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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Eh bien par pur hasard, après "Feu" de Maria Pourchet, j'enchaîne avec "Tous les Feux le Feu " de l'écrivain argentin Julio Cortazar, dont c'est ma première rencontre grâce au billet d'un ami babeliote c128057 ( agent secret babeliote 😁, aah ces pseudos !), que je remercie en passant. J'espère que ce Feu qui me poursuit est de bonne augure 😊!
Ceux sont des nouvelles, genre que j'adore ( je sais, peu apprécié sur Babelio 😊), et débute avec une histoire très forte avec une chute irrésistible, celle d'un embouteillage sur l'Autoroute du Sud ( le titre) , qui a d'ailleurs inspiré une comédie au cinéaste italien Luigi Comencini, "L'ingorgo". Un embouteillage surréaliste qui bloque la route pour une éternité va créer une micro société, où les personnages sont désignés par leurs voitures et où La Ford Mercury et une Porsche en profiteront pour faire du traffic de victuailles 😁.....
Par la suite on assiste à une pieuse comédie joué en famille, on rencontre Che Guevara asthmatique, sans ventoline qui débarque à Cuba avec 81 guérillas pour renverser Battista, un steward italien qui s'amourache d'une île grecque, un ado à l'hosto qui veut jouer les grands avec l'infirmière, un clin d'oeil au théâtre de Peter Brook,metteur en scène britannique qui jette les conventions du théâtre, le bon goût et le savoir-vivre, et propose des formes différentes, des récits improvisés,.....et dans la nouvelle qui donne son nom au titre, la tromperie, le jeu de dupes, la mesquinerie des hommes et la violence des sentiments qui finiront par tout embraser.

On n'est pas loin du fantastique, l'auteur change de genre d'une nouvelle à l'autre, brouille nos repères spatio-temporels et narratifs , joue sur des effets de style pour corser des anecdotes banales, bref c'est surprise à chaque coût et réjouissant !

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Je viens de terminer cette série de nouvelles toutes plus insolites les unes que les autres, depuis l'histoire d'un embouteillage de plusieurs mois (sic !) sur l'autoroute du sud le jour des grands retours des vacanciers jusqu'à celle qui a donné son titre au livre et qui est sublimée par la voix d'André Dussollier sur le CD qui accompagne le livre.
Ma préférée, la plus émouvante à mon avis et celle qui m'a marquée : "Mademoiselle Cora" (une jeune infirmière qui soigne et apporte du réconfort à un adolescent malade).
Mais toutes sont empreintes de nostalgie et, antinomiquement, d'"horreur douce" sur la condition humaine.
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TOUS LES FEUX LE FEU de JULIO CORTAZAR
Des nouvelles qui semblent bien banales et qui finissent dans le cocasse ou l'insolite.
1. L'autoroute du Sud, retour de week-end sur 6 files sur l'autoroute, on avance à petits pas, la 2 CV des bonnes soeurs, la 404 de l'ingénieur, la dauphine de la jeune fille, le soldat Volkswagen et la Taunus, l'Anglia, la DKW et quand plus rien ne bouge, alors des liens se tissent d'une voiture à l'autre, on prend rendez-vous, les rumeurs enflent, un avion s'est écrasé sur la route , on est bloqués pour des jours…
2. La santé des malades. Tante Clelia est malade mais est préoccupée par sa maman, très malade, il ne faut pas qu'elle apprenne son problème surtout qu'il y a déjà la mort d'Alexandre qu'on lui a caché, mort en Uruguay elle le croit au Brésil, l'oncle lui écrit des lettres mais maman s'étonne, Alexandre n'utilise pas le petit nom qu'elle lui donnait…
3. Réunion. Souvenir d'un débarquement pour atteindre la Sierra Maestro, 60 morts sur 80 dans les marécages par des avions en piqué, et puis Luis qu'on croyait mort, retrouvé…
4. Directives pour John Hanell. Rice va au théâtre voir une pièce genre absurde, il aime bien mais trouve le premier acte ennuyeux. On vient le chercher dans sa loge et on lui dit qu'il va jouer le deuxième acte, il ne comprend pas mais n'a pas le choix, il doit improviser…
5. Tous les feux le feu. le proconsul et sa femme Irène regardent les jeux du cirque dans une odeur de sang et de fumier, les arènes prennent feu avec des jarres d'huile alors que de nos jours, Jeanine parle à Roland de Sonia qui doit venir, éteint mal sa cigarette et met le feu à l'appartement…
6. L'autre ciel. Il est courtier en bourse, fiancé à Irina, il flâne le soir avec Josiane sa copine rousse dans le quartier où Laurent assassinait des jeunes femmes…
On navigue du comique au tragique, de Paris à Buenos Aires, Cortazar nous entraîne à sa suite dans des aventures aux accents quotidiens pour les transformer anecdotes inquiétantes.
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La première des huit nouvelles présentées ici est peut-être la plus marquante ; encore que... il y en a plusieurs autres qu'on ne risque pas d'oublier non plus ! de véritables coups de poing ces histoires : il y a le sujet traité bien sûr, mais on a l'impression que Julio Cortazar pourrait s'emparer de n'importe quel thème avec autant de réussite, et l'écriture vive, précise, intense.
Le genre de livre dont le lecteur s'aperçoit tout à coup qu'il a lu plusieurs pages en apnée.
La première nouvelle donc, raconte un embouteillage, mais pas n'importe quel embouteillage : un gigantesque amas de voitures sur l'autoroute du Sud, coincées les unes contre les autres, et ce, pendant longtemps puisque plusieurs saisons vont passer. Tout commence de façon tout à fait normale mais soudain on se dit que ce n'est pas possible, que c'est exagéré ; mais comme l'auteur continue à raconter son histoire, le lecteur, lui, est bien obligé de continuer d'y croire, d'autant que le décalage avec une réalité possible est vraiment mince.
Ce petit récit "L'autoroute du Sud" écrit en 1964 cite des noms de voitures qui n'existent plus bien sûr mais cela apporte une intemporalité qui va de pair avec l'étonnant et l'extraordinaire...

Dans "La santé des malades" l'auteur raconte l'histoire d'une famille dont on ne peut rien dire à la mère du fait de sa santé trop fragile ; alors tous la trompent quand un malheur arrive, mais est-elle vraiment dupe ? Et les membres de cette famille ne finissent-ils par croire à leurs mensonges ?
Et puis il y a "Réunion" où il semble bien au lecteur que Che Guevara a pris la parole pour raconter un épisode de sa courte vie, "Mademoiselle Cora" sur les rapports entre un jeune patient et son infirmière dont la fin est tout à fait glaçante, et les autres courts récits tout aussi extraordinaires, objets littéraires plutôt originaux, à la psychologie fouillée et souvent constitués de longues phrases qui coupent le souffle.

Premières phrases : " Au début, la jeune fille de la Dauphine aurait bien voulu compter les heures, mais l'ingénieur de la 404 n'en voyait pas l'intérêt. Tout le monde pouvait regarder sa montre mais c'était comme si ce temps attaché au poignet ou le bip bip de la radio mesurait autre chose, par exemple le temps de ceux qui n'avaient pas fait la bêtise de vouloir rentrer à Paris par l'autoroute du Sud un dimanche après-midi et qui n'avaient pas dû, dès après Fontainebleau, se mettre au pas, s'arrêter, six files de chaque côté (on sait que les dimanches l'autoroute est réservée exclusivement à ceux qui rentrent à Paris), remettre le moteur en marche, avancer de trois mètres, s'arrêter, bavarder avec les deux religieuses dans la 2 CV à droite, avec la fille de la Dauphine à gauche, regarder dans le rétroviseur l'homme au teint pâle qui est au volant d'une caravelle, envier ironiquement le bonheur du couple de la 203 (derrière la Dauphine) qui joue avec leur petite fille, plaisantant et mangeant du fromage, ou être exaspéré par les deux petits jeunes gens de la Simca qui précède la 404 et même descendre aux arrêts et explorer un peu les alentours sans trop s'éloigner..."

A lire - ou à relire - c'est de la très bonne littérature !
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Avec ce recueil de huit nouvelles, je découvre cet auteur emblématique de la littérature sud-américaine. J'ai longtemps cru que le réalisme magique n'était pas pour moi. Alors si c'est ça, je me rétracte parce que j'adore ça. J'ai été fort impressionnée par l'écriture de Cortázar qui met l'expérimentation formelle au service d'histoires très originales.

Tous les textes du recueil sont excellents et je pense que les préférences dépendront des affinités de chacun. Mes nouvelles favorites sont La santé des malades et Mademoiselle Cora. Dans la première, les proches d'une vieille dame malade préfèrent lui cacher les malheurs qui s'abattent sur la famille, ce qui les entraine dans une spirale infernale de mensonges. Dans la seconde, une jeune infirmière s'occupe d'un adolescent hospitalisé pour « une petite opération de rien du tout ». Cette nouvelle illustre bien le style singulier de l'auteur. La narration passe subtilement d'un personnage à l'autre, parfois dans une même phrase, pour donner accès aux pensées intimes des protagonistes qui se font face. J'ai moins aimé la nouvelle Réunion, par son thème de la guérilla. Dans plusieurs nouvelles, des glissements s'opèrent entre différentes consciences ou différents espaces-temps. de manière générale, leur lecture exige une attention particulière, mais je l'ai trouvée fascinante et elle m'a procuré beaucoup de plaisir.
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Julio Cortázar sait tirer de la plus banale des réalités des prolongements insolites et d'un fantastique inquiétant. Dans "L'autoroute du Sud" par exemple, il imagine que l'un de ces embouteillages que nous connaissons bien puisse durer plusieurs jours et nous montre toute une humanité naufragée qui s'applique à survivre. Dans "La santé des malades", c'est sur les pieux mensonges qu'on réserve aux agonisants qu'il spécule adroitement. Ailleurs encore, son réalisme magique joue avec la notion de temps et de lieu. Bref, chacune de ces huit nouvelles est une merveilleuse réussite.
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Comment parler de cet étrange recueil de nouvelles ? Les histoires, les lieux, les personnages sont très différents pourtant on retrouve une trame commune : un bouillonnement. Je me suis perdue dans les noms propres, les prénoms, les époques, les lieux, les dialogues et les phrases parfois très longues. L'auteur, après avoir vous avoir plongé avec beaucoup de force dans une scène de la vie quotidienne, prend un malin plaisir à vous égarer, à vous amener à vous interroger, à relire la phrase précédente et à finir en vous laissant parfois pantois, parfois sur votre faim.

Je n'ai pas réussi (comme souvent dans les récits courts) à m'immerger complètement dans les histoires ou dans la psychologie des protagonistes.

Mais plus que le récit en lui-même, c'est l'exercice de style qui m'a séduite, par exemple dans Mademoiselle Cora, le changement de point de vue bascule d'un personnage à l'autre entre un adolescent émotif, une mère anxieuse et une jolie infirmière orgueilleuse chacun avec une intense palette d'émotions. le balancier s'accélère jusqu'à changer à l'intérieur même d'une phrase.

Une belle expérience littéraire
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