A travers la vie de
Marie Laurencin et son amitié amoureuse avec Nicole Groult, mère de Benoîte et de Flora, c'est à la fois une femme libre et toute une époque que décrit ici
Françoise Cloarec, au fil des relations que Marie a nouées grâce à sa liaison avec
Guillaume Apollinaire. Enfant qui a connu son père mais n'a pas été reconnue par lui, très proche de sa mère dans une intimité quasi fusionnelle,
Marie Laurencin se lance dans la peinture sans y avoir été vraiment encouragée. Elle rencontre
Picasso, qui à son habitude, ne dira guère de bien d'elle, mais sera soutenue par
Apollinaire envers et contre tout. Leur liaison finira par se rompre,
Apollinaire mourra, mais entre-temps Marie aura rencontré la soeur du couturier
Paul Poiret, mariée au décorateur André Groult, et les deux femmes entameront une longue liaison que le mariage de Marie avec un allemand et par la suite son exil en Espagne pendant la guerre ne briseront pas. Nicole aura d'autres liaisons et de l'une d'elle naîtront ses deux filles, Benoîte et Flora, que son mari reconnaîtra. La relation privilégiée entre Marie et Nicole deviendra plus distante, et Marie, réfugiée dans sa peinture et protégée (un peu trop semble-t-il) par sa camériste , décédera à 72 ans dans un relatif isolement.
J'ai beaucoup aimé ce livre, qui décrit une artiste singulière en la situant sans cesse dans son époque, ses relations avec les grands artistes de cette époque, notamment Picabia,
Cocteau,
Max Jacob les Delaunay, le douanier Rousseau, sur lesquels on apprend d'ailleurs beaucoup de détails intéressants, ainsi que sur le regard que
Gertrude Stein avait de Marie.
Le caractère de
Marie Laurencin nous apparaît tout en nuances, avec une volonté de comprendre ce qui a fait d'elle une femme et une artiste si particulière dans le contexte historique et social qui était celui de la Belle Époque, puis de la seconde guerre mondiale. Femme libre, Marie a pu se construire à la fois grâce à son entourage, et aussi malgré lui. Femme seule, artiste vivant dans son monde intérieur, elle n'a pas toujours compris celu
i dans lequel elle vivait, un peu en porte-à-faux, se brouillant avec un certain nombre de ses proches. Il nous reste ses oeuvres très particulières. "D'où viennent-elles ? Où vont-elles ? Où sont leurs attaches ? Dans leurs rêves dans les couleurs pastels, elles s'évadent du monde vers la lumière."
Un grand merci à Babelio et aux Éditions Stock pour ce livre lu dans le cadre de la Masse Critique.