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EAN : 9782882502513
333 pages
Noir sur blanc (26/05/2011)
4.5/5   2 notes
Résumé :

Douze écrivains et un photographe de grand talent nous livrent leur regard singulier, oblique,poétique, l’écho de leur propre expérience, sur la région de la mer Noire. Ovide et Pouchkine furent exilés sur son rivage. Ses vagues ont porté le navire des Argonautes. Connue par la Grecs anciens comme l’Inamicale, elle est peu à peu devenue l’Hospitalière. La mer Noire. Sur ses rives, entre les ruine... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce livre hétéroclite (analyse géopolitique, poésie, souvenirs d'enfance, étude mythologique, impressions de voyage) ce sont avant tout les photos du Polonais Andrzej Kramarz, qui, voulant découvrir des rivages insolites, part dans un périple autour de la Mer Noire, d'Odessa, toujours plus à l'Est. le livre de plus de 300 pages réunit donc des chroniques cosmopolites, traduites de l'anglais, de l'allemand, du grec, du hongrois, du polonais, du roumain, et même de l'ukrainien.

On en apprend beaucoup sur Odessa, mais pas que. Sur la ville qualifiée de « fabrique de génies », creuset artistique et littéraire où flotte encore l'ombre de Pouchkine et d'Isaac Babel, on sait surtout qu'elle parle à l'imaginaire. Ce que l'on savait déjà, mais qui est ici repris tout en nuances, c'est que la communauté juive, un tiers de la population au début du XXᵉ siècle, a été décimée par les pogroms, le génocide et l'exil. Cela retentit avec l'actualité historique. Des lieux qui se vivent donc dans le provisorat des noms changeants, « où tout avenir imaginable semble déjà inscrit dans le passé ».

Dans ce même recueil, il y a aussi, entre autres auteurs Andrzej Stasiuk et Attila Bartis, Katia Petrovskaia ou Mircea Cartarescu, avec son merveilleux texte Pontus Axeinos (cf. ma longue citation). Oui, la Mer Noire baigne aussi des rives roumaines.
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Un tour de la Mer Noire en 14 textes de 14 auteurs différents : Géorgien, Turque, polonais, Grec, Roumains, Hongrois, bulgare Moldave, Autrichien, Ukrainien et j'en oublie. Des textes difficiles à définir : reportage, poésie, fiction ou mythologie, carnets de voyage. Quand les héros sont Ovide, ou Jason et Médée, ou Kafka, ou Gagarine. Post-communistes? Mais pas que... Cosmopolites toujours, de la cosmopolite Odessa aux populations mêlées du Pont Euxin avant le génocide arménien et Atatürk. Et toujours la présence de l'eau, le grand appel de liberté que représentent les ports,
Un très beau livre illustré de très belles photos, beau papier. Un livre qu'on aimerait garder.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Qui a payé pour ces affres, qui rachètera jamais la souffrance du vieillard jeté parmi les glaces ? Qui paiera jamais pour tous les poètes du monde noyés dans la misère et la folie, tous exilés de toutes les époques et de tous les empires, aux confins du monde habité ? « Toute l’eau de la mer» écrivait Lautréamont « ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuel.» Mais une mer de sang, qu’est-ce qui pourrait l’éponger ?

Ovide mourut à soixante-quatorze ans, oublié de Rome, pleuré par les barbares et son sarcophage ne fut jamais retrouvé.

La colonie grecque barbarisée vécut ensuite des jours byzantins : le nom de Tomis fut changé pour Constanţa, prénom de la sœur du grand Constantin. Elle tomba ensuite entre des mains bulgares, puis valaques, avant de devenir turque pour plusieurs siècles. Turcs et Tatars construisirent la vieille ville, élevèrent des mosquées et plantèrent des figuiers sous lesquels ils s’installaient pour vendre cette gourmandise tendre et parfumée, translucide comme du verre et nommée loukoum, les pâtisseries au miel et aux noix nommées sarailii. Aujourd’hui, le pittoresque bouquet de maisonnettes dominées par le minaret de la grande mosquée est encerclé, humilié, presque anéanti par l’hideuse masse des immeubles communistes alentour. Dans le port, sous les grues géantes, se détache le profil des navires posés sur des supports métalliques.

Au sud de la ville, tournant le dos au Musée d’histoire, la statue du poète a de nouveau vue sur la mer. Les pauvres baraques de la transition ont été enlevées et la mer, cette muraille qui m’avait ébahi dans mon enfance, cette diaphane courtine bleue parsemée de paillettes, cette tendre chair de la méduse immense emplissant le bassin creusé entre Asie et Europe, s’étend de nouveau jusqu’aux limites de l’horizon et de la pensée, au-delà desquelles tournent les planètes sur des essieux de diamant et dans un vide énorme. Rongé par le sel et les intempéries, Ovide regarde la mer de son regard aveugle. Les empires se sont écroulés et les rois tout-puissants ont été oubliés, mais Ovide, métamorphosé en un homme de bronze sur son socle, depuis deux millénaires, continue de vivre.

Vivra-t-il encore cinquante ans ? Cent ? Prononcera-t-on encore son nom dans un millénaire ? Et dans dix millénaires ? Lira-t-on encore ses Fastes dans un million, dans un milliard d’années ? Après l’extinction du soleil, l’émiettement de la galaxie et la mort thermique de l’univers infini, qui scandera encore ne serait-ce que deux vers au rythme élégiaque évoquant les boucles des élégantes et leurs coffrets d’ivoire contenant des fards ? Bien sûr, bien sûr. Parce qu’ils ont étincelé un jour, ils étincellent pour l’éternité, au-delà du monde physique et de son sort effrayant, dans un autre espace que celui de la poussière et de l’oubli. Comme dit Mallarmé, « le monde est fait pour aboutir à un beau livre. »

[Mircea Cărtărescu, Pontos Axeinos (Tomis, Constanta et le Pont-Euxin)]
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[…] nous contenions les Ottomans pour que l'Europe puisse développer sans entrave le Renaissance et le Baroque.

(Andrzej Staziuk)
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