Très particulier ce roman qui commence très doucement. Tellement doucement, qu'à un moment on est en droit de se demander si ce n'est pas juste un rapport des discussions entre Bartolomeu et Sidonio, parfois intéressantes, parfois futiles, souvent redondantes. Car, même si l'auteur aborde des thèmes aussi sérieux que l'esclavage, le racisme, le rôle des femmes dans la société mozambicaine et portugaise, l'amour, la solitude, l'absence et la mort, eh bien, tout cela se lit, certes sans désagrément mais sans intérêt véritable. Des dialogues qui s'enchaînent. Mais, parce qu'il y a un "mais", la seconde partie est nettement plus fertile en rebondissements et réflexions. Tenez bon les 60/70 premières pages (encore une fois sans forcer, mais sans enthousiasme) et vous serez récompensés par les 100 dernières.
Mia Couto dialogue beaucoup, fait preuve d'humour. Son écriture est alerte, vive et précise, très imprégnée de culture africaine, des coutumes, croyances et légendes. Elle regorge d'aphorismes. Elle est emplie également de néologismes très aisément compréhensibles dont celui que vous venez de lire "subterfugitif", "définitifier", "imbéciliter", "kangourouant", ... ou alors, ce sont des erreurs de traduction, mais ce serait faire injure à E. Monteiro Rodrigues.
Tous ces extraits sont dans la première partie, la plus légère. La seconde partie est beaucoup plus sombre et noire et si l'écriture reste alerte, vive et précise, l'humour a tendance à y être moins présent au profit d'une description d'un pays qui est sorti récemment de la colonisation, avec les conséquences sur ses habitants, la prise du pouvoir par certains, les familles qui survivent lorsque le chef de famille a perdu son travail, la misère, les rivalités dans une petite ville, ...
Un auteur mozambicais, né de parents portugais exilés, que je découvre avec ce livre et que je suivrai.
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