Il y a plusieurs façons d'apprivoiser les montagnes.
Comme scientifique, à la façon des premiers pionniers qui se sont aventurés plus haut que les choucas.
Comme alpiniste, pour défier les lois de la pesanteur et repousser toujours plus loin les limites de la résistance humaine.
Comme touriste, comme randonneur en quête de sensations nature, ou comme artiste attiré par les paysages sublimes, les rocs, les cascades, les fleurs sauvages et les vallées perdues.
Et puis il y a les poètes et les écrivains, voyageurs qui ne recherchent ni l'exploit ni l'exotisme, qui ne craignent pas un peu d'inconfort et de frugalité.
Ceux pour qui marcher est un besoin, un acte de liberté, une forme de méditation à la portée de tous. L'altitude nous amène toujours à un état de détachement et de béatitude. Ermite, berger ou vagabond, on se sent différent en dépassant la zone civilisée des chalets d'alpage.
Il n'y a plus que le sentier, la rumeur du torrent, le vent, le soleil, le regard qui porte loin, le poids du sac, la lumière qui traverse les nuages.
Paolo Cognetti part au bout du monde pour retrouver des sensations éprouvées lors des randonnées faites dans les Alpes trente ans auparavant. Il nous parle d'un monde qui s'efface, qui disparait au fur et à mesure que l'urbanisation avance. le goudron, le béton, les télésièges, les clubs med et les autocars avancent inexorablement. Les sociétés montagnardes agonisent et les vieux chalets en lauzes s'effondrent.
On partage la tristesse et la nostalgie de l'auteur, qui évoque un monde imaginaire dont feraient partie tous les montagnards du globe, reliés par un mode de vie, des habitudes propres à ceux qui vivent en autarcie dans un climat rude.
Montagnards de tous les pays, de l'Himalaya, des Andes ou des Alpes, peut-être allez vous disparaître. C'est ce que semble craindre
Paolo Cognetti au terme de son périple himalayen, qui se conclut sur une note plutôt mélancolique.