~ Retour aux origines ~
« Il était beau, naïf, pénétrant, chaud, hardi, insolent, si courtois, bon, immense, diabolique et vivant. Bon, surtout »
Vous reprendrez bien un peu de
Solal ? En tout cas, moi, je m'en suis délectée !
Il est celui qui provoque le trouble, le tremblement, il est ce plaisir, qui poussé à l'extrême, se change en affliction, il est cette sensibilité qui trouve souvent, et cherche surtout, l'occasion de tourmenter & se tourmenter, porteur d'ombre & de lumière, tiraillé entre appartenance religieuse & envie dévorante d'aimer.
De Céphalonie en France, passant par la Suisse,
Solal séduit Adrienne de Valdonne, mais épouse Aude de Maussane, aristocrate, de confession chrétienne.
« Adrienne n'avait qu'à attendre et à mijoter dans sa souffrance. Il irait quand il lui plairait et il ne l'en trouverait que mieux cuite. »
« Bilan du mariage mixte. Je suis haï des miens et des tiens. Tu es haïe des tiens et des miens. Et nous nous haïssons d'être haïs »
Tantôt passionné, tantôt désabusé, martyrisé par sa judaïté & le tragique de ses passions.
« J'ai trois mille trains contradictoires filant sur six mille rails et de mon coeur ils vont à mon esprit »
Avec un attachement viscéral, chevillé au corps, Cohen puise dans ses racines toute sa tétralogie. Je l'admire pour son talent, mais surtout pour sa patience, une plume tout en finesse, caricaturale, grotesque, lyrique, sérieuse, émouvante, où je me laisse porter avec allégresse & émerveillement !
Et l'éloge du peuple élu, cela va sans dire ..
« Un peuple poète. Un peuple excessif. Chez nous, les grotesques le sont à l'extrême. Les avares, à l'extrême. Les prodigues, et il y en a beaucoup plus, à l'extrême. Les magnifiques, à l'extrême. le peuple extrême »
J'ai retrouvé aussi Mattathias, Salomon, Saltiel ainsi que Michaël &
Mangeclous, ces êtres extrêmes que Cohen fait follement vivre dans ses romans.