Ce "feel-good book" a plutôt été un "feel-disappointed book" pour moi. Certes, il ne faut jamais attendre de la grande littérature dans ce genre et je n'en attendais pas. le début est assez classique avec une héroïne légèrement inadaptée socialement à laquelle la vie donne un bon coup de pied aux fesses. Obligée de quitter son travail de bibliothécaire, elle se lance dans la réalisation de son rêve de toujours : ouvrir sa propre librairie. Après quelques péripéties, elle se retrouve ainsi au volant d'un "book truck", à sillonner les routes de l'Écosse.
Bien sûr, qui dit feel-good et héroïne jeune et célibataire dit romance. Quand j'ai vu la situation se dessiner, je me suis dit : "oh non ! Pitié : pas un triangle amoureux !" Mais non, heureusement, on y échappe (de peu). Contrairement à beaucoup d'autres lecteurs, j'ai plutôt bien aimé la première "romance". Même si elle trahissait un fantasme assez étonnant pour les grosses mains poilues pleines de cambouis, elle prenait le temps de s'installer. Je me disais : "ah ! Enfin, un auteur qui laisse les personnages apprendre à se connaître, les sentiments se développer avant de les mettre dans le même plumard." J'espérais un peu qu'il en serait ainsi avec la deuxième histoire, une fois que la première eut tourné court. Hélas, il semble que l'auteure n'ayant alors plus que 50 pages pour boucler sa romance, elle a dû prendre des raccourcis. En l'occurrence le raccourci "plumard". La relation entre Nina et Lennox est essentiellement physique. Même si l'auteure essaie de rajouter un vernis de sentiments, on sent que le personnage de Nina à moins de difficultés à dire "fais-moi mal, Johnny, Johnny" que "je t'aime". Cette tendance actuelle à résumer les histoires d'amour à des parties de jambes en l'air me laisse perplexe. Dans ce roman, au lieu de trouver la romance "feel-good", je l'ai trouvée consternante. C'est dommage car je pense qu'il y avait mieux à faire avec ces deux grands timides introvertis qui s'apprivoisent. Cela aurait peut-être été possible si l'histoire perdait moins de temps au début et se passait des étapes obligatoires de tout Harlequin qui se respecte, à savoir : une première histoire pour révéler les sentiments du deuxième prétendant (la jalousie plutôt que l'amour, en fait) et l'inévitable brouille à laquelle je n'ai pas compris grand' chose.
Ma déception vient aussi du personnage de Nina. On part d'une caricature de bibliothécaire perdue dans ses livres pour arriver à une chaudasse particulièrement déterminée. Entre les deux, de multiples incohérences et un personnage qui semble avoir 14 ans plutôt que 29. Cette impression a peut-être été accentuée, pour moi, par la version audio sur Audible entre la voix très jeune de la lectrice et les multiples "waw" et "c'est fantastique" et "popotin" ou "foufoune", j'avais vraiment l'impression d'avoir affaire à une ado. La traduction paraît souvent assez maladroite, ce qui n'arrange pas les choses.
Outre une romance vraiment bien menée et un personnage principal attachant, ce qui m'a manqué dans ce roman pour le trouver "feel-good", c'est aussi une galerie de personnages secondaires de qualité. Ceux de
la charmante librairie des jours heureux ne sont pas assez développés et, de toute façon, peu intéressants.
Il y a quand même quelques points positifs : des éléments prometteurs, comme je l'ai déjà souligné, mais qui tournent court (d'où la déception). Il y a surtout une description de l'Écosse qui donne furieusement envie d'y passer des vacances. le propos sur le pouvoir des livres et sur l'évolution du monde des bibliothèques, quoiqu'un peu outré, est plutôt sympathique, en particulier pour les amateurs de livres.
En résumé : une lecture en dents de scie, pour moi : démarrage laborieux suivi d'un intérêt croissant mais impression finale déçue.
Challenge des Héroïnes 2024