- Aucun homme ne vaut Charlie ! clama l'inconsolable Esther, mais vous ne m'aviez jamais parlé de votre cousin Georges, ma chère...
Mlle Florence eut une sorte de grimace mutine qui défripa quelques secondes son visage boucané.
- Nous jouions ensemble, quand nous étions enfants, dans la maison de campagne de l'oncle Booz, j'étais haute comme une mule. " Espèce de grande mule !" me criait l'oncle, pour un oui ou pour un nom. Et Georges était plus petit que moi. Mais il avait une figure toute lisse comme dans les médaillons, des cheveux coiffés en bandeaux, qui sentaient la pommade de concombres, et une veste de velours brun avec des pantalons écossais...
Il y avait, en vérité, exactement quatre ans que l'on avait ramené Charlie à la maison, enveloppé d'un imperméable de femme (un imperméable qui sentait un vilain parfum).
...Charlie, aux bras pendants, secoués par la marche des porteurs, au visage d'un jaune écœurant de thé léger.
Cet affreux camion, pavoisé du nom d'un potage express, dont le chauffeur roulait toujours à une vitesse stupide, l'avait renversé alors qu'il traversait la rue voisine en sifflotant son air favori.
Mlle Florence tendit la main vers de petits gâteaux qu'elle affectionnait - de minuscules chapeaux de pâte frite surmontés d'une cerise rissolée.
- Ah ! vous avez fait des "bonnets de clown", comme c'est gentil !...