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4,16

sur 1619 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman ? C'est le Petit Prince … des montagnes.

Un écrit initiatique et philosophique, piloté par un mandala tibétain à demi éponyme (et oui le titre a oublié les huit mers !).
De mon point de vue … montagnard, ce mandala reflète chacun d'entre nous face aux choix de sa vie.
Les deux jeunes héros, adultes en devenir, reflètent chacune des deux tensions, plus ou moins élastiques, présentes en nous face à ses choix, ses concepts de vie : gravir le Sumeru, au centre du mandala, ou escalader les huit montagnes, sans oublier de patauger dans les huit mers du cercle tibétain ! Quelque soit le choix, chaque chemin choisi est un tracé d'apprentissages.
Pour moi, chacun de nos choix est la résultante de ces tensions à la fois complémentaires et contradictoires. Ces va-et-vient plus ou moins élastiques, sont peut-être la résultante héritée de nos parents.
Ma mère qui est une sainte !
Mon père ce héros !

Entre ces deux modèles réside toute la difficulté de s'autonomiser qui sera d'autant plus difficile quand les parents ne savent même pas pourquoi ils ont procréé ensemble. Ambiance !
Bref, la construction de l'enfant est inévitablement schizo-machin-chose (préfixe pour exprimer la scission, la rupture ; machin-chose pour ne pas employer des mots grossiers que je ne maîtrise pas !).

Vous allez dire « hou là, il s'égare » !
Pas du tout. Les deux amis sont pour moi une seule et même personne, stratagème dont l'auteur use pour faire converser ses propres tensions intérieures : le choix entre le Sumeru ou les huit montagnes.

Conséquemment, Paolo Cognetti use de la montagne comme la quête de vie de chacun de nous. Il sait bien mettre en avant cet amour bucolique et les valeurs que représente une ascension : l'effort, l'endurance, la persévérance, la quête de l'Absolu. Avec au bout la récompense d'avoir conquis « l'inutile » comme l'écrivait Lionel Terray.
Moi aussi, j'ai connu cette utopie adolescente de reconstruction d'un hameau, de faire table rase du passé pour m'inventer mon monde. Une sorte d'ermite (pas trop quand même « il faut bien que le corps exulte ») vivant en autarcie vivrière et artisanale,

La première phrase du récit est « Mon père avait une façon bien à lui d'aller en montagne ».
J'allais écrire tout est dit ! Cette nécessaire quête du modèle masculin chez les garçons !
Seulement voilà, le père, orphelin, n'avait pas tranché entre la vie à la ville (le train-train sociétal) et celle à la montagne (la quête d'absolu, la vraie vie quoi!). Question intéressante pour la psycho-généalogie, non ?

Pour conclure, je dirais » si un livre me pousse à psycho-philisopher autant, c'est qu'il m'a plu. Je le prends donc en entier avec ses qualités (fluidité du texte, métaphores, recettes culinaires, …) et ses défauts (quelques longueurs, des détails inutiles, quelques redondances).
Logiquement, c'est cinq étoiles.


Ancelle, le 6 octobre 2023
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Comme en 2019, j'ai terminé 2020 en beauté. Les huit montagnes (2017) de Paolo Cognetti est un roman d'apprentissage poignant, un bel hymne à l'amitié et un magnifique hommage à la montagne.
(...)
L'été de ses onze ans, Pietro se rend pour la première fois avec ses parents à Grana, un tout petit village dans le val d'Aoste qui deviendra le pied à terre estival de la famille pour de nombreuses années. C'est là, à deux mille mètres d'altitude, que le petit citadin rencontre Bruno, un montagnard de son âge négligé par sa famille avec lequel il noue une amitié ressemblant à « un été sans fin ».

Grâce à son père et à Bruno, Pietro s'éveille progressivement à la beauté et aux secrets de la nature. Loin du bruit et des problèmes de Milan, son père revit au contact de la montagne et, en impitoyable compétiteur qu'il est, part à l'assaut des cimes comme si sa vie en dépendait, emmenant bientôt avec lui son jeune fils auquel il fait parfois prendre des risques inconsidérés. Les étés se succèdent et la relation entre père et fils se fait plus compliquée.

Les années passent, les garçons grandissent et la vie finit par les éloigner. Ce n'est qu'à la mort de son père et après plus de quinze ans de silence et d'absence que Pietro décide de retourner à Grana. Il y retrouve Bruno qui, fidèle à lui-même, l'aidera à se réconcilier avec son passé.

Les huit montagnes, c'est l'histoire d'une famille et des rapports parfois difficiles entre un père et un fils; c'est celle d'une longue amitié entre deux garçons que tout oppose, que la vie a éloignés avant de les réunir. C'est enfin et surtout une histoire d'amour de deux hommes pour la montagne.

Paolo Cognetti brosse le beau portrait tout en sensibilité d'hommes cabossés qui ont trouvé dans la montagne un refuge, un havre de paix et de sérénité. Il excelle tout autant à retranscrire l'infinie beauté de ces grands espaces naturels, à décrire les bienfaits d'une vie au plus près de la nature, mais sans pour autant céder à l'angélisme. Il pose ainsi un regard lucide sur les conditions de vie difficiles de ces montagnards qui ont choisi de vivre, souvent dans la plus grande solitude, au plus près d'une nature certes majestueuse mais pouvant également se révéler impitoyablement cruelle.

Les huit montagnes est un roman de toute beauté et d'une profonde humanité que je vous invite chaleureusement à lire si ce n'est pas déjà fait.



Lien : https://livrescapades.com/20..
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Une magnifique histoire, telle que je les aime, très épurée et simple, voir rude, comme le milieu dans lequel elle s'inscrit, la montagne, voir la haute-montagne. Certains diront que c'est une histoire filiale, d'un fils se remémorant son père, cet homme qui ne "vivait vraiment" qu'au-delà de la ligne des arbres, tentant de le comprendre après l'avoir repoussé adolescent. Pour moi, c'est surtout une histoire d'amitié, entre Pietro et Bruno, entre le citadin qui passait l'été à la montagne et celui qui y vivait vraiment, qui était façonné par la montagne, au point de ne pas pouvoir la quitter plus d'une demi-journée. C'est également l'histoire des montagnards, vestige d'un ancien temps, dur au labeur, maçon, agriculteur, fromager où il n'y a pas de place pour autre chose que la montagne et le travail. J'ai été frappé par le style, la véracité de certaines citations, toutes dites par Bruno le montagnard. Notre regard de citadin sur la "Nature", notre regard sur la montagne, si éloignée de la réalité des choses et tellement fantasmée.
"Et il disait : c'est bien un mot de la ville, ça, la nature. Vous en avez une idée si abstraite que même son nom l'est. Nous, ici, on parle de bois, de pré, de torrent, de roche. autant de choses qu'on peut montrer du doigt. qu'on peut utiliser. Les choses qu'on ne peut pas utiliser, nous, on s'embête pas à leur chercher un nom, parce qu'elles ne servent à rien."
Très belle lecture
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Je ne peux vous parler de ce livre de façon objective : il y ait question de montagne, d'alpages, de torrents, de randonnées, bref de mes vacances enfant, du plus loin que je me souvienne, puis de celles de mes enfants.
Alors ce roman c'est une Madeleine, j'entends, je sens la montagne à chaque page et ça fait vraiment du bien.
Sinon, c'est une belle histoire d'amitié que nous propose Paolo Cognetti, un roman de montagne « classique » qui n'est pas sans me rappeler Frison Roche, ou les dessins de Samivel.
Traduction de l'Italien par Anita Rochedy
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Piero et Bruno se rencontrent un beau jour à Grana dans les Alpes italiennes et vont construire peu à peu une amitié éternelle à travers d'abord l'intérêt qu'ils portent tous les deux à la Montagne; Piero, enfant de la ville est initié par son père, homme distant, passionné et qui rêve de ne plus redescendre de là-haut. Bruno est né en montagne et n'a connu que ça. Piero et Bruno vont construire ensemble et malgré de nombreux éloignements cette amitié faite de silence, de paysages à couper le souffle et de marches en montagne. Un très beau roman sur la transmission et l'amitié.
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Magnifique roman autour de la montagne, de l'amitié, de la famille, du respect de soi des autres, de la nature.
J'ai adoré me plonger dans ce roman quasi initiatique qui montre la beauté de la nature, de la montagne où il peut être pourtant si difficile de vivre, la beauté d'une amitié à travers les décennies et la distance que le destin peut parfois mettre entre deux personnes, la beauté aussi des relations entre des fils et leur mère, quand un père et leur fils ne savent pas communiquer.
Il y a dans ce roman une saveur particulière de liberté, de respiration, de lâcher prise.
Ce n'est pas un livre ordinaire qui va simplement décrire les tribulations d'un personnage, ce qu'il fait est mis au second plan. Ce livre rentre dans les sentiments profonds de l'existence d'un homme et de ceux qui ont compté dans sa vie.
Une ode au chemin de vie, le sien, celui qui respecte ses envies tout en prenant soin de ceux qu'on aime.
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Quel beau roman!
Une ode à la nature, à la montagne. Une réflexion sur la solitude, sur les relations familiales, sur l'amour, sur l'amitié, sur la vie.
Les questions existentielles sont abordées à chaque détour du récit, avec une douce poésie, un langage simple et chaleureux.
A la lecture de ce livre, on se sent à la fois nostalgique, triste, heureux, exalté, aventureux, langoureux...On est bercé par les saisons en montagne, on a le sentiment d'y être, puis d'y avoir été. On retrouve notre vie par moments, dans le miroir de celle racontée ici.
Ca fait du bien, du mal, puis encore du bien.
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Mon Giro lecture commence dans le nord de l'Italie, entre Milan et Grana, petit village de montagne où la mère du narrateur loue une maison- résidence secondaire pour s'éloigner de la ville bruyante et polluée et renouer avec la nature montagnarde.
Pietro rencontre Bruno lors d'un séjour estival à Grana : après une période où les deux jeunes garçons se jaugeront, une solide amitié naîtra entre eux.

Tandis que le père de Pietro, coureur de sommets à épingler sur sa carte, essaie de lui faire aimer la course en haute montagne, Bruno l'initie aux secrets de la montagne en parcourant, inlassablement, les alpages, les berges des torrents, la forêt et les glaciers. Pietro découvre une nature sauvage, âpre qui ne fait pas de cadeau à ceux qui s'y accrochent et tentent d'y vivre. Les baines sont à l'abandon, là-haut, dans les pâturages d'altitude, et les hommes taiseux.

Chaque séjour les lie profondément, chaque séjour fait découvrir au jeune Pietro une facette inconnu de son père, homme peu expansif et taciturne : quand le père pose le pied en montagne, il se relâche et n'a de cesse de gravir les pentes pour atteindre un des sommets de la chaîne alpine. Gravir, marcher et ce sans s'arrêter pour profiter des paysages grandioses : seule compte l'arrivée au sommet. Bien plus tard, une fois adulte, Pietro découvrira les « traces » laissées par les coureurs de sommet, dans une petite boîte en fer, dont celles de son père. Pietro ne parvient pas à adhérer à l'enthousiasme montagnard de son père et un jour il refusera de l'accompagner marquant la rupture avec l'enfance. le tout sous le regard parfois goguenard de la mère, le lien entre le père et le fils, elle qui sait si bien jouer la partition du couple pour désamorcer les conflits. Elle s'accommode de son époux pour mieux vivre sa vie.

La vie séparera les deux amis, Pietro ira à la fac puis deviendra réalisateur, Bruno sera maçon, comme son paternel, et construira des maisons. Pietro quittera une montagne pour une autre qui lui en redonnera le goût : les Alpes italiennes laissent place au Népal et à l'Hymalaya. Etre loin recentre Pietro, le réconcilie avec lui-même mais pas avec son père.

Le cercle enchâssant la symbolique des huit montagnes fera que Pietro reviendra dans son Val d'Aoste à la mort de son père. Ce dernier lui lègue une cahute brinquebalante, une barma qu'il remontera avec Bruno, créant ainsi un point d'ancrage, un refuge, au coeur d'une montagne aussi grandiose que dangereuse.



« Les huit montagnes » est un roman envoûtant par la tristesse ineffable qui s'en dégage malgré les beautés que la nature offre généreusement à celui qui sait être à son écoute. On peut passer sa vie à ne pas comprendre celui qui vous a engendré, on peut passer le reste de sa vie à le regretter sans pouvoir y remédier. On ne revient jamais en arrière, on atteint, dans le cycle de la roue, le point que l'on a quitté des années auparavant, le regard changé et apaisé.

Paolo Cognetti écrit l'intime et le grandiose avec authenticité, avec une magnifique simplicité dans les mots, dans les propos des héros. La simplicité apporte une force narrative dont on ne se lasse pas. On est dans la montagne, à la suite des deux galopins, on suffoque lorsqu'on gravit, derrière le pas alerte du père, on s'extasie devant les scènes vivantes offertes par une montagne fière, lumineuse, chafouine et parfois sombre. On participe à cette ode à la nature qui nous rappelle combien elle est précieuse.

La montagne, univers mystérieux, dépaysant et terrifiant, pour celui, et j'en fais partie, qui n'y est pas né, qui ne la connaît pas et qui ne sait pas l'apprivoiser. Elle peut achever les plus coriaces et les avaler sans qu'ils laissent aucune trace avant le printemps suivant ou conserve à jamais le mystère d'une disparition.

J'ai été charmée par le roman de Paolo Cognetti, auteur que je ne connaissais pas : l'histoire d'une amitié intense que l'éloignement n'entame en rien. Dix ans peuvent passer sans pour autant rendre deux amis étrangers l'un à l'autre. J'ai également apprécié la justesse des mots et des émotions, notamment la tristesse, fil conducteur silencieux et discret du roman.
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Paolo Cognetti nous emmène dans le Nord de l'Italie. On y suit l'itinéraire de Pietro, un garçon qui grandit entre sa vie citadine à Milan et ses étés en montagne dans le Val d'Aoste. Sa jeunesse avance au rythme de ces mois passés à tutoyer les sommets et les alpages. Il y noue une amitié forte avec Bruno, un enfant des alpages. Jamais ce dernier ne descendra de sa montagne, ou alors pas longtemps…

Enfants, ils font les 400 coups dans la forêt, entre les ruines de chalets et de fermes de cette montagne éloignée de l'exploitation touristique. Bruno fait découvrir ses montagnes au petit citadin. En grandissant, ils suivent le père de Pietro qui les emmène grimper sur les sommets, marcher sur les glaciers. Les années passent et cette amitié perdure, malgré tout : « Si ça n'avait tenu qu'à nous, nous ne nous serions pas appelés pendant des années, comme si notre amitié se passait d'entretien. ». Les vies de Pietro et Bruno avancent et s'entrecroisent années après années. Des vies bien différentes illustrées par la métaphore des 8 montagnes… qu'on vous laisse découvrir en lisant le livre 🙂 !

Une histoire d'apprentissage, de filiation, d'amitié
Paolo Cognetti nous fait partager cette amitié profonde dans une montagne qui est bien plus qu'un décor. C'est un véritable personnage de l'histoire. le père de Pietro, passionné par ses sommets, Pietro et Bruno, tels deux frères élevés sur ses pentes. Et la vie qui s'y déroule, si dure et si simple. Et toujours ce même endroit pour franchir les délicates étapes de leur existence.

Les huit montagnes a obtenu le Prix Strega, l'équivalent du Prix Goncourt en Italie. Il a été traduit de l'italien par Anita Rochedy. Cognetti est également l'auteur du Garçon Sauvage, qui se passe dans un décor assez proche, et qui raconte son séjour initiatique dans ces montagnes du Val d'Aoste.
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Piero a 11 ans. Chaque été pour les vacances, il se rend dans les Alpes avec ses parents, qui se sont rencontrés en montagne et pour qui c'est à chaque fois un petit pèlerinage. Il y fait la connaissance de Bruno, un enfant de montagnards qui n'a jamais quitté sa vallée, et naît entre eux une amitié aussi solide que les rochers sur lesquels ils vivent mille et une aventures. Puis ils grandissent et la vie inévitablement les sépare, mais pas complètement. Les huit montagnes est un magnifique récit, surtout à mon avis pour les personnes qui ont expérimenté ce que sont les randonnées en montagne, les torrents, les glaciers, les ascensions et les séjours en refuge.
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