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sur 361 notes
En gros, Pour.
Pour l'énergie. Pour l'humour. Pour l'excès, la provocation. Pour les traits d'humour, les facéties. Pour les traits d'esprit. Pour le coming out (la sexualité n'est pas une information privée, la dignité humaine est de vivre en couple). Pour la visibilité des LGBT. Pour la liberté.


Mais pas pour tout.
Pas pour faire des Français des Américains, ça n'a pas de sens - et le contraire non plus. Pas pour les digressions sur les journalistes : où passe la ligne éditoriale, la spécificité du média ? Un journaliste n'est jamais seul - sauf s'il lance son propre média. Pas pour la promotion d'un journalisme activiste systématique : ça s'appelle la politique. Pas pour sa critique des médias (sommaire, plate et indifférenciée - si les journalistes des médias dont elle parle sont consensuels c'est parce qu'elle ne parle que de ceux qui font une audience maximale, à commencer par les chaînes de télé, et que l'audience implique la posture (hypocrite) du consensus ; elle a montré en créant l'association des journalistes LGBT que le journalisme peut tenir des discours plus confidentiels donc plus libres - et l'activisme gagne pourtant bien sûr à se mener en groupe). // Pas pour un journalisme qui n'aurait que l'émotion pour ligne d'action : le journalisme n'est pas une profession mais ceux qui en relève ne peuvent en faire une profession sans adopter une méthode, une éthique - la leur, s'ils en ont les capacités intellectuelles et le caractère, mais c'est rare ; celle de la ligne éditoriale de leur journal, s'il acquiert une crédibilité, une autonomie financière, un lectorat, mais sa genèse resterait empirique, donc longue, singulière et impossible à reproduire ; ou alors celle qui ressortirait d'une réflexion de groupe, par exemple communautaire dans le but de servir le confort et l'amélioration de la vie de cette communauté : l'émotion est à l'origine de la formation des connivences au sein du groupe mais ne peut se priver pour la production du discours du respect des règles, de l'éthique qui émanent de l'élaboration de la ligne éditoriale. En rester à revendiquer la parole au seul titre de l'émotion se résout dans la liberté d'expression, sans autre exigence, qui ne définirait en rien une profession mais les droits universels accordés à toute personne d'une organisation sociale singulière, la démocratie - et si tout citoyen peut se faire ou devenir par le fait accompli, d'un témoignage spontanément porté dans l'espace public par exemple, journaliste, il faut bien la définition d'un cadre pour en faire une profession - sans que cela limite la liberté de toute communauté à travailler en ce sens : la liberté d'association est garantie depuis 1901. // Pas pour son opposition courte entre le républicanisme et le communautarisme : c'est de notoriété publique que le premier sert l'égalité et le second la liberté - et que l'union des deux est nécessaire à la solidarité. Par pour sa promotion exclusive du communautarisme : ce serait un monde exclusivement porté par la liberté, donc le conflit et l'inégalité. Pas pour le mot « coming out », trompeur, en ce qu'il fait croire que « le problème c'est les autres » et que « l'extérieur, c'est le neutre » - le « coming out » est aussi un combat, une affirmation personnelle (et elle écrit que le projet de son livre s'est affirmé au moment où elle a revendiqué son identité lesbienne devant une fonction d'autorité, le Président de la République), mais c'est aussi un effort des autres, ceux qui reçoivent ce discours qui ne sont pas « neutres » et ont l'obligation d'accueillir la dignité exprimée de vivre en couple - il faudrait un mot français pour cela, le « outing » correspond trop à la vie américaine, faite d'opposition et de lutte - et c'est peut-être pourquoi, en effet, comme elle l'écrit le « outing » n'est pas bienvenu en France, ce qui, c'est parfaitement juste, est une catastrophe pour tout le monde en occultant, encore une fois, que la dignité humaine est de vivre en couple - pas de « faire ce qu'on veut avec qui on veut et ça nous est égal ». D'une manière générale, pas pour ses postures théoriques qui ne tiennent pas. Pas pour le titre. Il fait croire que l'identité lesbienne révélera ses fulgurances mais il n'en est rien puisqu'il se mêle au féminisme. Si génie il y a, c'est, en miroir, et par auto-congratulation, celui de la seule unité qui s'exprime ici, qui n'est le lesbianisme, ni la femme, mais, donc, une personne en quête d'identité. // Pas pour son ton sérieux et ronchon à la papa qui gâte le plaisir d'accueillir son sens de la dérision.

Et puis, sans opinion.
Sans opinion sur sa critique de l'hégémonie masculine dans les festivals et les récompenses professionnelles : c'est à la fois évident comme il est évident que ces manifestations favorisent l'autorité et la mettent en scène : revendiquer une audience auprès de ces institutions par essence discriminantes (sélectives) est contradictoire avec le reste de son propos promoteur d'authenticité et de variété ; vouloir intégrer le pouvoir c'est toujours vouloir l'incarner et donc en défendre l'idée - renverser l'incarnation du pouvoir, prétendre que la vie en société puisse s'affranchir de l'autoritarisme de la majorité implique d'autoriser la sélection de s'effectuer - et d'obtenir la liberté d'en limiter la portée par la contextualisation de ses critères et le développement d'autres organes de sélection - selon d'autres critères - son activisme, ici, pourrait favoriser la visibilité des festivals LBGT, et contribuer à identifier une spécificité identitaire LGBT qui serve autrement que par le conservatisme de l'autorité la cohésion et l'unité de l'organisation sociale dans son ensemble ? // Sans opinion sur ses exigences virulentes de modèles lesbiens et LGBT en particulier : c'est d'une évidence éclatante mais la figure tutélaire ne se décrète pas, elle se construit - puis se décline en identité - est-ce que sa verve scripturaire ne pourrait pas contribuer à dégager les traits identitaires du lesbianisme, par des biographies édifiantes, par exemple ; par la création d'une maison d'édition ; par des articles LGBT à l'AJL qui fasse circuler les parcours de vie de personnalités inconnues en France mais dont l'action aura été éminente ailleurs ? Je la rejoins demain si elle veut // Sans opinion sur son mélange entre défense LGBT, féminisme et gallophobie : d'abord il est évident que pour être aussi agressive et revendicatrice envers la vie française, c'est qu'elle lui est fortement attachée et aspire à l'adapter plutôt qu'à la quitter ; ensuite elle se perd à mon avis à vouloir défendre les femmes en général en arrière-plan, en soubassement de son combat pour la visibilité des lesbiennes : d'une part elle aura des difficultés à défendre des modes de vie dont elle est à des années-lumières, semble-t-il (la féminité apaisée, douce, ou maternelle, ou à l'inverse, séductrice, organique par exemple (travailleuses du sexe, et le féminisme n'est pas absent non plus de ce type de sexualité), mais d'autre part, son témoignage révèle que son manque premier concerne la visibilité lesbienne : elle aurait tout intérêt à se spécialiser sur cet aspect où elle excelle (et qu'une femme défende « les femmes » est à peu près aussi sensé que « les hommes » soient défendus par un « homme » : serait-il hétéro ? Pour défendre tous les hommes ? même les homos ? ça a déjà été fait - sans que la méthode paraisse faire l'unanimité :-) ; serait-il homo ? Sérieux ? on a déjà vu des hommes hétéros se sentir légitimement défendus et représentés par un homo ?? Soit on défend la pensée unique (les femmes sont des hommes dans une société patriarcale), soit on promeut la vie de couple - et on décline les communautés selon les types de sexualité, qui chacune exposera son mode de vie privilégié, ses critères, son identité - le « féminisme » a vocation à s'effacer à mon sens devant la théorie des genres.


En somme, un livre qui pose les évolutions de notre société vers les notions d'identité et la théorie des genres mais qui les pressent encore seulement dans ce qu'ils fissurent l'ordre social de manière positive (communautarisme et égalité de droits) et de manière négative (que devient le monolithe de l'égalité de droits dès lors que l'on sape la notion d'autorité censé les mettre en place et les garantir ?). À mon sens la solution se trouve dans l'établissement d'un nouvel universalisme : le couple, qui convie la sexualité, et par elle la communauté, le groupe, plutôt que l'individu qui poserait seul les règles de l'univers en se convainquant que l'absence d'émotion sera la certitude d'avoir atteint l'universel - en quoi il se plantera puisque c'est l'émotion qui est universelle.

J'aimerais bien la rencontrer.
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Voilà un livre qui dit les choses, n'évite pas, fonce et se bat. Pas de langue de bois et des opinions bien affirmées. Et si Alice Coffin fait part de ses points de vue assumés, elle les étaie, les confronte, cite ses sources et nomme les actes comme les personnes !

L'essai féministe militant d'une lesbienne révoltée (dans lequel toutes ne se retrouveront évidement pas, et tel n'est probablement pas le but)

Et même si on peut lui reprocher ses partis pris, si j'ai trouvé le chapitre sur la placadrologie un peu plus faible, si quoi ou qu'est-ce et s'il déplaira forcément, voilà un bouquin qui tape fort... C'est réjouissant !
Lien : https://www.noid.ch/le-genie..
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Cela faisait un moment que ce titre figurait dans ma wishlist et il a croisé ma route tout récemment. Je ne savais pas exactement ce que j'allais y trouver malgré le succès du livre. Voici donc ma description.
Cet essai est une analyse sociétale de la condition de la femme et des formes d'expression du patriarcat et de la misogynie, à un niveau français mais également international, dans ce qu'il a de plus anodin et de plus violent. Toute l'expertise et l'expérience professionnelles d'Alice Coffin apporte une lecture et un éclairage sur certains aspects du journalisme très éclairants.
C'est également un récit de vie, dans ce qu'il a de plus personnel et de plus sincère. le témoignage de l'autrice en tant que militante et lesbienne est parfois glaçant.

Mon avis:
Au vu de la situation actuelle, il ne me semble pas utile de justifier l'évidente nécessité de ce type de lecture.
Ce témoignage est très courageux et très éclairant.
Il est également très riche, car le sujet est vaste et complexe, et j"aurais aimé que le récit soit plus structuré au niveau des sujets abordés car j'ai eu le sentiment d'un certain nombre de répétitions. Mais sans doute est-ce la volonté de l'autrice.
Je n'ai pas accroché à toutes les idées non plus. Je m'explique.
Selon mon propre point de vue, on ne choisit pas son orientation sexuelle, quelle qu'elle soit. Meme si sans aucun doute on peut la conscientiser tardivement. Raison pour laquelle je ne cautionne pas non plus le fait de vouloir "outer" les personnalités ou autres quidam. C'est une démarche personnelle qui ne doit se faire que lorsque les personnes sont prêtes à le faire. Assumer sa sexualité et militer son 2 choses différentes à mon sens.
Mais à chacun son avis 😊
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Dans cet essai, l'autrice va questionner le fait qu'aujourd'hui, non seulement le neutre dans notre société, c'est l'homme, mais surtout, l'homme blanc hétérosexuel et valide [hop, ça y est, j'ai énervé une partie de mon lectorat masculin mais je vous préviens, ça ne fait que commencer… ;)]. Ceci expliquerait pourquoi, qu'importe les sujets abordés dans les médias : hausse du chômage, droit à l'avortement, racisme dans les institutions, port du voile, élargissement de la PMA, sexisme au travail… Ce soient toujours ces hommes-là qui sont considérés comme légitimes pour discuter de la question car ils sont “neutres”. Or, cette neutralité est un mythe, nous parlons toutes et tous d'un point de vue. le leur n'est pas plus neutre qu'un autre.

Et pour illustrer son point de vue, elle va partir de ce qu'elle connait le mieux : la réalité de la vie d'une lesbienne française à l'époque actuelle. Pourquoi est-il encore si difficile de se revendiquer comme lesbienne aujourd'hui ? Quelle image la société a-t-elle des lesbiennes ? Que lui ont-elles apporté ? Etc.

Elle va donc se pencher sur le fonctionnement des médias, sujet qu'elle maîtrise bien puisqu'elle est elle-même journaliste. Pourquoi les médias ? Car c'est l'un des moyens de représentation les plus importants. Elle va dénoncer les mécanismes présents dans ce milieu pour évincer les lesbiennes mais aussi les femmes et autres minorités. Elle insiste beaucoup sur la peur de ce milieu d'utiliser le terme “lesbienne” ou de nommer clairement les relations homosexuelles des personnes concernées, même quand ces dernières s'en ouvrent publiquement. Or, cela contribue à l'invisibilisation voire à la stigmatisation.

Elle va également mettre en lumière le fait qu'en France, selon elle, peu de personnalités osent sortir du placard et “assumer” leur homosexualité en public [là, j'ai trouvé qu'elle manquait peut-être elle-même d'ouverture car il me semble que, dans la “jeune génération”, on a quelques exemples de personnalités qui se revendiquent lesbiennes ou bi].
Elle explique à quel point il est important, dans sa construction identitaire, d'avoir des rôles modèles qui vous ressemblent et que cela lui a énormément manqué, plus jeune. Cette absence lui a fait perdre beaucoup de temps sur sa compréhension d'elle-même. Sur beaucoup de points, les discours qu'elle porte sont similaires à ceux d'autres minorités. On voit, une fois, encore au combien il est important d'avoir une vision intersectionnelle de la société, si l'on veut réduire les inégalités, rendre cette société plus inclusive.

Ensuite, Alice Coffin rappelle le rôle majeur que les lesbiennes ont eu dans la plupart des avancées sociales du siècle dernier, même celles qui ne les concernaient pas directement : droit à l'avortement, avancée de la lutte contre le Sida, etc. Parmi les pionnières du féminisme français, il y avait de nombreuses lesbiennes et c'est un aspect qu'on passe généralement sous silence [de moins en moins ces dernières années].

Enfin, vient le chapitre qui a le plus fait grincer des dents [et mon préféré, franchement, j'avais envie de tout souligner] : celui où elle parle de la guerre des hommes. Pourtant, son message n'est autre que celui-ci : depuis des millénaires, les hommes mènent une guerre qui ne dit pas son nom contre les femmes [viols, violences conjugales, discriminations à l'emploi, invisibilisation, etc.] et aujourd'hui, ces dernières ont décidé de la dénoncer et de ne plus se laisser faire.
Alors oui, j'ai trouvé quelques petits défauts à cet essai [principalement le manque d'actualisation de certains exemples] mais globalement, il est très bon ! Et je pense qu'avant de le critiquer [ou de venir m'insulter en commentaires], il faut le lire ! Qu'importe son genre, son sexe, son orientation sexuelle. Car sa lecture pourra bénéficier à tout le monde et cela permettra, peut-être, de faire bouger les lignes.
Lien : https://www.maghily.be/2021/..
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Pour un homme blanc hétéro (donc pour quelqu'un qui joue sa vie en mode 'facile'), ce genre de lecture est essentielle. Alice Coffin expose des arguments précis, étayés par de multiples exemples. Elle met en lumière et dénonce les mécanismes culturels, journalistiques et politiques d'exclusion, d'invisibilisation, d'évitement. Son argumentaire est parfois un peu confus, lorsqu'elle passe dans un même chapitre d'une idée à une autre. Mais dans l'ensemble, l'ouvrage offre une réflexion complète et argumentée. Il suscite de nombreuses réflexions et donne des outils pour changer.
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"Alice, en tant qu'homosexuelle, tu as l'interdiction d'écrire un article où il est question d'homosexuels."

Si vous aussi vous vous demandez pourquoi dans les médias on n'invite pas de femme pour parler de l'avortement, pas de lesbienne ou de femme célibataire pour parler de la PMA, pas de femme voilée pour parler du voile, etc., lisez le Génie lesbien d'Alice Coffin.
Rien de subversif dans cet essai, si ce n'est qu'elle parle de son point de vue à elle, femme engagée, journaliste, lesbienne, qu'elle déconstruit le fameux discours universaliste qu'on nous force à intégrer dès l'école, thèse, antithèse, synthèse, pas le droit de dire je, pas le droit à l'émotion.
Mais qui est le neutre, qui est l'universel dans un monde où chaque personne a sa sensibilité propre, son histoire, sa culture, ses références, ses privilèges ? Qui écrit l'histoire ? Qui écrit les règles ?

Cet essai permet de déconstruire un certain nombre de principes implicites sur lesquels on ne s'interroge pas assez et c'est bien le problème, cette absence d'esprit critique, cet effacement de ce qui ne rentre pas dans les bonnes cases. Pourtant c'est passionnant quand on sort des cases, cela permet de réfléchir à d'autres manières d'exister, de prendre conscience des différences, de ce qu'elles impliquent, de voir les systèmes de valeur mis en place pour les marginaliser, de sentir les injustices et les violences qui en découlent. Et elles sont malheureusement nombreuses !
Alors merci Alice Coffin pour ce livre et pour tous les combats menés et à venir.
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J'appréhendais un peu cette lecture, le livre est sorti à l'automne après une actualité politique chargée pour l'autrice, néanmoins finalement juste. le livre était terminé en fait au tout début de l'année 2020.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture. L'écriture mêle essai et récit personnel pour témoigner, justifier le propos. C'est documenté, beaucoup de références émaillent le texte. Et c'est surtout très pédagogique. On a l'impression de lire des évidences et pourtant, ces évidences ne sont pas ou jamais dites.

La question n'est pas sur l'approbation de son propos, mais sur ce que son propos peut apporter comme questionnement. La démarche est intéressante vraiment, et on peut saluer un livre au tel titre dans les rayons français !
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Je voulais lire le génie lesbien depuis sa sortie à l'automne 2020 mais il m'a fallu attendre plus d'un an avant de m'y mettre !

Difficile de résumer ce livre à la fois essai et témoignage. Alice Coffin y raconte sa situation de femme, lesbienne, journaliste. Elle dénonce les profondes inégalités de ce milieu ; elle se questionne sur le système patriarcal et hétérocentré aujourd'hui en place... le tout en évoquant de nombreuses situations vécues, notamment au sein du collectif La Barbe ; et les nombreuses rencontres qu'elle a faites aux USA lors d'un séjour d'étude de 6 mois sur les sujets abordés dans le livre.

C'est un ouvrage dense et pourtant sa lecture est très accessible et fluide. J'ai trouvé cette lecture enrichissante, notamment le chapitre dédié au rôle des journalistes et à la prétendue exigence de neutralité journalistique. Ce livre a aussi alimenté mes réflexions personnelles sur différents thèmes LGBT+, notamment sur les phénomènes de coming-out et d'outing de personnalités publiques. Alice Coffin aborde aussi les mensonges des gouvernements successifs autour de l'accès à la PMA, de l'absence des lesbiennes lors des "débats " sur ce thème. Cet essai parle aussi des violences de toutes formes que les femmes subissent et leur absence de répression.

Ce livre a aussi renforcé mes convictions sur l'importance de l'appropriation et de l'utilisation du mot lesbienne, ce mot si puissant qu'il terrorise encore tant de monde en France.

Impossible de vous citer en quelques mots tous les passages qui m'ont inspiré, qui ont alimenté mes réflexions ou encore ceux qui n'ont fait qu'accroitre les sentiments d'injustices et les envies de révolte !

Bref lisez-le, c'est un essai très documenté et très ancré dans la réalité concrète contemporaine !!!!
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Elle en aura ému du monde, Alice Coffin. Elle en aura étonné, bouleversé et choqué un grand nombre dites donc. Au loup! ils ont crié. Pris de panique, ils se sont rassemblés et, en meute, ont voulu attaquer. Il fallait se défendre contre cette mangeuse d'hommes vous comprenez; il fallait s'armer contre cette suceuse de sang, cette va-t-en guerre qui en appelait au soulèvement des femmes. Quel scandale! Quelle honte! Comment ose-t-elle bannir les hommes? Et ainsi, ces cons ont donné raison à Alice Coffin qui, pourtant, ne dit rien d'outrageant, de choquant ou d'horripilant. Son propos est même assez banal. Pour qui s'intéresse à la condition des femmes en tout cas.

Alice Coffin a raison de dénoncer et de critiquer cette domination masculine qui se déploie dans toutes les sphères de la société et qui oblige les femmes à s'y soumettre pour trouver une place. Elle a raison de pointer du doigt l'invisibilisation des lesbiennes et la méconnaissance de leurs combats. On peut ne pas être d'accord avec tout ce qu'elle dit mais elle a raison de le dire. Elle a, elle, le mérite d'ouvrir le débat. Sinon quoi? On se tait pour ne pas choquer? On la ferme pour ne pas heurter? On la boucle et pourquoi? Pour convenir à qui?

L'espace public est, en Démocratie, un espace qui doit être occupé par tous et toutes. Toutes les paroles doivent pouvoir se déverser et si besoin faire l'objet d'un débat, d'une discussion. L'ostracisation et la condamnation de la parole des femmes, de surcroît lesbiennes suffit. Parlons mesdames! Parlez lesbiennes! Parlez et que le monde entende et s'il ne veut pas criez hurlez jusqu'à leur percer le tympan. Il en va de la santé de notre société pourrie par ces hommes et ces femmes qui hurlent au loup chaque fois qu'on leur rappelle l'encrassement de ce qui leur sert de cerveau.
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Alice Coffin cite la première ligne du manifeste des Radicalesbians en 1970 : « Une lesbienne est la rage de toutes les femmes condensée en un point d'explosion. » En 2020, toute notre rage est condensée dans un livre,  « le génie lesbien ».

Cet essai est une analyse excellente, richement documentée, de la manière dont les minorités sont réduites au silence en France par la « neutralité journalistique », notamment au cours des « débats » sur la PMA. C'est aussi une réflexion pertinente sur la sphère privée et la sphère publique, par exemple la manière dont les coming outs des célébrités sont traités (plutôt pas) dans la presse, tandis que les relations hétérosexuelles en font les choux gras. Il s'agit surtout d'un hommage aux militantes lesbiennes qui se sont battues et continuent à se battre pour toutes les causes, surtout celles qui ne les concernent pas. Enfin, il s'agit d'une invitation à se libérer du regard des hommes qui conditionnent nos représentations de l'actualité, du monde, de nous-mêmes, des hommes qui violent et qui tuent les femmes.

Au-delà du fond, au-delà de la forme – car j'adore le style d'Alice –, c'est son ton qui achève de faire de ce livre un coup de coeur. J'ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises, j'ai bouillonné à la lecture du dernier chapitre. Sentiments et rigueur ne sont pas irréconciliables. Par son existence-même, « le génie lesbien » démonte le mythe de la neutralité journalistique. On parle le mieux de ce que l'on connaît. Merci Alice Coffin d'avoir écrit ce livre.
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