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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« J'ai appris que les hommes avec de grands idéaux sont très souvent des gens aux idées courtes. Heureusement, je n'ai ni idées, ni idéaux.»
1973 et de nos jours au Mozambique. Je me suis retrouvée prise dans un panier de crabe. La colonisation du Mozambique par les Portugais m'était inconnue jusqu'à présent. C'est un contexte historique très fort.
Les absents présents partout.
Le poids des secrets.
Le besoin de comprendre, de savoir.
Une envie de retrouver ses racines, son pays.
D'un cyclone à l'autre le narrateur va reconstituer son passé.
Chaque lieu est un bout de l'histoire raconté par différentes personnes.
J'ai admiré cette femme qui voue un amour inconditionnel à son poète de mari.
Il y a aussi cette jeune femme qui recherche sa mère . Et aidera le fils à comprendre le père et le pays.
Qu'elle est la place du poète face à la guerre, face aux cyclones.
Il se joue de la nature en lisant.
Face à la folie de la guerre, il fait son possible pour sauver des hommes, témoigner et se retrouve pris dans une tourmente et des mensonges dont il ne peut s'extirper
Je n'ai pu m'empêcher de penser à Baudelaire et à son poème L'albatros, le prince des nuées si désarmé face à la duplicité de certains hommes.
J'avais très envie de découvrir la littérature lusophone et cet auteur mais là j'ai aussi découvert un pays et une autre culture passionnants.
Bien entendu je suis tombée sous le charme de Mia Couto. Quelle plume ! Quel panache !
Merci au éditions Métalié
#LeCartographedesabsences #NetGalleyFrance
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Un écrivain revient au Mozambique, son pays natal. Une femme lui remet les écrits de plusieurs personnes : ceux de son propre père policier de la PIDE qui a arrêté le poète qui s'est battu contre la colonisation portugaise et qui est le père de l'écrivain, ses propres textes élaborés alors qu'il était enfant et d'autres encore. Il va revoir ceux qui avaient traversé sa vie dans les années 70 et surtout découvrir la suite de l'histoire de cette jeune fille amoureuse d'un homme de couleur, donc amour interdit et qui se sont jetés dans le fleuve enchaînés l'un à l'autre. Peu à peu les vides de leurs passés respectifs vont se remplir tandis qu'un cyclone s'approche...
Un mélange de biographie et de documentaire servi par une belle écriture parfois poétique. J'ai beaucoup aimé les citations en débuts de chapitres et quel magnifique titre ! Merci à Masse Critique et aux éditions Métailié pour ce voyage dans un pays peu décrit dans les romans français.
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« le cartographe des absences » a été, pour moi, ma première incursion dans la littérature mozambicaine et j'ai vraiment mais alors vraiment été agréablement surprise ! Il est vrai que j'ai de graves lacunes en matière de littérature africaine, malgré les très nombreux talents issus de ce continent. C'est d'ailleurs dommage qu'ils ne soient pas plus mis en lumière et notamment, pour celui-ci, en la personne de Mia Couto.

L'auteur, Mia Couto, y narre l'histoire d'un poète qui revient dans la ville de son enfance et adolescence, sur invitation, peu de temps avant le passage d'un cyclone dévastateur et y redécouvre tout un pan de son histoire familiale. Il y aura son père, poète aussi et engagé contre la colonisation portugaise, Benedito, leur jeune serviteur devenu dirigeant du FRELIMO au pouvoir, son frère caché, … Ce retour aux sources va lui ouvrir les yeux sur de nombreux secrets, révélant aussi tout un pan de l'histoire du Mozambique.

La plume de Mia Couto m'a tout simplement séduite. Ce pèlerinage se vit comme une enquête sur les pas de ce père, poète engagé, dont les empreintes ont laissé d'importantes traces. J'ai énormément appris par cette lecture, notamment sur le passé colonial subi par cet état d'Afrique orientale durant de longues années. Comme nous le savons tous, les colonisations ont souvent laissé de terribles cicatrices après les massacres et destructions dont les colons pouvaient faire preuve.

Déjà en lisant le roman, je me suis demandé si l'auteur s'était inspiré de sa propre histoire. En faisant quelques recherches sur Internet pour écrire cette chronique, je me suis rendue compte que l'auteur et son héros principal partageaient de nombreux points communs. Finalement, tout cela fait que les lecteurs se demandent jusqu'à quel point certains éléments sont fictifs ou bien biographiques.

Voici donc l'un des livres qui me marquera le plus dans le cadre du Prix Bookstagram du roman Etranger. Je vous le conseille vivement !
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Un cyclone arrive, Diogo, poète revient dans sa ville natale, Beira, ville du Mozambike, qui jadis étais un pays colonisé par les Portugais. Aujourd'hui un cyclone est susceptible de déraciner la ville, mais Diogo reste.
Avec l'aide de Liana, petite fille d'un inspecteur de la PIDE, Diogo va retracer la vie des siens, de sa famille, de ce père poète et journaliste, envoûté par les femmes...
Ce roman est une plongée dans la grande Histoire, en effet, ce roman se situe à la fin d'un monde pour les Portugais colonisateurs et le début d'un autre pour les africains.
Entre la peur, la folie et l'espoir, Mia Couto nous raconte un passé si mal connu, pour ma part du moins, donnant voix à ces gens qui ont subi d'atroces injustices.
" Un voyage au centre de l'âme"
Un livre marquant, puissant dans sa forme narrative pour raconter un passé, une enfance...qui s'ouvre vers de nouveaux horizons.


Lien : https://www.facebook.com/lec..
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Je connais Mia Couto par l'accordeur des silences et je suis très content de retrouver cette même manière d'écrire si unique, si transcendantale et si juste. Bien que l'intrigue se base sur des histoires vraies, ça n'en est pas moins un roman qui vise l'authenticité.
L'auteur signe ici sans aucun doute de ma part son meilleur roman, commençons par parler des dialogues qui sont exquis, j'ai adoré les échanges entre notre narrateur et Liana par exemple, ça m'a tout de suite accroché et plongé dans l'ambiance post-colonialiste du Mozambique. C'est très fluide et naturel comme dialogues, j'ai ressenti à travers eux l'envergure des personnages, leurs profondeurs, quelques lignes suffisent pour comprendre de quoi il en retourne et ça me plaît beaucoup. J'aime aussi le fait qu'il faille un peu lire entre les lignes pour comprendre toute la portée des paroles.
Côté personnage on a notre narrateur, Diogo, un poète dont le père exerçait lui aussi le même métier, principal protagoniste mais qui sait aussi laisser la place aux autres le temps venu, il n'éclipse pas tous les personnages mais rayonne par ses formules. Il fera un « voyage vers le centre de son âme » comme il aime à le dire, on le retrouvera durant son adolescence tiraillée entre le racisme, le colonialisme dont il est victime, les trahisons, les polices qui sont plus proche d'une milice militaire que d'un groupe ayant pour but de protéger et servir. Les autres personnages sont haut en couleurs, je pense notamment à Maniara qui met un peu de piment dans l'aventure.
Pour l'intrigue, c'est très simple, j'en ai parlé un peu au-dessus mais je ne vous ai pas dit le plus important, le cyclone qui dévaste la ville de Beira sur la côte du Mozambique. Mais le propos du roman tourne plutôt autour de ce qu'a vécu notre narrateur. En fait, c'est tout un pan d'Histoire qui nous est raconté au travers des personnages, c'est une histoire que l'on voit à travers les yeux d'un poète, d'un adulte, d'un conteur et d'un fils, c'est une intrigue intime sur un sujet global, celui du racisme dont il est beaucoup question mais c'est plus que ça, c'est presque indéfinissable, c'est un je ne sais quoi, un mélange parfait entre réalité et fiction.

Le roman est très accessible et se lit rapidement, les chapitres courts donnent un bon rythme au livre. Même si le livre s'oriente plutôt sur un public adulte, les jeunes adultes pourront aussi trouver dans ce roman un témoignage fort, un récit d'une vie hors du commun et pourtant presque banale. A titre personnel, c'est un roman qui m'a marqué, les sujets sont bien traités et c'est une redécouverte totale de cet auteur qui m'avait déjà fait une bonne impression.

Merci à #NetGalleyFrance pour l'envoi bien en avance de #LeCartographeDesAbsences et aux éditions Métailié de se prêter au jeu.
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L'histoire se situe sous fond de révolution au Mozambique, une colonie portugaise. le Portugal est sous la dictature de Salazar, les massacres ne se comptent plus, et pourtant, dans ces lieux sombres, Mia Couto fait raisonner la poèsie... Ces personnages sont percutants, authentiques, le récit est passionné, puissant.
Le roman est scindé en deux parties qui s'emboitent parfaitement. Une partie nous situe en 1973, veille de la révolution des oeillets (avril 1974) au Portugal et la situation au Mozambique est critique, le racisme est à son paradoxisme, le pays s'enflamme... Dans ce décor, une famille, celle d'un poète journaliste, de son épouse et de son fils Diogo.
Ce même Diogo qui, dans la seconde partie située en 2019, mène l'histoire en faisant ressurgir ce passé et ses intrigues...
Pour la partie ancienne, l'auteur construit son récit sous forme de différents documents, témoignages, correspondances qui rendent l'histoire plus authentique.
L'amour de Mia Couto pour son pays y est très représenté, ses engagements y sont transparents et les personnages père-fils n'est pas sans rappeler l'auteur et son père.

C'est un premier roman de cet auteur que je lis, et à n'en pas douter, pas le dernier !
Lien : https://pasionlivres.blogspo..
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Personnage éponyme du titre, « cartographe des absences » dont l'écriture fouille la mémoire et ressuscite les oublis et les oubliés de l'histoire, agissant comme un double de Mia Couto, dans un roman qui s'inspire largement de la propre histoire familiale et du destin du père de l'écrivain mozambicain, Diogo Santiago est un poète et romancier, rappelé pour une célébration universitaire de son oeuvre dans sa ville natale, Beira, à la veille du passage d'un cyclone, une menace redoutée comme l'Apocalypse dans cette cité côtière. Dès le premier soir, il rencontre la belle Liana, maîtresse de la cérémonie d'hommage, qui, en même temps qu'elle tente de le séduire, lui confie de précieux documents, concernant son propre passé et, surtout, celui de son père Adriano, journaliste et lui-même poète, engagé auprès des communistes armés du FRELIMO, un mouvement de lutte contre le régime colonial imposé par la dictature portugaise, et appelé en 1973 par ce dernier à réaliser un reportage sur des massacres organisés par l'armée contre les rebelles dans la région reculée d'Inhaminga.
Intrigué, confronté à ce passé qu'il a lui-même vécu comme témoin et acteur, découvrant l'inconstante vérité des faits, Diogo prolonge, en dépit de l'ouragan annoncé, son séjour à Beira et mène l'enquête jusqu'à Inhaminga. Sa lecture des documents - rapports de la police politique, lettres de dénonciation ou correspondance plus intime, journaux personnels de son père ou de lui-même, photos jaunies – reconstruit la mémoire de la violence, du racisme et de la bêtise cynique des colons portugais, tandis qu'il rencontre quelques puissants fantômes, survivants de son adolescence : Benedito, un jeune noir recueilli par ses parents et caché comme un « serviteur », devenu depuis un représentant du nouveau pouvoir, l'ancien inspecteur Oscar Campos, l'un des dirigeants les plus cruels de la terrible PIDE, la police politique de Salazar, Maniara, toujours sorcière et aujourd'hui photographe, cherchant dans ses clichés présents à révéler la vérité intérieure des êtres, après avoir hier sauvé et protégé plusieurs vies…
Habitée ainsi par des personnages souvent paradoxaux et hauts en couleur, alternant deux temps du récit, entre aujourd'hui et le Mozambique de 1973, jonglant entre des faits-divers tragiques comme le suicide de deux jeunes amants, victimes des préjugés racistes et sociaux de l'époque, et des anecdotes symboliques comme l'aller-retour de la machine à écrire paternelle, un objet doté de pouvoirs fantastiques, entre les bureaux de la PIDE et la maison familiale, usant des vertus de l'humour comme de celles du merveilleux, l'intrigue baroque du Cartographe des absences offre au lecteur tous les plaisirs d'une histoire riche de révélations et de rebondissements, en même temps qu'elle propose une méditation sur la puissance introspective de la poésie, les relations ambigües entre le journalisme engagé et la littérature. Dans ce dernier texte comme dans les admirables L'Accordeur de silences (Métailié, 2011) ou La Pluie ébahie (Chandeigne, 2014), pour n'évoquer que deux autres perles d'un précieux collier, Mia Couto déploie tout son talent de conteur philosophe, montrant qu'un roman n'atteint sa pleine dimension qu'en interrogeant les ressources de sa propre écriture et la place qu'il donne aux rêves de l'humanité. Alors, ce Nobel qui lui est promis depuis longtemps, on le lui donne bientôt, au cartographe Couto ?
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Un grand coup de coeur !

En 2019, un poète se rend au Mozambique, invité par l'université de Beira, quelques jours avant la destruction de la ville par le cyclone Idai. Fils, du célèbre poète Portugais Adriano Santiago, Diogo retrouve son enfance et tente de découvrir et comprendre les secrets de sa famille.
L'histoire alterne 2019 et 1973, période de massacres de la population Mozambicaine par les troupes coloniales. En effet, cette guerre oppose le pouvoir colonial portugais et le Front de libération du Mozambique (FRELIMO), conflit au coeur duquel Adriano, le célèbre poète est fortement engagé contre la colonisation.
Ce magnifique roman nous raconte l'histoire de l'indépendance du Mozambique à travers la famille de Diogo, de Sandro son frère, de Benedito, le serviteur de la famille, de leurs voisins, de deux amoureux dont la légende raconte qu'ils se sont suicidés, de Liana et tant d'autres personnages.....
J'ai beaucoup aimé l'écriture poétique. J'ai beaucoup appris sur l'histoire du Mozambique, sur la violence et le racisme de ce massacre.
Une claque littéraire, un grand coup de coeur qui marque, se déroulant dans un contexte historique dramatique et extrêmement fort ! A LIRE !
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La cartographie des absences est un livre très riche qui s'articule autour de sujets difficiles, la guerre notamment, mais ne s'y restreint pas, élargissant le champ de ses thématiques, tendant à l'universel, il est « ample » et se donne à lire d'une façon relativement douce compte tenu des sujets abordés.

Si le thème principal du livre _ la quête d'identité _ n'est pas très original, il ne faut pas s'y arrêter. En effet le texte de Mia Couto a de nombreuses dimensions. C'est un texte dont on sent qu'il est intime _ peu importe que ce soit vrai ou faux à mon sens, c'est toujours un plaisir que d'être invité à partager l'intimité d'un auteur d'une sensibilité pareille _ car c'est un texte sur ce qui doit être su ou pas, tu ou pas, et pour quelles raisons. En effet, si dans ce roman le protagoniste, un poète reconnu, cherche à retrouver la trace de son « cousin » disparu lors de la guerre coloniale du Mozambique, le sujet est en fait là et ailleurs à la fois. C'est à mon sens un texte sur le pardon, sur la relation d'un homme à son passé, à son enfance, c'est aussi un texte sur la famille, qui, plus largement interroge les liens qui unissent les êtres humains. Les parents du poète sont superbes, singuliers, beaux dans leurs défauts, leurs habitudes ou leurs combats. Ils ont leur voix et le concert de toutes les voix qui s'expriment dans le texte est subtilement orchestré.

C'est aussi un texte qui porte sur la place de la poésie et de la langue dans le monde. Cette question est posée à travers la mise en abîme du texte et des personnages, et depuis que j'ai lu ce livre et mesuré la force de la relation de Mia Couto aux mots, je perçois combien cette question est fondamentale.

Finalement c'est un livre qui raconte la guerre coloniale au Mozambique, ce qui n'est pas négligeable. Je suis personnellement toujours surprise de constater l'immensité de mon ignorance au sujet de cette période de l'histoire européenne et donc ravie d'en apprendre sur elle.

Somme toute, c'est un livre poétique, inspirant, dont je me souviendrai pour sûr.
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