Il faut, pour Fred et Morgane, vivre avec et vivre sans. Vivre avec la douleur d'avoir perdu leur soeur Iris, vivre avec la culpabilité parce qu'un soir, ils ont craqué, ils n'ont plus été là pour elle, un soir, un seul soir. Vivre sans elle. Ni l'un ni l'autre n'y parvient, ni l'un ni l'autre ne parvienne à construire leur vie, tout semble poser sur du « provisoire ». C'est du moins ainsi que je l'ai ressenti. Lui est policier, en France, elle donne des cours de français, en Irlande. Un jour, elle rentre, parce qu'une ami (sa meilleure amie ?) le lui a demandé, elle rentre pour honorer une promesse, une promesse qu'elle et son frère ont faite.
Laquelle ? Comme Morgane, le lecteur a parfois l'impression d'être laissé dans l'ignorance – justement parce que nous suivons le point de vue de Morgane ! Nous découvrons aussi deux autres couples, pas des couples fraternels, non, de vrais couples, dont les conjoints ont un point commun : ils me sont sortis par les yeux ! Bastien, d'abord, par la manière dont il s'adresse à Julie, sa compagne – sa chose, son esclave, sa bonne devrais-je plutôt dire. L'on sait que Julie a ses raisons pour accepter cela, pour « tenir », et ces raisons sont pour le moins… stupéfiantes. Un coup de théâtre au milieu du récit. le dernier couple, c'est Mickaël et Audrey. Sur le papier, dans le regard des autres, il semble pourtant un couple idéal. Il a une bonne situation, il est généreux, elle est violoncelliste, ils ont un enfant…. et lui ne veut surtout pas qu'elle retourne travailler, il a assez d'argent pour deux. Comme il est généreux ! Il n'est pas question pour lui d'écouter sa femme, il a forcément raison, il sait ce qui est bon pour son enfant, pour elle, donc toute discussion est impossible, Audrey restera à la maison, son enfant ne sera pas confié à une nourrice. Oui, de tels hommes existent encore, et pas seulement dans un roman ! Il est toujours malheureusement utile de le préciser, pour ceux qui trouveraient ce type de personnages « un peu exagéré ».
Maintenant, je dois avouer que la lecture de ce polar a été addictive – et pourtant, je peux vous dire que ce n'est pas toujours facile pour moi d'accrocher à une lecture. Certaines scènes sont particulièrement sanglantes, crues, réalistes devrai-je plutôt dire. Elles ne sont pas agréables à lire, elles sont même fortement désagréables à lire parce qu'elles m'ont secoué, parce qu'elles se mettent au plus près du ressenti des victimes – qui, faut-il le rappeler, n'ont rien fait pour l'être. Malgré tout, je me suis posé la question : est-il possible de construire une vengeance aussi méthodique et organisée, en entraînant e conscience ses proches avec soi ? Je n'en suis pas sûre.
Reste Iris, et l'obsession de Morgane : ne pas avoir
les yeux d'Iris.
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