récit, où l'on croise, Sénac, Visconti et Mastroianni. En toile de fond, Léon Claro, le grand-père algérois et la visite de le Corbusier, témoignage d'importance de la reconnaissance de ses pairs.
En filigrane continu, la figure d'Henri Claro, le père de l'auteur avec lequel ce récit prend l'allure de retrouvailles intimes. le documentaire devient alors presque une confession. Un père peut-être bien devenu complice à la fin du livre. Une relation compliquée mais pleine d'une certaine tendresse, qui fait de l'écriture de l'auteur comme un pélerinage au fond de lui-même et du lecteur le témoin d'une rencontre profonde
Christophe CLARO sera l'un des auteurs invités aux CORRESPONDANCES DE MANOSQUE 2020.

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