AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 123 notes
5
4 avis
4
14 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
1 avis
C'est agréable à lire car le style est fluide et la narration bien menée. On perçoit bien les subtilités du colonialisme qui assimile tout en écartant mais on déplore peut-être l'absence des gens modestes à peine esquissée: toutes les filles en Guadeloupe pouvaient-elles faire de longues balades en bicyclette et aller étudier à Paris? La relation mère-fille est essentielle dans ce livre qui nous en décrit les hauts et les bas, ces derniers ayant tendance à l'emporter avec leur cortège d'injustices subies dans l'impuissance.
Commenter  J’apprécie          00
Autobiographie somme toute classique que celle de Maryse Condé qui choisit de nous raconter, dans l'ordre chronologique, son enfance et son adolescence guadeloupéennes, jusqu'à son émancipation familiale et son départ définitif pour ses études à Paris dans les années 1950.

Née en 1937 de parents fonctionnaires à tendance orgueilleuse - c'est ce que sur quoi Maryse, et ce qu'elle retient des paroles de leur voisinage, insiste le plus -, faisant de leur fierté d'être "français" - la Guadeloupe est encore une colonie, pas un département d'outre-mer - leur leitmotiv pour éduquer leurs enfants, la petite Maryse grandit donc dans un univers qui la pousse à accepter naturellement la condition coloniale de son pays. de saynètes en saynètes, d'anecdotes en anecdotes, de descriptions en descriptions, où pointent bien souvent humour et dérision, c'est en effet la famille, l'entourage, les lieux, les conditions sociales, les conditions raciales, toute la Guadeloupe, qui est dépeinte par l'enfant et l'adolescente, finalement pas dupe de sa condition - enfin, est-ce Maryse enfant ou adulte qui s'exprime, l'on est face à toute la problématique de l'écriture autobiographique ici -.

Et c'est, finalement, tout l'intérêt de son autobiographie, qui nous montre, par ce regard, aiguisé et avisé, comment cette éducation l'a finalement poussée vers le chemin inverse, celui de la dénonciation du colonialisme, des lectures de Césaire, de Fanon... à l'arrivée à Paris.

Une lecture passionnante, assez simple d'accès - une fois les références culturelles, géographiques, historiques... débroussaillées - que je vais proposer à mes classes de troisième l'année prochaine. J'ai beaucoup apprécié la plume de Maryse Condé, que je découvrais ici. Je vais réitérer la découverte.
Commenter  J’apprécie          191
Encore une fois, Maryse Condé ne m'a pas déçue ! Et je me suis demandée comment je pouvais être autant fascinée par son autobiographie que par ses fictions.


- J'ai retrouvé le style et les thèmes que Maryse Condé affectionne tant : la quête d'identité, les questionnements, la solitude et elle a même réussi à parler de sexe.

- Elle arrive à poser un regard critique sur ses parents qui souhaitaient toujours prouver quelque chose, toujours bien se faire voir. Mais ce n'est pas pour autant qu'on sent de la haine et de l'énervement dans ses propos.

- La grande question du jour : que veut dire être aliéné ? Que veut dire être libre ?



- C'est trop court !
- J'aurais aimé la voir plus interagir avec ses frères et soeurs.
- La fin ! Mon Dieu, comment on peut terminer sur ce point et espérer qu'on ne souhaite pas une suite.
Commenter  J’apprécie          41
La Guadeloupe des années cinquante. Contre des parents qui semblent surtout soudés par le mensonge, contre une mère aussi dure avec les autres qu'avec elle-même, contre un père timoré, la petite Maryse prend le chemin de la rébellion.
La soif de connaissance, les rêves d'autonomie et de liberté la guident vers son destin d'écrivain.
Mais peu à peu les épreuves de la vie appellent l'indulgence, la nostalgie de l'âme caraïbe restitue certains bonheurs de l'enfance.
Et Maryse se souvient alors de cet instant qui lui redonna l'amour des siens, de cette ultime nuit où "roulée en boule contre son flanc, dans son odeur d'âge et d'arnica, dans sa chaleur", elle retrouva sa mère en la perdant. Conseil JJM. Ce livre m'a intéressée. Captée de bout en bout. Sincérité de l'autrice. Découverte d'une vie guadeloupéenne, d'une famille contrastée. Parfois je suis restée sur ma faim. le récit est très-très autocentré. Contente d'avoir lu. Contente de rendre. Bib Ched
Commenter  J’apprécie          10

Maryse Condé (qui semble avoir pris le nom de sa rue d'enfance comme nom de plume) nous raconte ses souvenirs d'enfance en Guadeloupe dans les années 50.
Chaque chapitre est consacré à une histoire; raison pour laquelle elle a sous-titré son livre "Contes vrais de mon enfance".

Huitième enfant d'un couple de bourgeois antillais, elle garde un souvenir teinté d'amertume. Vis-à-vis de ses parents d'abord, qu'elle présente souvent comme des orgueilleux, fiers de leur statut, trop fiers au point de pratiquer eux-mêmes un certain racisme anti-mulâtres. Parce que dans les années 50, être "noir" peut revêtir des tas de significations que Maryse, petite fille, éprouve des difficultés à comprendre. Pour elle, un enfant avec qui jouer est un enfant, point! Pourquoi ses parents lui reprochent-ils donc de s'amuser avec certains d'entre eux? Pourquoi doit-elle systématiquement prendre le rôle de souffre-douleur quand l'autre enfant est blanc ("je dois te donner des coups parce que tu es une négresse")?

Vis-à-vis de la société en général également. Incomprise à l'école, incomprise à la maison, cataloguée très vite de perturbatrice, elle semblait ne trouver sa vraie place nulle part.

C'est à hauteur d'enfant, voire de jeune adolescente, que les récits nous sont proposés. Donc, c'est au lecteur de détecter les lignes plus historico-politiques comme la lutte des classes, la place de la femme dans la société antillaise de l'époque, l'approche de l'enseignement, les relations avec la France... Parce qu'à cette époque, en Guadeloupe, on déteste l'Amérique par principe et on aime la France, par principe aussi. Ce que Maryse, enfant, ne comprend pas, ne trouvant d'ailleurs pas grande satisfaction dans ses voyages à Paris où l'image qu'elle a de ses parents se fane encore un peu plus.

Mêlant français et créole, la plume de l'autrice est très fluide et donne juste l'envie d'explorer un peu plus le sujet à travers d'autres ouvrages.
Commenter  J’apprécie          222
Dans ce petit livre Maryse Condé nous raconte des moments forts de sa vie, de sa naissance à son adolescence. Enfant inattendue d'un couple de bourgeois de Pointe-à-Pitre, elle grandit dans la Guadeloupe des années 40-50. Coupée de sa culture créole, n'ayant qu'une très minime connaissance de son île, son père est indifférent et sa mère sévère et hautaine lui répète sans cesse qu'elle ne fera rien de bon dans la vie. L'auteure se construit en opposition à ses modèles parentaux. Surdouée, toujours première de sa classe, elle s'envolera pour Paris à l'âge de 16ans, pour rejoindre un lycée où elle a été admise en hypokhâgne.

Elle brosse un dur portrait familial, sans s'apitoyer sur son sort, sans non plus nier l'amour et la tendresse qu'on lui a témoigné. J'ai été très surprise par le ton des souvenirs qu'elle partage. Ce livre aurait pu s'appeler "Les malheurs de Maryse". J'ai rigolé, j'ai eu de la peine pour cette enfant qui s'exprime sans filtre dans une culture où la retenue est de rigueur. On ne parle pas de choses désagréables comme l'esclavage ou le divorce.

J'adore les créolismes qu'elle emploie, la façon dont elle décrit les choses, j'ai vraiment eu l'impression d'entendre les récits de mes grands-mères sur la Guadeloupe de cette époque.
Maryse Condé m'a fait voyagé avec ce livre touchant.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          10
Le coeur a rire et à pleurer est un tout petit livre - à peine 150 pages - où Maryse Condé nous raconte son enfance dans la Guadeloupe des années 1940 et 1950.

Un livre beaucoup trop bref à mon goût (j'aurais préféré plutôt quatre tomes comme l'a fait Patrick Chamoiseau sur son enfance en Martinique), mais un livre très plaisant à lire.

L'écriture de Maryse Condé est fluide et agréable. Pour qui connaît un peu la Guadeloupe, ou y vit (comme moi) on suit la jeune Maryse dans le Pointe à Pitre de l'après guerre et du début des années 50.

A ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur la Guadeloupe an tan lontan - comme on dit ici - je recommande tout particulièrement Victoire, les saveurs et les mots, du même auteur, sur la vie de sa grand-mère marie-galantaise, à l'écriture magnifique également.
Commenter  J’apprécie          221
Ce n'est sans doute pas le bon ouvrage pour découvrir l'oeuvre de Maryse Condé, surtout pour moi qui n'apprécie pas particulièrement les autobiographies.
La lecture est agréable, sympathique, l'oeuvre évoquant les es années de formation d'un jeune esprit cultivé mais rebelle, aimant sa famille mais où les sentiments sont tus. Ce n'est pas clairement une autobiographie, mais des "contes sur [mon] enfance" dit le sous-titre. Ainsi, le décor et les personnages sont-ils en partie recréés, magnifiés ou au contraire figés - notamment la mère. C'est un beau portrait d'une femme dure autant pour les autres que pour elle-même, fière de son ascension sociale mais reniant son origine populaire, ne sachant pas comment montrer ses sentiments
Ce n'est pas le même décor du tout, ni la même époque, mais j'ai pensé aux Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol. Pour lui aussi, les vacances sont l'occasion de découvrir un paysage luxuriant différent de la ville étouffante, de s'échapper des bancs de l'école et de partir à l'aventure - même si pour la Narratrice, la libération ne vient pas dans l'enfance mais dans l'adolescence. Cependant, les familles des deux glorifient l'école républicaine, ses diplômes et la position sociale qu'elle permet d'acquérir - Marcel et Maryse suivent d'ailleurs des cours en classe préparatoire littéraire.
Mais l'originalité de cette oeuvre, c'est que, contrairement à Marcel, Maryse est une fille, à la peau noire, originaire de Guadeloupe. Pour employer un terme qu'on utilise beaucoup, on est en plein dans l'intersectionnalité... Mais il n'y a pas de complainte, pas de militantisme. Pour faire une autre comparaison anachronique, j'ai pensé à Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie. L'écrivaine nigérianne ne s'aperçoit des obstacles posés par sa couleur - et par ses cheveux, sur lesquels la Narratrice insiste aussi - qu'en quittant son pays natal, pour aller aux Etats-Unis. Pour Maryse, Paris est le même pays, mais elle y est vue comme inférieure, étonnant la bonne bourgeoisie se voulant progressiste mais ayant gardé des relents colonialistes, par la pureté de son français et sa maîtrise des auteurs classiques.
L'oeuvre ne m'a pas éblouie par son style, mais c'est le portrait de cette enfant qui se construit qui m'a intéressé et donné envie d'en savoir plus - surtout que la fin s'achève sur un mystère, il faudrait la suite, la vie de femme ?
Commenter  J’apprécie          81
Tel un kaleïdoscope, ce volume constitué de courts chapitres fait successivement apparaitre une quinzaine de moments forts de la jeunesse de Maryse Condé, anecdotes à la fois imbriquées et indépendantes. Souvenirs, reconstruction.... les scènes sont relatées dans un style alerte. Mais l𠆚uteure nous entraine ainsi également dans une visite de la Guadeloupe des années 50, à Pointe-à-Pitre, Gourbeyre, Goyave, Capesterre... Sa langue directe nous place en observateur de la vie sociale de l’époque, traversée par les scissions entre couleurs de peau : « en ce temps-là, en Guadeloupe, on ne se mélangeait pas ». La petite fille mettra des années à comprendre et savoir formuler ce que représentent ces différences, elle qui dit un jour à ses parents avoir trouvé en une jeune femme blanche son idéal de beauté : « «  je trouve Amélie la plus belle personne que j𠆚ie jamais vue » (...) Silence de mort. »
Seule la lecture tardive de « La rue cases-nègres » lui ouvrira les yeux sur l𠆞sclavage, l’oppression coloniale, les préjugés de couleurs dont jamais personne ne parle.
Le texte pose la question de l’identité -subie, rejetée, ou choisie...- dans un tel contexte de clivage et de non-dits.
Un document précieux sur la genèse d’une grande écrivaine et sur la société guadeloupéenne.
Commenter  J’apprécie          30
Recueil de nouvelles sur l'enfance et l'adolescence de l'auteur dans la Guadeloupe d'après-guerre, ce petit opus est d'une lecture fort plaisante. J'ai aimé cette description sans concession, ce décalage entre son milieu et ses sentiments et cette analyse, quelque peu sans pitié, de ses parents et de leur rapport fort compliqué à la culture guadeloupéenne.... interdit de parler créole et voyages réguliers vers Paris, fierté et orgueil.... la plume sans pitié n'empêche pas parfois une certaine tendresse. Première fois que je lis cet auteur mais je recommencerai !
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (343) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1754 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}