Petit livre d'art pas très épais, bien moins que ces baigneuses, d'une présentation minimaliste mais très distinguée avec page de garde non imprimées, papier glacé, un plaisir pour le lecteur et aussi pour l'amateur de peinture le contenant préfigure le contenu un cachet de qualité. Un livre qui ne dépareillera pas une bibliothèque.
En ce qui concerne l'objet et le style de la peinture d'Otero On aime ou pas!
Des généralités
En peinture bretonne contemporaine, et pour rester dans la région, ces baigneuses rappellent celles Virginie Matz en moins féminines et plus callipyges, plus triste aussi et plus effrayantes.
Par contre elles n'ont rien à voir avec
les baigneuses de Renoir, Courbet, Picasso et encore moins avec les baigneurs de Cézanne et Fréderic Basille je dis ça car les hommes sont absents dans ses tableaux pourtant les plages sont grandes en Bretagne (et Normandie)
Ni avec la grâce voluptueuse et plaisante des personnages de Botero (colombien et donc hispanique) sujets éminemment rondouillards
Ici les femmes d'Otero sont des bûcherons.e.s!
Des femmes à la carrure imposante mais avec, et c'est curieux une petite tête coiffée d'un bonnet blanc ou rouge (pour les bretonnes). Si leurs épaules sont dignes d'un Minotaure la tête rappellerait plutôt celle d'une fouine ,ou, restons dans la mythologie celle d'un gobelin. Remarquons toutefois sans faire de mauvais esprit que les fesses elles ont quelque chose des Holstein Question robes, je parle des
Holstein, qu'elles sont bichromes noire et blanches ou alors rouges et blanches mais chez les titanes d'Otero c'est un rose indéfinissable couronné d'un «une pièce» (là je parle des baigneuses! un «une pièce» presque un habit de bain ou le moule-tout ...le no-bra étant inconnu d'Otero ...comme le maillot de bain «une pièce» revient à la mode nous n'en dirons pas plus…) très coloré à rayures «petit bateau» rouges et blanches horizontales qui n'affinent pas vraiment les silhouettes de nos baigneuses
Donc quelques affinités avec la Vénus hottentote ou la sirène de Monopoli
Certains y voient une féminité exacerbée Pour moi ces baigneuses me foutent les chocottes à la façon dont elles affrontent les vagues et lancent les ballons, toujours baissant la tête (qu'elles ont petites), privées d'yeux, vu de trois quart dans une pose d'attente de zombie ( absence de regard, bras qui pendouillent le long du corps, ventre en avant, petites têtes coiffées d'un bonnet blanc ou rouge qui suggèrent une absence, un vide)
Catcheuses généreusement charpentées, bâties en force avec des mains de palefreniers véritables battoirs (on n'aimerait pas s'en prendre une) ou godets de tractopelles avec doigts acérés qui fouissent le sable de la plage: Angoissant Il y a quelque chose de cyborgs comme d'un terminator ou de la taupe mécanique!
Certains y voient la vie foisonnante moi c'est le contraire c'est d'une tristesse à pleurer, une étreinte de ces baigneuses qui fait penser à un attelage de percherons au labeur qui sue et peine dans les champs. Des faces aveugles tournées vers le ciel qui font peine à voir
Au niveau de la composition des tableaux
Les baigneuses prennent tout l'espace: un cadrage serré. Il s'en dégage une impression d'étouffement avec lorsqu'il y a une plage une bande terreuse sale et une mer foncée ou grise agitée ou en berne qui ferment hermétiquement la perspective Sensation d'enfermement !
Hommage d'Otero aux femmes qui sont rondes ou courbes certes mais hommage excessif: les femmes ne sont pas toutes des hommes! Les filiformes existent aussi mais peut-être pas sur les même plages. Il y a là un problème! On est loin des nanas colorées, gaies et courbes de niki de saint-phalle,
Je ne suis pas spécialement attiré par la peinture mais je sais reconnaître la qualité d'une peinture, du moins je le pense, et je le fais avec l'âme d'un amateur. Les pinochages et chinoiseries des galeristes et spécialistes de tous crins donc vendeurs d'art me laissent totalement froid. D'autre part le thuriféraire qui culpabilise les lecteurs en laissant entendre que s'ils ne voient pas la beauté c'est qu'ils ne sont pas passés «derrière le miroir» m'insupporte car d'une part il reconnaît qu'au premier regard on puisse ne pas aimer et d'autre part laisse entendre que le lecteur est un béotien s' il n' accepte pas sa vison (élitiste) le chantage en préambule est odieux et n'est pas un élément de discussion! Et moi je suis resté devant le miroir Na ! et là... il y avait moi. Hum! Hum! Hé! Hé!
En conclusion le sujet d'Otero m'a rebuté je suis totalement imperméable à son art ainsi qu'aux dithyrambes précieuses et gracieuses des participants mais le livre lui est tout à fait convenable pour amateur d'art je le garderai donc par respect pour ce peintre et pour la fôret.