Ce livre hétéroclite (analyse géopolitique,
poésie, souvenirs d'enfance, étude mythologique, impressions de voyage) ce sont avant
tout les photos du Polonais
Andrzej Kramarz, qui, voulant découvrir des rivages insolites, part dans un périple autour de la Mer Noire, d'Odessa, toujours plus à
l'Est. le livre de plus de 300 pages réunit donc des chroniques cosmopolites, traduites de l'anglais, de l'allemand, du grec, du hongrois, du polonais, du roumain, et même de l'ukrainien.
On en apprend beaucoup sur Odessa, mais pas que. Sur la ville qualifiée de « fabrique de génies », creuset artistique et littéraire où flotte encore l'ombre de
Pouchkine et d'
Isaac Babel, on sait sur
tout qu'elle parle à l'imaginaire. Ce que l'on savait déjà, mais qui est ici repris
tout en nuances, c'est que la communauté juive, un tiers de la population au début du XXᵉ siècle, a été décimée par les pogroms, le génocide et l'exil. Cela retentit avec l'actualité historique. Des lieux qui se vivent donc dans le provisorat des noms changeants, « où
tout avenir imaginable semble déjà inscrit dans le passé ».
Dans ce même recueil, il y a aussi, entre autres auteurs
Andrzej Stasiuk et
Attila Bartis, Katia Petrovskaia ou
Mircea Cartarescu, avec son merveilleux texte Pontus Axeinos (cf. ma longue citation). Oui, la Mer Noire baigne aussi des rives roumaines.