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sur 619 notes
Solal des Solal est le fils du grand rabbin de Céphalonie. À 13 ans, il tombe amoureux d'Adrienne de Valdonne, la femme du consul de France. À 16 ans, aimé de retour, il consomme cette folle passion et s'enfuit à Florence avec son amante. Mais Adrienne regrette ce coup de tête et l'abandonne. Rejeté par son père, Solal se rend en France pour terminer ses études. On le retrouve à 21 ans à Genève. Il n'a pas oublié Adrienne et cherche comment la reconquérir et la faire plier à son amour. « Adrienne n'avait qu'à attendre et à mijoter dans sa souffrance. Il irait quand il lui plairait et il ne l'en trouverait que mieux cuite. » (p. 80) L'ancienne consulesse se laisse reprendre, mais Solal s'en lasse et s'éprend d'Aude de Maussane, la future belle-soeur d'Adrienne et la fille du premier ministre français. À force de séduction et de caresses, Solal se fait aimer de la fille et du père : il obtient la main de la première et un ministère de la part du second. Est-ce enfin l'accomplissement, le bonheur serein ? Rien n'est moins sûr tant Solal est un être insatisfait.

Solal est un être orgueilleux, ambitieux et habile à saisir toutes les opportunités qui se présentent à lui, mais il est incapable de canaliser son énergie et de faire aboutir ses désirs, comme s'il estimait qu'après avoir donné l'impulsion première, les choses devait se poursuivre et s'accomplir sans lui, mais pour lui. En amour comme en affaire, il est un intrigant flamboyant, un séducteur exigeant, mais rapidement lassé. Son charme et son charisme lui offrent des victoires faciles, mais il ne sait pas s'en contenter et se laisse toujours glisser dans la mélancolie, l'ennui et le dégoût. Avec les femmes, il a des attitudes de pacha et d'amant oriental, à la fois sensuel et cruel. « Il devait se laisser adorer, mener une vie de paresse. Elle avait le devoir en somme de réparer le mal qu'elle avait fait. C'est à cause d'elle en somme qu'il allait mener bientôt une vie de corruption. Il se trompait lorsqu'il disait qu'il l'aimait. Mais peu importait. Son devoir à elle était de veiller sur lui. » (p. 133) La scène de la confrontation avec le tigre est une mise en miroir de deux personnalités puissantes, gourmandes et indomptables. Finalement, le seul être capable de dompter Solal, c'est Solal lui-même, mais sa tentative finale échoue et c'est en phénix puissamment solaire que Solal revient au monde, débarrassé de ses peines et de ses échecs.

Solal est un Juif qui hésite entre sa religion et la conversion, mais la vraie foi de Solal est la séduction, même s'il feint de haïr les femmes. Entre lyrisme amoureux et contemplation de soi, la parole de Solal est une rhétorique ambivalente. Dans le premier opus de sa tétralogie des Valeureux, Albert Cohen déploie déjà un humour acerbe à l'encontre de la bourgeoisie occidentale et de la religion. Il dénonce l'antisémitisme courant et de bon aloi qui règne en Europe après la première guerre mondiale. « Bilan du mariage mixte. Je suis haï des miens et des tiens. Tu es haïe des tiens et des miens. Et nous nous haïssons d'être haïs. » (p. 409) Avec les Valeureux de France, ces cinq oncles plus ou moins proches de Solal, Albert Cohen dessine un portrait très complet du juif tel que la société européenne se le représente, à savoir paresseux, filou, menteur, voleur et un rien imbécile. Mais Saltiel, Mangeclous, Salomon, Michaël et Mattathias sont en réalité un superbe contrepoids au personnage de Solal : ils mettent sans cesse en valeur ce beau neveu qui porte tous les espoirs de la famille et qui est si généreux avec les siens. Finalement, le peuple juif obtient un vibrant hommage, même dans le reproche. « Un peuple poète. Un peuple excessif. Chez nous, les grotesques le sont à l'extrême. Les avares, à l'extrême. Les prodigues, et il y en a beaucoup plus, à l'extrême. Les magnifiques, à l'extrême. le peuple extrême. » (p. 379)

Belle du Seigneur, troisième volume de la tétralogie, montre les amours de Solal et d'Ariane (encore une femme dont l'initiale est [a]). Solal initie la destinée du beau héros juif, avant l'ultime combustion amoureuse. Il me tarde de lire Mangeclous et Les Valeureux pour achever ma découverte de l'oeuvre magnifique d'Albert Cohen.
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Bien avant le célèbre"Belle du seigneur" il y eut "Solal", le premier de la tétralogie "Solal des Solal".
Avec un rythme plus enlevé, trépidant, le roman, comme son héros, est fougueux. Un roman de jeunesse mais déjà une merveille.

Dès ce premier roman, Albert Cohen a déjà bien défini les personnages principaux: Solal et les ValeureuxMangeclous, Saltiel, Mathatias, Salomon et Michael. Les Valeureux sont caricaturaux, parfois grotesques mais attachants, alors que Solal, au-dessus de la mêlée, chéri et adoré par les siens, est solaire mais terriblement odieux et cynique avec les femmes. C'est aussi un homme déchiré par des choix entre la femme qu'il aime et ses origines familiales juives.

Le sérieux de sa recherche du bonheur est toujours contrebalancé par les aventures burlesques des autres.

Solal est donc tiraillé. La vie à deux est inconcevable sans un autre élément: sa famille et plus largement ses racines juives qui dans le roman sont décrites comme un véritable folklore souvent envahissant.
Ce combat intérieur est le coeur du roman. Albert Cohen ose un premier roman fortement identifié à ses origines qu'il expose alors que l'ambiance de l'époque des années 30 était déjà détestable. L'auteur se conserve une distance avec le climat de l'époque (sans oublier les pogroms du passé) qu'il signale tout en enchaînant sans cesse avec de l'humour. Un pari osé.

"Solal" est un régal, un incontournable et un fidèle compagnon de ce temps assez étiré du moment.
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Solaire Solal, quel bonheur de te retrouver trois ans après Belle du Seigneur, toi le personnage le plus marquant de ma vie de lectrice!
Et quel plaisir également de se replonger instantanément, dès la première ligne, dans l'univers littéraire unique, gorgé de musc, de désespoir et de damnation éternelle d'Albert Cohen.

La jeunesse, la psyché et le chemin de vie de Solal que l'on découvre ici sont telles qu'on les imagine dans le personnage mûri de Belle du Seigneur : enfant intrépide, fils de Dieu, Juif en devenir, séducteur princier, clochard céleste, excessif en tout, arrimé à rien si ce n'est aux lumières du ciel et des ténèbres.

Au cynisme et à la quête d'absolu de Solal répondent la désinvolture vibrionnante. des oncles Saltiel, Mangeclous, Mathatias, Mickael et Salomon qui veillent sur lui comme des fées potelées et déguenillées et lui vouent un culte comme à l'enfant - dieu. Avec leur joyeuse et libre sagesse de peuple errant , ils forment avec Solal, sous des dehors de caricature, une figure mythique et magnifique du peuple juif, extrêmement profond et extrêmement léger, spirituel et terrien; figure d'autant plus touchante qu'elle est mise en regard, avec un humour corrosif et désabusé, du racisme ambiant dans cette Europe entre deux guerres dans laquelle se passe le roman.

Et les femmes dans tout ça? Il y en a bien sûr, il faut à Solal des conquêtes et un sol sur lequel déverser son énergie vitale; Mais sous la plume éminemment misogyne de l'auteur, les souffrances d'Adrienne et Aude, aimées et desaimées, sont, comme celles de l'Ariane de Belle du Seigneur, bien secondaires.

Un roman magnifique dont les mots viennent imprégner jusqu'aux cellules du lecteur.
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Solal de Solal appelé Sol est un enfant gâté , il est le fils du rabbin Gamaliel et, il est élevé dans l'ïle de Céphalonie selon les lois juives . Il est adoré, chouchouté par ses 5 oncles qui mettent tous leurs espoirs en lui ! Slatiel : vieillard bon, naïf et pieux; Mattathias : avare dit " Mâche-Résine "; Mangeclous : Bey des Menteurs exerçant tous les métiers; Michaël : séducteur ; Salomon : le + jeune, vendeur de boissons et de beignets chauds...ces oncles qui, tout au long du récit vont graviter autour de Sol et qui permettent à Albert Cohen de dresser le portrait du juif tel qu'il est perçu en 1930 : à savoir : paresseux, filou, menteur, voleur et ridicule !
Sol est beau, charmeur, élégant : il aime les femmes et, à 13 ans, il tombe amoureux d'Adrienne de Valdonne, femme du consul de France ! A 16 ans, il concrétise sa passion et, il part avec elle à Florence, mais le rabbin désapprouve les moeurs de son fils et va le faire étudier à Aix en Provence. Mais, il préfère partir à Genève ou il veut reconquérir Adrienne, puis il s'en lasse pour s'éprendre d'Aude de Maussane qui est la fille d'un ministre. Par son charme : il obtiendra l'amour, la main de la belle et les faveurs du père qui lui offre une situation de diplomate et l'accession à un milieu politique, à la richesse et aux honneurs ! Mais, il va vite être rattrapé par sa double appartenance à la judéité et au christianisme et, comme dans " Belle du Seigneur " : il va donner libre cours à son narcissisme : hanté par ses contradictions et ses conflits psychiques ! En effet, Solal est le prototype du héros pervers narcissique : il est égoïste, excessif, manipulateur, violent, grandiloquent, séducteur qui tente tout pour exister au détriment des autres et en particulier des femmes qu'il aime et qu'il rejette ( c'est un mâle machiste ! ). Solal est sa propre victime, de plus il est torturé par le déséquilibre entre sa judéité et sa soif de réussite. Il détruit ceux ( celles ) qu'il aime et, c'est d'ailleurs tout le propos de ce roman initiatique ! Un roman étonnant qui dévoile les nouveaux tréfonds de l'âme humaine...
L.C thématique de juillet/août 2022 : les prénoms dans le titre.
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Une oeuvre unique en son genre qui torpille les conventions sociales, bouscule les règles de la narration, et surtout se présente comme un hymne d'amour joyeux et désespéré à la fois.
Un livre qui semble dénué de logique narrative et dramatique, l'essentiel des pages étant consacré à l'absurde qui fait la vie et à la distorsion de la réalité.
Un style fantastique et luxuriant qui fait que dans une même phrase o,n peut passer des choses légères aux choses les plus graves, de l'humour, à la critique sociale,à la métaphysique, à l'histoire, avec des contradictions, en supplément. il regorge d'expressions savoureuses, de pirouettes de langage et de merveilles linguistiques.
On ne peut qu'être séduit !
A lire, toutes affaires cessantes, même si l'intrigue n'est que sympathique, sans plus.
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Je pensais avoir tout lu de Cohen mais non, juste oublié son premier livre! voila chose faite...un grand plaisir de retrouver cette belle écriture et cette collection de personnages forts de caractères , cette communauté juive unique.....Solal est donc ce personnage emblématique de la famille, dont la destinée ne peut être que belle et qui brille tant ....Grandeur, panache, passion mais aussi ambiguïté, peur et désarroi, le personnage est écartelé entre 2 mondes et ne sait s'extirper de cela....
Curieusement , il faut attendre la moitié du livre pour vraiment entendre le personnage de Solal "parler"....avant , tout tourne autour de lui comme une caméra autour d'une statue....
belle lecture biensur
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J'avoue avoir eu bien du mal à lire ce roman qui me tombait des mains systématiquement.
Même si le machisme sous-jacent du protagoniste (et sans doute de l'auteur) m'a profondément agacée, je peux reconnaître la portée symbolique du roman. Je peux entrevoir aussi différents niveaux de lecture mais je n'ai pu entrer dans l'histoire, ou plutôt dans les histoires: celle des amours de Solal, celle de son ascension sociale et de sa déchéance, celle de ses relations familiales avec tout ce qu'elles ont d'improbable et d'irréconciliable les unes avec les autres… Et ce qui fait un bon roman, n'est-ce pas justement cette communion entre le lecteur et le récit? la dépendance que ce dernier crée chez le premier qui n'a de cesse qu'il ne connaisse la suite?
Je m'interroge encore sur ce à côté de quoi j'ai pu passer, sur ce qui ferait de Solal un très grand livre; et comment je n'ai pu reconnaître les caractéristiques de cette grandeur…
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Je me suis sentie un peu perdue au début de ma lecture ; pas habituée au style de l'auteur sans doute. Puis j'ai vraiment accroché car son écriture bien que surprenante est à la fois satirique et grandiose !
Je me suis souvent demandée si je me trouvais dans l'imaginaire ou le concret...
Ce n'est pas un livre à dévorer, mais à déguster lentement pour en apprécier toutes les saveurs !
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~ Retour aux origines ~

« Il était beau, naïf, pénétrant, chaud, hardi, insolent, si courtois, bon, immense, diabolique et vivant. Bon, surtout »

Vous reprendrez bien un peu de Solal ? En tout cas, moi, je m'en suis délectée !

Il est celui qui provoque le trouble, le tremblement, il est ce plaisir, qui poussé à l'extrême, se change en affliction, il est cette sensibilité qui trouve souvent, et cherche surtout, l'occasion de tourmenter & se tourmenter, porteur d'ombre & de lumière, tiraillé entre appartenance religieuse & envie dévorante d'aimer.
De Céphalonie en France, passant par la Suisse, Solal séduit Adrienne de Valdonne, mais épouse Aude de Maussane, aristocrate, de confession chrétienne.

« Adrienne n'avait qu'à attendre et à mijoter dans sa souffrance. Il irait quand il lui plairait et il ne l'en trouverait que mieux cuite. »

« Bilan du mariage mixte. Je suis haï des miens et des tiens. Tu es haïe des tiens et des miens. Et nous nous haïssons d'être haïs »

Tantôt passionné, tantôt désabusé, martyrisé par sa judaïté & le tragique de ses passions.

« J'ai trois mille trains contradictoires filant sur six mille rails et de mon coeur ils vont à mon esprit »

Avec un attachement viscéral, chevillé au corps, Cohen puise dans ses racines toute sa tétralogie. Je l'admire pour son talent, mais surtout pour sa patience, une plume tout en finesse, caricaturale, grotesque, lyrique, sérieuse, émouvante, où je me laisse porter avec allégresse & émerveillement !

Et l'éloge du peuple élu, cela va sans dire ..

« Un peuple poète. Un peuple excessif. Chez nous, les grotesques le sont à l'extrême. Les avares, à l'extrême. Les prodigues, et il y en a beaucoup plus, à l'extrême. Les magnifiques, à l'extrême. le peuple extrême »

J'ai retrouvé aussi Mattathias, Salomon, Saltiel ainsi que Michaël & Mangeclous, ces êtres extrêmes que Cohen fait follement vivre dans ses romans.
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1ère lecture d'Albert Cohen avec Solal, paru en 1930 et énorme succès pour l'auteur. C'est peu dire que cette découverte fût un bonheur. Une galerie de personnages terriblement pittoresques et une écriture bouillonnante, colorée qui nous livre un monde, un univers. Celui du jeune Cohen. Un classique qui ouvre la porte de cet auteur.
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