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sur 366 notes
Je ne m'attendais pas à grand chose en lisant ce livre. Je connaissais déjà les positions de Mme Coffin, positions absolument honteuses pour une élue à la mairie de Paris.

En se revendiquant porte-parole du féminisme, des lesbiennes, des femmes en général, puis en écrivant ce livre, elle fait un doigt à ces communautés, à son sexe, après leur avoir craché à la figure.

Les féministes (du moins, pas les extrémistes) essayent depuis des années de montrer que leurs causes sont faites pour plus d'égalité dans la société, et qu'en aucun cas, elles ne détestent les hommes. A. Coffin écrit que le féminisme n'est bien que si on arrive à vivre sans les hommes, au point de refuser de consommer tout contenu culturel produit par un homme, qu'importe sa position politique (ce "régime" n'est que culturel, elle continue évidemment à profiter du confort de choses produites par des hommes). Elle veut qu' "ils paient". Elle parle d'eux comme Hitler aurait parlé des juifs. Elle trouve que l'hétérosexualité des femmes est un problème, et que les femmes lesbiennes sont plus exigeantes... parce qu'elles sont lesbiennes. C'est bien d'insulter 95% des femmes.

Les personnes LGBT ont essayé, pendant des années, de convaincre le reste de la population, qu'ils étaient parfaitement normaux, que leur seule différence résidait dans leur orientation sexuelle.
A. Coffin nous répète encore et encore dans son livre qu'être LGBT implique forcément un "activisme", une façon de penser, que cela "ne se limite pas à une attirance sexuelle". Elle n'arrive d'ailleurs pas à comprendre que des personnalités LGBT ne veuillent pas faire un "coming out" sur un plateau télé, en imitant les coming out à l'américaine, qui sont de véritables spectacles selon elle, ou qu'elles ne souhaitent pas être associée à un quelconque activisme (avec des activistes comme Coffin, est-ce surprenant?)
Elle n'a pas de problèmes à traiter ces gens souhaitant simplement vivre leur vie paisiblement qu'ils sont "égoïstes et ingrats". Parce qu'ils ne veulent pas rappeler qu'ils sont gays à chaque fois qu'on parle d'eux.
Ses descriptions des lesbiennes sont d'ailleurs risibles: les lesbiennes sont forcément dévouées à autrui, forcément activistes, le "condensé de la rage des femmes", "plus intelligentes", des "génies universalistes", forcément vertueuses selon sa logique. Est-ce qu'une lesbienne est vraiment lesbienne si elle en désaccord avec Coffin?

Et je conseille le plus sérieusement du monde à Mme Coffin d'aller voir un bon psychiatre, parce qu'avoir des idées pareilles en tête constamment doit être une torture au quotidien. Elle est très sérieusement paranoïaque, complexée, avec une vision du monde et de la place que devrait avoir son orientation sexuelle dans sa vie absolument délirante.

Non, il n'y a pas de conspiration mondiale des hommes contre les femmes. La majorité des hommes ne sont pas des ordures, des violeurs, des brutes, et encore moins des assassins. Ce n'est pas parce qu'il y a des mauvais pères et des mauvais maris que la figure du père et du mari est une invention du "méchant patriarcat", que la présence d'une figure paternelle est inutile pour le bon développement d'un enfant. Les gens ne s'opposent pas forcément à la PMA pour toutes parce qu'ils n'aiment pas les femmes qui font leur vie sans les hommes.

C'est encore pire si les hommes en question sont blancs. Alors que ce sont dans les pays des hommes blancs que les femmes et les LGBT sont les plus libres. Encore une fois, très logique de sa part.

Sans parler du fait que la plupart des exemples de "pouvoir masculin" qu'elle donne sont une ultra-minorité d'hommes qui emmerdent tout le reste de la population, hommes comme femmes? Les hommes au gouvernement ne sont absolument pas des cas généraux. Mais comme elle vit dans un entre soi bobo, où elle a vécu quasiment toute sa vie (elle est allée au lycée Condorcet, un lycée ultra-privilégié, un des meilleurs de France), elle ne s'en rend absolument pas compte.

Aussi, dans son livre, Coffin se confesse, nous montrant des pensées parfois très intimes ... qui montrent encore plus son besoin d'accompagnement psychiatrique. Par exemple:

-lorsqu'elle était encore en couple hétérosexuel, elle se sentait mal parce qu'elle en ressentait du "contentement", qu'elle avait l'impression que tous les regards sur elle étaient forcément des "regards de validation", et qu'elle "offrai(t) du bonheur" aux autres en étant en couple hétérosexuel. Comme si tous les gens qu'elle croisait étaient obsédés par sa vie personnelle, se réjouissaient simplement parce qu'elle rentrait dans "le cadre".

-elle est incapable, tout le long du livre, de comprendre que quelqu'un puisse avoir un avis différent du sien sans être un être diabolique ou sous l'emprise de quelqu'un.

-ses complexes et problèmes sont toujours la faute de quelqu'un d'autre. Elle est complexée par les actrices au cinéma (parce qu'elle n'arrive pas à les imiter)? Elle en veut au cinéma. Elle n'a pas eu de modèle lesbien à la télé, ce qui fait qu'elle ne pourra jamais être une "lycéenne lesbienne"? On lui a volé dix ans de sa vie (pas de précision sur le "on"). Lorsqu'elle parle de son alcoolisme, elle mentionne un programme de désintoxication en plusieurs étapes, et elle ne comprend pas qu'il y ait une étape où il faut faire des excuses à son entourage (l'alcoolisme fait souvent des ravages dans l'entourage, ce qu'elle omet complètement). Selon elle, c'est inutile, non, il faut plutôt qu'elle aille demander des explications à ceux qui ont "tiré profit de (s)on alcoolisme". Qui a profité de son alcoolisme, alors qu'elle dit avoir bu en cachette?
-Et, elle est très modeste . Dans le premier chapitre, au tout début du livre, pour prévenir les reproches, elle compare son livre à une oeuvre incomprise, qui finit par révéler sa beauté malgré toutes les critiques, parce que les gens qui détestent, n'ont tout simplement pas compris, n'est-ce pas?

Pour ne citer que ça.

Et l'apologie du journalisme biaisé aussi. Comme si ce n'était pas déjà suffisamment un problème. A vrai dire, c'était le seul moment drôle du livre, parler du Monde, du Libération et de 20 Minutes comme d'affreux journaux intolérants (alors qu'ils sont déjà bien à gauche)

Bref, je ne conseille pas ce livre si vous n'aimez pas le manque de logique, l'intolérance, la bêtise, et les leçons de morale de la part de petites bobos parisiennes privilégiées. Parce que oui, Coffin est mille fois plus privilégié qu'au moins 95% des hommes de ce pays, qu'importe leur couleur de peau.
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Alice in W'ander'Land !
Chaque période de rupture est, à l'instar de celle que nous traversons, marquée par l'émergence de figures singulières, au discours dissonant. Alice Coffin est clairement de celles-là ; les réactions hystérisées qui accompagnent les citations tronquées de cet ouvrage le disent assez. L'idée n'étant pas d'être d'accord ou pas, mais d'accepter l'espace d'un livre de regarder notre société avec ses yeux à elle - qui ne se ménage pas non plus au passage, mais nous propose généreusement (oui, généreusement) une expérience inestimable : celle du doute. Merci.
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Dans son essai "Le génie lesbien", Alice Coffin évoque ce qu'implique l'homosexualité féminine au XXIe siècle en France ainsi que son activisme au sein du groupe féministe La Barbe qui tend à dénoncer le monopole du pouvoir par quelques hommes blancs. Elle aborde également l'extension de la procréation médicale assistée pour toutes et la libération de la parole des femmes après #Metoo
Alice Coffin exorte les femmes à faire entendre leur voix dans la sphère publique car la parole des femmes est pratiquement absente dans cette société dominée par les hommes. La vision sociétale actuelle de la femme est en fait celle des hommes; en aucun cas celle des femmes. Il existe une oppression spécifique des femmes au bénéfice des hommes, résultant avant tout du patriarcat. Elle fait l'éloge de l'indispensable sororité et montre que l'oppression des femmes est socialement construite.
Mais Alice Coffin tient aussi des propos très radicaux : «Concentrons, en public, nos attaques contre les hommes [...] Soyez exigeantes, devenez lesbiennes [...] Il ne suffit pas de nous entraider, il faut, à notre tour, les éliminer ( les hommes ). Les éliminer de nos esprits, de nos images, de nos représentations. Je ne lis plus de livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n'écoute plus leurs musiques. [...] Les productions des hommes sont le prolongement d'un système de domination. »
Alors que dire de plus, tout est aussi extrême. Son discours est sectaire, manichéen et excluant.
Je n'ai pas supporté cette violence anti-hommes, le féminisme est un combat contre les structures patriarcales et non pas contre les hommes en tant qu'individus, le combat c'est l'égalité femmes-hommes et la fin du patriarcat. L'émancipation des femmes n'est pas un enjeu secondaire mais la misandrie tout comme la misogynie sont totalement à proscrire. Je n'ai donc pas fini ce bouquin trop radical et excluant.
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J'ai découvert Alice Coffin lors d'un débat télévisé et ce personnage, limite caricature, au ton outrancié m'avait laissée dubitative... J'ai pourtant un a priori positif pour la cause lesbienne, raison de plus pour ne pas m'arrêter à ma première impression.

J'ai donc voulu lire son livre, comme je lisais les hebdos féministes à la fin des années 70 "Des femmes en mouvements" MLF car, oui, mon intérêt est de longue date.

Le problème c'est qu'Alice Coffin mélange tout et qu'avec elle, en soutenant la cause des femmes, on soutient aussi le communautarisme, le wokisme et toutes les causes d'extrême gauche. Et finalement, elle obtient l'exact contraire du but recherché : le rejet.

Cette personne vit en vase clos, avec des interlocuteurs dont les propos tournent en boucle sur le même sujet, tout ce petit monde se monte la tête, à 1000 lieues de la vraie vie et s'étonne ensuite de ne pas susciter l'adhésion...
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Un torchon rempli de haine, de raccourcis intellectuels et de contradictions inavouées, qui n'a pas dépassé la représentation la plus primitive des rapports homme-femme et évoque par la même des caricatures grossières d'hommes des cavernes complètement bestiaux et irrespectueux, ceci témoignant grandement de l'inculture d'Alice Coffin, qui traite avec beaucoup de légèreté toute la complexité de l'histoire de l'humanité, dont le lien qui a toujours évidemment eu cours entre les deux sexes est infiniment plus riche et passionnant quand on s'est intéressé à cette thématique depuis les angles philosophique, religieux, symbolique et spirituel.

Et ce qui m'agace le plus dans cette histoire, c'est la couverture médiatique qui met de plus en plus souvent en avant d'arrogants provocateurs sans profondeur qui balancent de l'huile sur le feu et contribuent à l'inertie du débat public, au détriment d'individus qui cherchent au contraire à renouer des liens sans cesse plus complexes à renouer en ces temps troublés où nous sommes quotidiennement secoués dans toutes les directions.

Le devoir d'effort et de respect dépasse largement la question des sexes, l'obscurantisme dans lequel nous vivons est actuellement terrible, il faut savoir trouver la force de s'élever au dessus de cette hystérie ambiante pour ramener les débats à des questions constructives et essentielles, si l'on veut vraiment dialoguer, échanger, entendre et écouter. Pour ma part je suis plus que las des monologues, des gens en guerre avec eux-mêmes à un stade tel qu'ils ne voient ni ne considèrent plus jamais l'Autre... et pourtant, je reste convaincu qu'il n'est jamais trop tard, pour changer de dynamique.
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Le livre de madame Coffin est une bouffée d'air frais dans ce monde patriarcal blanc tellement habitué à se considérer comme la norme qu'il en oublie toutes les autres réalités. Aveugle à la différence sous couvert d'universalisme. Des médias avec bien peu de recul critique, des pans culturels entiers qui s'entretiennent dans un entre soi misogyne et délétère. Toute une partie de l'humanité que l'on muselle. La résistance nécessaire et vitale.
Je ne suis pas surprise que les notes soient, pour le moment, majoritairement faibles sur ce site où les autrices sont classées "auteur féminin" dans les mots clés. le progrès ça dérange. le progrès c'est inconcevable pour certain·e·s car ça chamboule tout dans leur petit monde, et la peur du château de cartes face au vent prend le dessus.
Pourtant Alice Coffin signe un livre d'une intelligence et une honnêteté intellectuelle qui sont bien rare de nos jours, et l'accueil qu'il a reçu dans les médias est exactement tout ce qu'elle dénonce à l'intérieur. CQFD.
Voir des femmes comme elle m'inspire quotidiennement, la lecture de ce livre est enthousiasmante et revigorante.
Il y a pour sur un génie lesbien et madame Coffin en fait partie.
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Je me suis glissée dans la tête d'une lesbienne, activiste, élue, journaliste, essayiste. Autant vous dire que cet univers est à mille lieues du mien.

De la non-neutralité journalistique.
C'est surement là que j'ai appris le plus. La neutralité journalistique n'existe pas: on agit dans notre vie professionnelle avec notre histoire et nos convictions. Mais Alice Coffin va plus loin puisqu'elle défend l'idée que c'est grâce à cet activisme qu'elle est mieux placée pour parler de certains problèmes sociétaux. Pourtant, à cause de son activisme, elle est systématiquement mise à l'écart en tant que journaliste.

De l'importance du comingout.
Partie qui a le plus bousculé mes convictions. J'étais plutôt à prôner le "On s'en fout de l'orientation sexuelle des gens". En effet, dans le monde de Oui-Oui.
Dans notre monde, l'orientation sexuelle est un enjeu majeur d'exclusion et d'identification. Toute la sphère publique étant hétéronormée, comment exister publiquement quand on n'est pas hétéro? Comment accueillir celles et ceux qui ne sont pas hétéros?
Aujourd'hui on peut remercier tous les comingouts du passé.

De privilégier la culture féminine.
Trois-mille ans d'invisibilité, de vol, d'interdictions méritent qu'on se penche un peu plus sur la culture des femmes. Sur ce point, Alice Coffin prêche une convaincue. La culture féminine existe et j'ai bien l'intention de la découvrir et de la valoriser.

Du pouvoir des lesbiennes.
Je me doutais un peu de ce que cachait le titre ayant lu d'autres essais sur les luttes féministes. Les lesbiennes, détachées de tout besoin de séduction des hommes, ont été de toutes les luttes, souvent en cachant leur lesbianisme sous peine de mort.

Voilà pour les points qui m'ont le plus marquée, mais il y en a beaucoup d'autres. C'est foisonnant, bien écrit, étayé et intelligent. D'où le déferlement de haine à la sortie du livre: Alice Coffin bouscule l'ordre établi de manière posée et argumentée. Les chacals se sont jetés sur elle en la traitant de haineuse et d'extrémiste. Comme toujours quand une femme entre en résistance.

Lien : https://carpentersracontent...
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Il faut savoir que je lis très peu de non-fiction, parce que je trouve la lecture d'un essai bien plus difficile que celle d'un roman, j'ai en général beaucoup de mal à rester concentrée, mais ce titre m'intriguait beaucoup. Je l'ai finalement lu dans le cadre d'un bookclub féministe, ça m'a d'ailleurs beaucoup motivée de pouvoir échanger au fur et à mesure avec les autres.

Cette lecture m'a beaucoup apporté. On y parle de sujets qui me sont chers, comme l'inégalité des chances pour une femme dans le milieu professionnel, ou l'importance capitale de représenter la diversité dans la culture, de voir les minorités dans les livres et à l'écran.
Tous les points soulevés étaient intéressants et même si je ne partage pas toujours l'avis de l'autrice, je suis ravie qu'elle ait attiré mon attention sur certaines questions. Ravie qu'elle ait abordé, aussi, la dissociation d'une oeuvre et de son auteur qui pose tant problème. Doit-on arrêter de voir des films qui nous plaisent, parce que leur réalisateur a agressé sexuellement plusieurs actrices ? Elle fait débat cette question, plus largement adaptée à d'autres cas de figure, et j'ai apprécié l'absence de ton moralisateur, qui nous laisse comprendre que l'essentiel est de prendre conscience de la réalité, sans appel au boycott total ou à la censure.

Finalement, ce que je retiens, c'est que ce texte ouvre beaucoup de pistes de réflexion, il m'a amenée à penser autrement et si tous les arguments proposés ne m'ont pas satisfaite, je pense avoir désormais plus d'outils pour forger ma propre opinion.

Ce livre est écrit par une militante lesbienne, mais ça ne veut pas dire qu'il ne doit être lu que par des lesbiennes. Au contraire. Ce livre est pour tout le monde. Lisez-le.
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J'ai lu ce livre parce que je m'intéresse à tout ce qui est lié au féminisme, parce que j'aime me confronter à des idées qui ne sont pas les miennes, et parce que ce livre a reçu des critiques assez vigoureuses de personnes dont je me suis parfois demandée si elles l'avaient bien lu - picorer des extraits lus ici ou là dans la presse, ce n'est pas très difficile de nos jours.

Les phrases qui ont fait couler le plus d'encre sont sans doute celles-ci : Je ne lis plus les livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n'écoute plus leurs musiques. (…) Les productions des hommes sont le prolongement d'un système de domination. Elles sont le système. L'art est une extension de l'imaginaire masculin. Ils ont déjà infesté mon esprit. Je mes préserve en les évitant. Commençons ainsi. Plus tard, ils pourront revenir.
J'ajoute que, le plus souvent, les deux dernières phrases ont été tronquées quand la citation est mise. Alors, même si je ne cesserai jamais de lire des livres d'hommes, je comprends le raisonnement en ce qui concernent les films - surtout que le raisonnement d'Alice Coffin s'étend bien au-delà de ces phrases. Regardez les films avec un oeil neuf. Regardez comment le réalisateur regarde les femmes - parce que le constat est là, les réalisatrices sont rares et quand elles existent, on leur pose des questions en tant que femmes (qu'est-ce que ça fait d'être une réalisatrice ?), non en fonction de l'oeuvre qu'elles ont à défendre, ce qui, bien sûr, ne viendrait jamais à l'esprit d'un journaliste qui interroge un réalisateur. Je pense aussi à ce cliché des critiques cinématographique "c'est un beau portrait de femmes". Oui, mais ce portrait, c'est peut-être ce que les hommes attendent des femmes, la façon dont ils la voient, et parfois, cela peut être consternant.
Je reviens aussi sur sa volonté de soutenir les femmes, toutes les femmes, même celles avec lesquelles elle n'est pas d'accord. Elle montre aussi le monde du journalisme profondément misogyne, pour ne pas dire machiste. Pour informer réellement, le travail est encore long - voici trente ans, mon professeur de français ne croyait déjà pas vraiment à l'impartialité de la presse, pas grand chose ne semble avoir évolué de ce côté-là.
Il est question de militantisme, aussi, il est question également de coming-out, et de "forcer", si c'est bien ce que j'ai compris, les personnalités homosexuelles à révéler leur homosexualité. Je ne suis pas d'accord avec son argumentaire, et peu importe ce que l'on pensera de moi. J'apprécie les personnalités qui ne parlent pas de leur vie privée, qui ne montrent ni leurs conjoints, ni leurs enfants. Ils en ont le droit, quelle que soit leur orientation sexuelle. Pour moi, dévoiler quelqu'un de force est une atteinte à sa vie privée - pire encore si c'est à titre posthume. Tout le monde n'a pas envie de combattre, d'être militant, et être une personnalité publique ne doit pas forcer les membres de son entourage à être dans la lumière. Bref, pour moi, outer quelqu'un, c'est dégueulasse.
Idem sur le fait d'être lesbienne. Je ne crois pas qu'être lesbienne préserve de la violence conjugale (oui, je fais un raccourci), je crois au contraire qu'il est beaucoup plus difficile de parler de violence conjugale si l'on est en couple avec une personne de même sexe. Se passer du regard des hommes, oui, devenir lesbienne, non. Je ne pense pas non plus qu'être lesbienne soit supérieur à être hétérosexuel, je ne pense pas que l'on choisit, et si je peux comprendre que des femmes lesbiennes aient souffert de leur non-représentation dans la littérature, plus encore dans la littérature jeunesse, je tiens à dire que les représentations des jeunes filles dans la littérature jeunesse sont le plus souvent stéréotypés.
Quant à la PMA pour toutes, je suis d'accord avec le fait que les gouvernements successifs ont été frileux. Ils le sont encore, d'une certaine manière, si l'on regarde de près les textes de loi.
Et, pour terminer sur une belle platitude, un livre que j'ai trouvé intéressant à lire.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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« Sois heureux, petit-livre-fille.Il ne faudra pas te plaindre quand finalement tu paraîtras désuet et suranné, quand tu seras aussi démodé que les crinolines d'il y a une génération. Ne te lamente pas si de jeunes personnes te lisent en faisant pffff, des ah et des bof, se demandant de quoi tu peux bien parler. Réjouis-toi, petit-livre ! Car ce jour là nous serons libres. »
Joanna Russ, extrait, L'Autre Moitié de l'homme.1975
En attendant petit-livre fille, malheureusement, tu es bien d'actualité. Et je ne suis pas loin de penser qu'en France, du moins ( considérant les retards de plus en plus criant et nombreux que notre société s'acharne à produire et entretenir ) ce n'est pas demain que ton sujet tombera en désuétude. Alors, la colère est Manisfeste.
Le livre d'Alice Coffin a provoqué bien des remous dans la sphère médiatique. Et ce n'est pas son titre qui en est la cause, mais bien l'état du journalisme en France qui est dans cet ouvrage analysé.
Communautés…. Voici un mot qui depuis quelques temps tourne, virvolte, siffle, souffle dans tous les débats. Sexualité, religion, politique... Tout est amalgamé. Force est de constater que ce mot est devenu sur le champ des échanges publics une grenade ou une patate chaude selon l'éclairage des salles de rédactions.
Coffin explique clairement la différence qui peut exister entre un journalisme américain et un journalisme à la française, à notre époque. le fait de ne pas concevoir qu'un.e journaliste représentant une communauté ne serait pas légitime pour couvrir un sujet concernant la communauté à laquelle ielle appartient, est sans doute la pire erreur que nos médias s'évertuent à reproduire.
Ainsi doit-on se contenter d'un journalisme hors cadre, hors champ, totalement déconnectés, dont les investigations se trouvent biaisés, réduites, aseptisées.
Et je pense que cela explique l'appétence grandissante que les médias éprouvent pour les avis des «  experts ».
Comment sinon traiter d'un sujet lorsqu'on ne sait pas de quoi on est entrain de parler…. ?
Ce n'est pas la vision du lesbianisme qu'exprime Coffin qui a dérangé un certain monde médiatique, c'est la critique du monde auquel l'auteure appartient. Car elle connaît son sujet. Tous les sujets dont elle traite. Féminisme, hétérosexualité, homosexualité, communautés, féminicide, militantisme, engagement politique.
Oui c'est une activiste, militante , convaincue Elle connaît les chiffres des massacres des massacres de femmes à travers le monde. Elle en connaît la source. Nous la connaissons .
J'entends sa colère, son radicalisme. Certain.e.s crieront à l'exagération, à la folie d'un activisme féministe exacerbé. Mais regardons les chiffres, et ce sont des larmes de sang qui nous viennent. Héritière de Wittig, Alice Coffin est une Guérillère. Je ne crains pas son discours tranchant percutant. Je le reçois. C'est un combat. Et à le lire, je vois mieux pourquoi sa parution a pu susciter tant de haine parmi les rétrécis du cortex cérébral qui tentent par tous les moyens de s'accrocher, avec hystérie, à leur vieux monde.
Astrid Shriqui Garain



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