Les Huit Montagnes, ce sont celles qui entourent dans la mythologie bouddhiste tibétaine le mont Sumeru. Certains hommes passent leur vie à s'échiner à les escalader toutes, d'autres restent sagement assis au centre, au sommet du monde.
C'est l'image qui guide ce livre, la différence entre deux êtres liés par la vie mais dissemblables dans leurs existences. L'un d'en bas, l'autre d'en haut. Un taiseux et un plus extraverti, un maçon et un artiste, un citadin et un rural, un voyageur et un qui reste dans sa vallée...
Bien sûr, et fort heureusement, tout est beaucoup moins manichéen dans le livre !
Bruno et Berio, nos deux héros, ne sont pas aussi radicaux dans leurs personnages que je l'ai rapidement esquissé ici !
L'intrigue, issue de la vie de l'auteur, se déroule dans une des hautes vallées sous le Mont Rose, entre Suisse et Italie. L'un vient avec ses parents passer toutes ses vacances dans un hameau, et finit par se lier d'amitié avec un garçon de son âge avec qui il enchaîne les escapades et les découvertes. L'âge adulte et les études les séparent, mais la vie et la mort du père organisent les retrouvailles.
Du point de vue de l'intrigue, pas besoin d'en dire d'avantage, il ne s'en passe pas tellement plus. Juste suffisamment pour toucher à l'intime, à un peu d'universel, à la quête du bonheur, personnelle et collective, aux relations humaines, aux personnalités.
Le style est sobre, simple, les phrases courtes et rythmées, on n'est pas dans la recherche formelle incompréhensible bien au contraire. Pour autant le récit ne manque pas de poésie, ni dans les descriptions de la nature, ni dans celles des personnages et de leurs états d'âme ; mais toujours avec un vocabulaire simple et accessible, très humain comme ses personnages.
Un livre court mais puissant, avec des personnages forts, dans un environnement que j'adore et qui affronte le monde, où tente de s'y retrouver... beau !