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Citations sur Le bruit des trousseaux (49)

Souvent, des comédiens et chanteurs sans talent proposaient bénévolement leurs spectacles insipides, ennuyeux, que les détenus étaient obligés de subir. Comme si la prison était le dernier lieu où tout, même le pire, pouvait advenir. Comme si là, on ne pouvait rien refuser sous pretexte que c'était déjà bien qu'il sa passât quelque chose. Et puis parfois, il y avait un miracle, la visite de Michael Lonsdale, par exemple qui venait lire des textes, avec sa voix étrange et sa bonté barbue.
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Voilà, je crois que j'ai tout dit. Tout dit de ce que je savais, de ce que j'ai retenu. Ce peut être un témoignage ou, plus exactement, un faux témoignage, car il me manque quelque chose d'essentiel pour parler de la prison, c'est d'y avoir passé une nuit. Je ne sais pas au fond si l'on peut parler de la prison quand on n'y a jamais dormi. Toutes les heures où j'ai été dans ces murs composent bien des jours, oui, des mois même, mais pas une nuit, pas une seule. Et puis, ce qui alourdit mon faux témoignage, c'est que je n'ai connu la prison que d'un seul côté.
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La prison ressemblait à une usine. Une grande usine qui ne produisait rien, sinon du temps limé, broyé, réduit, des vies étouffées et des mouvements restreints. Les détenus figuraient d'étrangers ouvriers, sans machines, sans musettes, mais qui suivaient des horaires, des chemins, des consignes. Les gardiens parfois avaient des allures de contremaître.
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L'islam mal digéré de beaucoup de prisonniers se découvrant musulmans durant leur incarcération. Les murs défraîchis résonnaient de leurs prières approximatives et de leurs fiévreux ramadans. L'identité panarabe. Ma difficulté à convaincre un Turc qu'il n'était pas arabe. "Vous insultez mes pères!" avait-il fini par me répondre, avant de claquer la porte.
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Le bruit des trousseaux de clefs, des clefs longues et polies par les usages incessants. Les pantalons bleu marine des gardiens, déformés aux poches à cause de ces trousseaux qui me faisaient toujours songer à des sésames de contes. Mais de quels contes?
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La bibliothèque de la prison s'enrichissait de dons d'autres bibliothèques; les livres de la prison étaient souvent des livres de rebut; on pouvait y lire ce qu'ailleurs on ne lisait plus jamais; Henry Bordeaux, Paul Bourget, Rachilde, Michel Zévaco. C'était le refuge des auteurs en mal de public. Il y avait aussi beaucoup de manuels scolaires réformés, dont les pages jaunes, imprimées dans les années cinquante, s'ornaient de gribouillages exécutés par des générations d'élèves rêveurs. Les lycées s'en débarrassaient lors de cycliques bonnes actions.
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La fille d'un des directeurs de la prison partait chaque matin à l'école, en franchissant toutes les portes, une à une, avec son gros sac à dos, ses douze ans, son air triste et ses joues pâles de petite fleur de serre. Clélia Conti.
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Parfois, je rêvais de la prison. Ce n’étaient pas des scènes précises mais plutôt des bruits, notamment ces bruits de clefs et de serrures, si particuliers, que je n’ai jamais entendus ailleurs. Je rêvais de sons, d’odeurs aussi , d’appels criés et qui résonnaient dans le quartier. Dans ces rêves-là, je ne savais pas si j’étais un détenu, ou autre chose.
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