Deux époques s'entrechoquent. La première se déroule en pleine seconde guerre mondiale, à Dresde, où une jeune maman donne naissance à un petit garçon dans d'horribles conditions et sous les bombardements. La maman a juste le temps de donner un prénom à son bébé avant de décéder des suites de l'accouchement. Il s'appellera Werner, Werner Zilch.
La seconde époque nous emmène à New-York en 1969 Werner Zilch est un séduisant entrepreneur à qui tout réussit, un midi, alors qu'il déjeune au restaurant avec son associé Marcus et son chien
Shakespeare, il croise le regard de Rébecca Lynch, fille de Nathan Lynch, héritier d'une ancienne dynastie américaine, détenteur d'une fortune colossale. C'est le coup de foudre, Werner va tenter de conquérir cette jeune femme qui est assez réceptive à son charme. Tout semble aller pour le mieux lorsqu'elle décide de le présenter à sa famille et là c'est le drame. La maman de Rébecca qui est une survivante du camp d'Auschwitz est frappée par la ressemblance du jeune homme avec son bourreau du camp, quand elle découvre son nom de famille, il n'y a plus aucun doute, il est le fils de cet officier nazi qui l'a torturée.
Les présentations sont écourtées, Rébecca disparaît laissant Werner dans un terrible désarroi. IL ignore tout de son passé, il a été adopté par la famille Goodman en 1948 alors qu'il n'avait que trois ans, il ne connaît rien de son histoire ni de ses parents biologiques.
Adélaïde de Clermont-Tonnerre nous embarque entre les deux époques où petit à petit se dessine le passé de Werner et surtout celui de son père et oncle qui cependant reste flou. Son père a un frère jumeau diabolique et on a du mal à cerner les deux personnages, il y a un Zilch qui sert le reich et y prend plaisir, il y a un Zilch qui ne veut pas être associé au régime mais qui n'a pas vraiment le choix. Reste à savoir qui est qui, l'auteure met le doute intentionnellement afin de brouiller les pistes et de garder le suspense jusqu'au bout du roman.
Rébecca finit par revenir et livrer l'histoire de sa mère à Werner, ensemble ils vont enquêter afin de trouver la vérité à laquelle Werner à droit.
J'ai bien aimé ce roman, surtout la partie qui nous ramène à l'enfance de Werner, aux activités de sa famille ou tout est un peu ambigu, on s'interroge beaucoup sans forcément avoir instantanément les réponses. Werner a ce côté sûr de lui qui peut parfois être désagréable et même agacer, il est plus attachant quand il s'agit de son histoire d'amour avec Rébecca qui est un personnage torturé, très énervant même parce qu'on a pas toutes les cartes en mains et qu'on ne connaît pas toute l'histoire de cette jeune femme.
Quand on découvre le terrible passé de sa maman et indirectement sa projection sur Rébecca on comprend mieux pourquoi la jeune femme est en pleine souffrance. La question posée est : Werner peut-il porter la culpabilité de son père ou de sa famille ? peut-on le considérer responsable de quelque chose qu'il n'a pas fait ? Rébecca doit-elle se priver de cet amour ?
L'écriture est fluide et concise ce qui donne un roman très agréable à lire sans jamais nous perturber avec la double temporalité. J'ai passé un agréable moment avec cette lecture. A noter que ce livre a reçu le grand prix du roman de l'académie Française.
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