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Court et prenant récit maritime, Joseph Conrad tente ici de définir la jeunesse, qui résiste à toutes les catastrophes, la soif de découvertes, plus forte que tout. Mais on retiendra l'incroyable incendie du navire, chargé de charbon, véritable bête hurlante et sifflante qui se désagrège. Conrad ne voulait pas être catalogué comme "écrivain de la mer", lui qui a tant écrit sur les conflits terriens. Mais à chaque portrait de la mer, il atteint des sommets. Il frappe les esprits, faisant de simples traversées commerciales, des périples épiques, toujours rivés à l'humain.
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Comme beaucoup d'entre nous, je me souviens de "Typhon" et de son homérique description du combat d'un navire et de son équipage contre les éléments déchainés.

Conrad semble affectionner ce type de confrontations où l'homme se mesure non seulement à la nature mais aussi et surtout à lui-même.
Dans cette nouvelle, antérieure à "Typhon", le morceau de bravoure que constitue le récit de la tempête m'a plus impressionné que son pendant dans le roman.

Le voyage, comme toujours avec Conrad, n'est pas seulement maritime, il est aussi intérieur, les épreuves modèlent et endurcissent son personnage sans le détourner de ses objectifs, de ses rêves, en l'occurrence l'Orient.


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Yole, écubier, cacatois, drosses et drisses, culer, lofer, carguer, estrope, nous voilà plongés dans la poésie du roman de mer ! On est jamais sûr de tout comprendre mais on se doute bien que cela fait avancer le bateau. C'est une magnifique nouvelle, où l'auteur tisse habilement un parallèle entre le vieux rafiot fatigué, usé, fumant et craquant de toute part, coquille de noix battue par les vents, et le jeune héros à la conquête de soi et de l'orient fantasmé. On y retrouve des accents Melvillien la tempête, le feu, les dangers de la navigation remplaçant le monstre-baleine.
Et puis en ces temps de confinement, l'air du large et les embruns font du bien ! Allez, pour finir « passez moi la bouteille » comme aime le répéter le narrateur tout au long du récit !
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Je ne suis point un fervent adepte des romans de "mer" et pourtant...

Pourtant, j'ai été séduit par le personnage de Marlow qui intervient fréquemment en tant que narrateur dans les nouvelles, voire romans, de Joseph Conrad, et c'est le cas ici. Où Joseph Conrad emploie à nouveau un procédé pour introduire l'histoire qu'il veut raconter ; le biais d'une réunion d'hommes ayant eu des expériences similaires et se racontant un passage de leurs vies. Et c'est Marlow qui va raconter à ses compagnons son premier engagement d'officier de la marine marchande, à destination de l'Extrême-Orient, destination mythique pour le jeune homme qu'il est encore. Un voyage, à n'en pas douter, des plus singuliers, marqué du sceau de la malchance la plus implacable mais qui reste pour lui comme la marque la plus tangible de sa jeunesse. de même qu'un premier amour ne s'oublie jamais.

J'ai été séduit par une écriture fluide d'une puissance évocatrice remarquable qui nous transporte et nous communique la pleine dimension des sentiments résultant des épreuves traversées dans l'accomplissement d'un destin.
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"(...) et je me souviens de ma jeunesse et du sentiment qui ne reviendra plus jamais - le sentiment que je pourrais durer à jamais (...) ; ce sentiment trompeur qui nous attire fallacieusement vers les joies, les périls, l'amour, les vains efforts - vers la mort ; la conviction triomphante de la force, la chaleur de la vie dans une poignée de poussière, l'ardeur au coeur qui chaque année s'affaiblit, se refroidit, diminue et s'éteint -s'éteint trop tôt, trop tôt - avant la vie elle-même."

Marlow boit un verre avec quelques amis, se remémore ses vingt ans et raconte, avec émotion, un voyage vers Bangkok à bord d'un navire perclus de rouille, la Judée. Sûr de lui, ambitieux et s'imaginant immortel, le jeune marin d'alors accompagnera le rafiot dans son agonie : vieillard des mers, le Judée cabotera entre oedème (ses flancs prennent l'eau), coma (il est immobilisé plusieurs mois à terre) et fièvre intense (un feu s'y déclare, à combustion lente) avant de s'éteindre puis de glisser dans son sépulcre marin.

La singularité de la nouvelle, admirable en tous points, c'est sa construction en miroir : l'envol d'un homme comme un écho navré au trépas d'une barcasse épuisée. Conrad tient la barre avec maîtrise et manoeuvre son texte, d'une beauté poignante, jusqu'à destination, le coeur du lecteur.

"Pass the bottle"
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Jeunesse est un court roman publié dans le même recueil que le célèbre "Au coeur des ténèbres" et "Au bout du rouleau--". C'est donc trois âges de la vie qui sont illustrés ici par Conrad. Jeunesse nous raconte l'histoire d'un jeune marin embarqué sur un navire à destination des Indes. La jeunesse sera le moteur principal du héros Conradien, quand embarqué sur ce bateau de malheur où les pannes se succèdent, et où l'incendie menace, il faudra se battre contre les éléments et trouver la force de pouvoir amener le bateau à bon port. Comme toujours chez Conrad, l'écriture est magnifique, mais chose singulière dans son oeuvre, le personnage principale semble infaillible et porter par une volonté et un courage sans faille propre au rêve et aux ambitions de la Jeunesse. Dans bien des romans de Conrad, les ambitions des personnages seront terrassés, anéantis et ces mêmes personnages deviendront alors faillibles et vulnérables ; mais ici, l'auteur laisse la part belle au rêve, celui de la jeunesse, encore innocente, mais belle et bien déterminée.
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Première plongée dans l'univers de Joseph Conrad avec cette nouvelle.

Un bon récit d'aventure maritime qui rappelle volontiers la littérature de James Fenimore Cooper (dans le Corsaire Rouge) ou Robert Louis Stevenson (dans l'île aux trésors).

L'écriture a un peu vieilli mais l'histoire est prenante et se laisse dévoré facilement. Je recommande pour tous les fans d'aventure maritime.
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Cinq hommes assis autour d'une table évoquent leurs souvenirs de mer tout en buvant. Le narrateur nous annonce que Charles Marlow va raconter l'un de ses premiers voyages.
Jeune lieutenant âgé de vingt ans, Marlow doit embarquer pour Bangkok à bord de la Judée, un vieux trois-mâts anglais qui transportera vers l'Orient une cargaison de charbon. Dès le début, les déboires assaillent le capitaine, le vieux Beard. le bateau parvient enfin à quitter son quai, survient une tempête qui entraîne six mois de réparations. Pourvu d'un nouvel équipage, le voici prêt à reprendre la mer, mais – drôle d'augure – tous les rats quittent le bord avant le départ.
La traversée démarre bien jusqu'au moment où Marlow se rend compte que de la fumée sort de la cale. Il faudra se résigner à abandonner le bateau après une tentative de remorquage catastrophique. Des jours et des jours de mer seront nécessaires pour que les trois canots chargés de l'équipage abordent la côte de Java.
Le récit de Marlow a une dimension comique à plus d'un titre. Tout d'abord, l'officier de marine ponctue l'énumération des avanies que subit le bateau par un « Passez-moi la bouteille » comme s'il lui fallait boire un coup et reprendre force avant d'admettre devant ses compagnons qu'une nouvelle péripétie allait frapper la Judée. Ensuite, plus les coups du sort frappent le bateau, plus le jeune Marlow voit son enthousiasme et sa détermination se renforcer : il est certain de vivre une expérience unique et ne doute pas un instant de la surmonter. Il consent à tous les efforts et sacrifices pour rejoindre l'Orient mythique qu'il appelle de ses voeux. Enfin, le vieux capitaine et son second Mahon, la pauvre Judée illustrent l'âge qui ne peut plus être surmonté par l'expérience, aussi étendue soit-elle. Par contraste, la vigueur du jeune lieutenant, son courage sans cesse renouvelé, sa soif de nouveaux horizons détonnent sur la résignation du commandement. Lorsque l'aube orientale se lève sur les rescapés, on la voit avec les yeux émerveillés de Charlie.
Jeunesse est un hymne à l'aventure, à l'élan fougueux et la combativité des jeunes années, teinté de la mélancolie de ceux qui se souviennent d'une époque à jamais révolue.
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Court roman agréable à lire narrant les graves ennuis survenus à un bateau qui finalement explose; premiers poste d'un jeune officier.
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Joseph Conrad est un polonais né en Ukraine qui vécu à Marseille et qui écrivait en anglais.
Un homme de voyage, citoyen du monde comme tous les marins, il en était un lui-même pour s'être engagé dans la marine marchande britannique.
Un auteur qui vécut à la charnière entre les deux siècles et qui influencera les plus grands comme Faulkner, Gide ou Malraux.
Jeunesse raconte un court périple : le premier voyage du jeune Marlow, le dernier du vieux rafiau sur lequel il a embarqué.
Le navire fait eau de toutes parts (on assiste à plusieurs faux départs avant qu'il soit à peu près étanche), il doit affronter tempêtes et cyclones, les équipages successifs refusent d'aller plus loin, la cargaison de charbon finit par s'enflammer, et même les rats avaient préféré débarquer avant que cette presqu'épave soit prête à larguer ses amarres !
L'arrogante et invincible jeunesse de Marlow aura-t-elle raison de l'adversité ?
Si vous ne connaissez pas encore cet auteur incontournable, n'hésitez pas un instant : cette petite nouvelle (Jeunesse) est parfaitement construite. Un point d'entrée idéal dans la langue noble et riche de ces histoires au parfum suranné d'une époque (littéraire et aventureuse) révolue.
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
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