Montagnards de la première heure ou citadins invétérés, alpinistes émérites ou randonneurs du dimanche, n'hésitez plus, prenez donc un peu d'altitude !
Ouvrez
les huit montagnes et voyez : là-haut tout est différent.
Pas toujours plus simple, non - il y a le froid et la solitude, la désertification massive et les situations matérielles précaires, il y a les réveils à l'aube pour s'occuper des bêtes et des vies entières vouées aux travaux de la terre - mais plus pur, tellement plus vrai.
"Là-haut" c'est Grana, au coeur du Val d'Aoste. Des roches et des torrents, quelques âmes rudes et valeureuses, des forêts, des glaciers et des neiges éternelles comme autant de "souvenirs des hivers anciens que la montagne garde pour nous"...
C'est là qu'est né Bruno - comme tous ses aïeux avant lui - et c'est là que Pietro, le narrateur, monte chaque été en compagnie de ses parents, fous de sommets alpins et de marches en montagne.
Entre Bruno et Pietro commence une formidable histoire d'amitié et de fidélité, empreinte de fraîcheur et d'innocence, qui se développe à mesure que croît leur passion commune pour cette terre reculée et sauvage.
Tout n'y est pas forcément rose ; nombreux sont néanmoins les instants de grâce. Savoir prendre son temps, marcher en silence, gravir la prochaine crête puis la suivante encore, s'émerveiller à chaque pas d'un paysage toujours renouvelé. Chercher son bonheur dans l'effort d'une ascension, dans la simplicité d'un verre de Strega partagé, dans la contemplation d'un bouquetin ou d'un ciel étoilé.
Vous l'aurez compris :
les huit montagnes, c'est la garantie d'un grand bol d'air frais et des panoramas à couper le souffle.
C'est aussi une histoire de famille émouvante avec ses anecdotes plus ou moins heureuses, ses joies mais aussi ses petits et ses grands ratés...
Alors que les adolescents grandissent, leurs chemins peu à peu divergent et Pietro, embourbé dans une relation délicate avec son père, prend ses distances avec Grana. C'est pour lui l'occasion de faire le point sur son existence et de nous livrer, tout en finesse et en poésie, quelques vérités lumineuses sur la vie, les choix qui la façonnent, l'héritage familial et le poids des regrets, celui des mots lâchés trop vite et celui des phrases tues trop longtemps...
La quatrième de couverture parle d'un "grand roman d'apprentissage et de filiation", et pour une fois elle dit vrai.
J'ajouterai que pour un premier roman c'est une belle réussite, déjà époustouflante de maturité et de sincérité, l'oeuvre d'un jeune auteur talentueux à l'écriture sobre, limpide comme un lac de montagne, qui aère joliment la tête.
Qui a dit que le nature-writing était l'apanage des Américains ?
Tentez donc l'aventure et
Paolo Cognetti vous convaincra du contraire !
L'excursion qu'il m'a proposée dans les alpages italiens m'a fait un bien fou, à moi qui ai passé comme Pietro des étés merveilleux en montagne : je réalise mieux aujourd'hui combien ces paysages enchanteurs me manquent...
J'aurais voulu que cette lecture ne s'achève pas. J'aurais voulu rester là-haut avec Pietro et Bruno.
Après tout, n'ont-ils pas raison ? "Qui redescendrait, s'il avait le choix ?"