Je vous emmène à Grana dans le Val d'Aoste où les sommets culminent à plus de 4000. Deux amoureux fous, un brin originaux, s'y marièrent en 1962. Rejetés par leurs familles, ils étaient 4, le nombre minimum pour célébrer une union. Rien de plus naturel donc que de fuir la ville au moment des vacances pour aller s'y ressourcer. de cette union, naîtra un garçon, Pietro. Très vite, il est initié aux plaisirs de la randonnée. le père et le fils y réalisent de nombreuses escapades, de quoi tisser le fil de la complicité. Vient parfois se glisser dans cette intimité, Bruno, cet enfant des montagnes. Lui les regarde d'un tout autre oeil. Elles ne représentent pas ses vacances mais sa vie quotidienne, il y est né, il y mourra aussi. Entre les deux garçons du même âge, le jeu de la concurrence et le sentiment de jalousie viennent parfois troubler les relations. Les année passent et puis un jour, un drame vient assombrir le tableau, les cartes sont rebattues et commence alors une autre vie...
Ce roman d'apprentissage est d'une exquise beauté. Il montre tout ce dont les enfants ont besoin pour se construire et puis, cette nécessité, un jour, de s'affranchir de l'éducation de ses parents pour s'affirmer, décider de son propre chemin. Il y a de formidables passages sur la relation père-fils, si peu décrite dans la littérature en général, les femmes (mères-filles) y occupant une très grande place il faut bien l'avouer. Heureusement,
Paolo COGNETTI est là pour réduire un peu cette inégalité de traitement et il le fait avec beaucoup de talent.
Il évoque avec une infinie précision la relation de l'homme à la nature, et à la montagne plus encore.
Les descriptions des panoramas m'ont évoqué avec ravissement ce trek réalisé au Pérou. Il y a quelque chose de singulier, d'unique dans la découverte, la surprise...
Et comme à chacun à son altitude, à chacun sa manière de s'approprier la montagne. Avec elle, c'est tout un panel de disciplines qui s'offre à qui veut bien la conquérir.
Mais il ne faudrait pas réduire ce roman à cette seule dimension. Dans "
Les huit montagnes", il y a aussi un brin d'interculturalité,. J'ai beaucoup aimé la confrontation des univers des jeunes garçons et les mots attachés à chaque environnement social et urbain.
Enfin, il explore les relations humaines. Comme pour les montagnes, à chacun sa manière de les apprécier. Il y a celles et ceux qui, à l'image de la mère de Pietro, ont besoin d'y baigner et en font le sens de leur existence.
Et puis il y a les autres qui ont besoin de distance et d'isolement pour être soi-même.
La plume de
Paolo COGNETTI est absolument remarquable, elle est empreinte de sensibilité et d'humanité. Dans "
Les huit montagnes", il fait de la nature sa toile de fond pour examiner en profondeur ce qui compose chacun, ses origines, ses souvenirs, sa manière très personnelle et subjective d'apprécier la vie à sa juste valeur.
Un très beau roman initiatique.
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