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sur 618 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Solal des Solal est le fils du grand rabbin de Céphalonie. À 13 ans, il tombe amoureux d'Adrienne de Valdonne, la femme du consul de France. À 16 ans, aimé de retour, il consomme cette folle passion et s'enfuit à Florence avec son amante. Mais Adrienne regrette ce coup de tête et l'abandonne. Rejeté par son père, Solal se rend en France pour terminer ses études. On le retrouve à 21 ans à Genève. Il n'a pas oublié Adrienne et cherche comment la reconquérir et la faire plier à son amour. « Adrienne n'avait qu'à attendre et à mijoter dans sa souffrance. Il irait quand il lui plairait et il ne l'en trouverait que mieux cuite. » (p. 80) L'ancienne consulesse se laisse reprendre, mais Solal s'en lasse et s'éprend d'Aude de Maussane, la future belle-soeur d'Adrienne et la fille du premier ministre français. À force de séduction et de caresses, Solal se fait aimer de la fille et du père : il obtient la main de la première et un ministère de la part du second. Est-ce enfin l'accomplissement, le bonheur serein ? Rien n'est moins sûr tant Solal est un être insatisfait.

Solal est un être orgueilleux, ambitieux et habile à saisir toutes les opportunités qui se présentent à lui, mais il est incapable de canaliser son énergie et de faire aboutir ses désirs, comme s'il estimait qu'après avoir donné l'impulsion première, les choses devait se poursuivre et s'accomplir sans lui, mais pour lui. En amour comme en affaire, il est un intrigant flamboyant, un séducteur exigeant, mais rapidement lassé. Son charme et son charisme lui offrent des victoires faciles, mais il ne sait pas s'en contenter et se laisse toujours glisser dans la mélancolie, l'ennui et le dégoût. Avec les femmes, il a des attitudes de pacha et d'amant oriental, à la fois sensuel et cruel. « Il devait se laisser adorer, mener une vie de paresse. Elle avait le devoir en somme de réparer le mal qu'elle avait fait. C'est à cause d'elle en somme qu'il allait mener bientôt une vie de corruption. Il se trompait lorsqu'il disait qu'il l'aimait. Mais peu importait. Son devoir à elle était de veiller sur lui. » (p. 133) La scène de la confrontation avec le tigre est une mise en miroir de deux personnalités puissantes, gourmandes et indomptables. Finalement, le seul être capable de dompter Solal, c'est Solal lui-même, mais sa tentative finale échoue et c'est en phénix puissamment solaire que Solal revient au monde, débarrassé de ses peines et de ses échecs.

Solal est un Juif qui hésite entre sa religion et la conversion, mais la vraie foi de Solal est la séduction, même s'il feint de haïr les femmes. Entre lyrisme amoureux et contemplation de soi, la parole de Solal est une rhétorique ambivalente. Dans le premier opus de sa tétralogie des Valeureux, Albert Cohen déploie déjà un humour acerbe à l'encontre de la bourgeoisie occidentale et de la religion. Il dénonce l'antisémitisme courant et de bon aloi qui règne en Europe après la première guerre mondiale. « Bilan du mariage mixte. Je suis haï des miens et des tiens. Tu es haïe des tiens et des miens. Et nous nous haïssons d'être haïs. » (p. 409) Avec les Valeureux de France, ces cinq oncles plus ou moins proches de Solal, Albert Cohen dessine un portrait très complet du juif tel que la société européenne se le représente, à savoir paresseux, filou, menteur, voleur et un rien imbécile. Mais Saltiel, Mangeclous, Salomon, Michaël et Mattathias sont en réalité un superbe contrepoids au personnage de Solal : ils mettent sans cesse en valeur ce beau neveu qui porte tous les espoirs de la famille et qui est si généreux avec les siens. Finalement, le peuple juif obtient un vibrant hommage, même dans le reproche. « Un peuple poète. Un peuple excessif. Chez nous, les grotesques le sont à l'extrême. Les avares, à l'extrême. Les prodigues, et il y en a beaucoup plus, à l'extrême. Les magnifiques, à l'extrême. le peuple extrême. » (p. 379)

Belle du Seigneur, troisième volume de la tétralogie, montre les amours de Solal et d'Ariane (encore une femme dont l'initiale est [a]). Solal initie la destinée du beau héros juif, avant l'ultime combustion amoureuse. Il me tarde de lire Mangeclous et Les Valeureux pour achever ma découverte de l'oeuvre magnifique d'Albert Cohen.
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Solaire Solal, quel bonheur de te retrouver trois ans après Belle du Seigneur, toi le personnage le plus marquant de ma vie de lectrice!
Et quel plaisir également de se replonger instantanément, dès la première ligne, dans l'univers littéraire unique, gorgé de musc, de désespoir et de damnation éternelle d'Albert Cohen.

La jeunesse, la psyché et le chemin de vie de Solal que l'on découvre ici sont telles qu'on les imagine dans le personnage mûri de Belle du Seigneur : enfant intrépide, fils de Dieu, Juif en devenir, séducteur princier, clochard céleste, excessif en tout, arrimé à rien si ce n'est aux lumières du ciel et des ténèbres.

Au cynisme et à la quête d'absolu de Solal répondent la désinvolture vibrionnante. des oncles Saltiel, Mangeclous, Mathatias, Mickael et Salomon qui veillent sur lui comme des fées potelées et déguenillées et lui vouent un culte comme à l'enfant - dieu. Avec leur joyeuse et libre sagesse de peuple errant , ils forment avec Solal, sous des dehors de caricature, une figure mythique et magnifique du peuple juif, extrêmement profond et extrêmement léger, spirituel et terrien; figure d'autant plus touchante qu'elle est mise en regard, avec un humour corrosif et désabusé, du racisme ambiant dans cette Europe entre deux guerres dans laquelle se passe le roman.

Et les femmes dans tout ça? Il y en a bien sûr, il faut à Solal des conquêtes et un sol sur lequel déverser son énergie vitale; Mais sous la plume éminemment misogyne de l'auteur, les souffrances d'Adrienne et Aude, aimées et desaimées, sont, comme celles de l'Ariane de Belle du Seigneur, bien secondaires.

Un roman magnifique dont les mots viennent imprégner jusqu'aux cellules du lecteur.
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1ère lecture d'Albert Cohen avec Solal, paru en 1930 et énorme succès pour l'auteur. C'est peu dire que cette découverte fût un bonheur. Une galerie de personnages terriblement pittoresques et une écriture bouillonnante, colorée qui nous livre un monde, un univers. Celui du jeune Cohen. Un classique qui ouvre la porte de cet auteur.
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Belle du seigneur est déja un grand livre , un classique en puissance , mais si l'on est un peu curieux on peut découvrir également ce trés beau roman qu'il est préférable de lire avant Belle .... le style de Cohen est déja là , ample et soutenu sur le plan du vocabulaire , tout ce qui fait le charme de Belle se trouve dans ce magnifique roman à découvrir absolument .
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A lire avant l'indispensable Belle du Seigneur
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Solal, le premier livre d'Albert Cohen est déjà un grand livre.
On retrouve le côté dramatique et fataliste omniprésent dans Belle du Seigneur mais avec un peu plus de légèreté.
Solal est un personnage extraordinaire, extravagant, sérieux, qui se moque de ceux qui veulent désespérément réussir et devenir riche. Lui est seulement un jeune homme qui aime aimer, et qui aime profondément son peuple.
Une oeuvre prenante qui plonge dans la complexité de l'esprit humain et des relations avec Autrui.
Bref, un livre qu'il faut absolument avoir lu !
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Livre moins connu que Belle du Seigneur, qui traite de la jeunesse de Solal dans les îles grecques et de son ascension dans les hautes sphères de la politique française. Solal semble tiraillé entre son ambition et le monde juif-oriental, auquel il souhait rester fidèle, mais qui semble contraire à l'Occident, et qui est représenté par le personnage de son oncle Mangeclous, notamment.
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Un style envoûtant, une profondeur transcendante: Solal fascine et attache le lecteur à son cours, à son flux de merveilles. Majestueux, d'une justesse mordante.
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Le déchirement de Solal entre ses racines et son milieu d'adoption et la soumission de la raison aux sentiments donnent à ce livre un côté pathétique que l'auteur équilibre avec beaucoup de talent par les pérégrinations d'une bande de valeureux loufoques. On navigue ainsi en permanence, et avec beaucoup de plaisir, entre l'onirique et le dramatique.
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Solal se place sous le signe du soleil de Céphalonie. Tout autant qu'il est brûlant, ses personnages sont excessifs, nous semblent plus vivants que personne, nous rendent vivants ; Solal, c'est un livre de la jeunesse et une ode vouée à la beauté et à la vie, c'est un peu de burlesque et beaucoup de lyrisme, mais encore et toujours de la beauté. Solal, c'est s'asseoir pour lire et se sentir plus que jamais en mouvement, c'est avant tout l'histoire d'un jeune garçon devenu jeune homme qui vit. Solal lu 40 minutes par jour, c'est 24 heures de vie, d'énergie, d'excès et de vérité, d'amour et de fraternité.
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