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EAN : 9780691033426
558 pages
Princeton University Press (01/06/1994)
4.5/5   1 notes
Résumé :
The Epicureans, Skeptics, and Stoics practiced philosophy not as a detached intellectual discipline, but as a worldly art of grappling with issues of daily and urgent human significance: the fear of death, love and sexuality, anger and aggression. Like medicine, philosophy to them was a rigorous science aimed both at understanding and at producing the flourishing of human life. In this engaging book, Martha Nussbaum examines texts of philosophers committed to a ther... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En cas de dépression, de mal-être, de deuil, de chagrin d'amour, de spleen ou d'un autre trouble de l'âme, qui aurait l'idée aujourd'hui de consulter un philosophe ? Probablement pas grand-monde. Pourtant, durant l'antiquité, les philosophes étaient considérés comme les médecins de l'âme, au même titre que les docteurs le sont pour le corps. Dans son ouvrage dense et complet La Thérapie du Désir (The Therapy of Desire), Martha Nussbaum rappelle ainsi à juste titre que les grands systèmes philosophiques se sont tous fondés sur une ambition thérapeutique : celle de soigner les êtres humains des choses qui les troublent. A cette époque, bien loin des élucubrations de la philosophie contemporaine, la théorie ne se détache quasiment jamais de la pratique, qui est aussi une éthique. Dans ce cadre, l'Aristotélisme, l'Épicurisme, le Scepticisme et le Stoïcisme proposent tous leurs propres définitions du bien comme bonheur (eudaimonia) et des méthodes à adopter pour y parvenir.

Un peu à la manière de Jean-Jacques Rousseau avec son Emile (Emile ou de l'éducation), Martha Nussbaum s'invente un personnage pour passer en revue les différents systèmes de l'antiquité. Il s'agit de Nikidion, disciple femme qui va intégrer successivement chacune des quatre grandes écoles susmentionnées pour voir ce que ces dernières peuvent lui apporter en tant qu'être humain en quête de la vie bonne. Ce procédé d'écriture permet de maintenir un fil conducteur dans le développement et rend la lecture de l'exposé plaisante. Nikidion constitue un personnage d'identification pour les lectrices et les lecteurs.

Le propos de Martha Nussbaum se cantonne à l'analogie entre la philosophie et la médecine comme art de vivre, sur la période hellénistique, qui comprend six siècles et deux sociétés (de la fin du IVème siècle avant J.-C. à Athènes jusqu'aux premiers siècles à Rome). Les cyniques sont volontairement ignorés en raison du peu de sources dont nous disposons – d'après l'auteure – à leur sujet. Pour le reste, les penseurs hellénistiques s'accordent sur le fait que la philosophie est une activité consistant en des discours argumentés et des raisonnements au service de l'épanouissement (flourishing) de la vie humaine. Les arguments du philosophe doivent être recevables par ses pairs mais aussi et surtout par les non-initiés.

Pour soigner Nikidion, les thérapeutes doivent d'abord définir les troubles qui la touchent. Subit-elle ses émotions et passions ? Est-elle colérique, ivre d'amour, angoissée par le futur, nostalgique du passé ? En souffre-t-elle ? Est-elle consciente des conséquences néfastes de ses croyances ou bien au contraire, ignore-t-elle le mal qu'elle se fait ? Selon les penseurs hellénistiques, c'est la société qui forme de fausses croyances quant aux choses qui importent : elle crée des désirs de richesse, de pouvoir ou de renommée par exemple. En résulte que la plupart des citoyens se trompent sur ce qu'est une vie bonne sans même en avoir conscience. Ce qui est le cas de Nikidion.

La norme médico-philosophique de la santé repose alors sur la notion de nature humaine. Chaque école défend des raisonnements spécifiques sur ce terme. Pour découvrir la nature humaine qui réside en chacun de nous, il faut très souvent déconstruire les passions formées par la société, les fausses croyances et les faux jugements. Rien de cela n'est naturel. La colère par exemple, n'est pas juste une réaction corporelle, mais est aussi dirigée vers quelqu'un ou quelque chose. Elle nécessite de croire que j'ai subi une injustice de la part d'une personne ayant agi délibérément. Il s'agit de conscience intentionnelle (intentional awareness) car ce processus cognitif pousse à avoir une vue de l'objet, un jugement sur l'objet. Ce faisant, on octroie à l'objet une qualité qu'il ne possède pas. Chaque émotion ou passion est plus ou moins rationnelle. Même le sentiment de soif repose ainsi, dans une certaine mesure, sur des croyances. Les philosophes n'exigent pas toujours de supprimer ces affects. Ils cherchent aussi à les faire dépendre de raisonnements plus justes. En changeant le raisonnement via un discours argumenté, ils soutiennent que l'on peut modifier les émotions qui entravent l'accès à l'eudaimonia.

A partir de cela, il n'est pas exagéré de dire que ces thérapeutes, qui considèrent la structure cognitive de l'individu comme un ensemble au lieu de chercher à soigner les émotions à partir des émotions, sont les précurseurs de la psychologie et de la psychanalyse.

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Video de Martha Craven Nussbaum (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Martha Craven Nussbaum
Robert Maggiori Cynthia Fleury Dr. Jean-François Ciais Zona Zari Attaché à l'acte thérapeutique, le soin exige savoir, méthode et technique. C'est parce qu'il est soutenu par un long apprentissage pratique et théorique que le geste, la prescription, l'opération du médecin est efficace, c'est parce le médicament est scientifiquement élaboré, contrôlé, testé, qu'il arrive à extirper la maladie. Mais la médecine n'est pas, ou n'est plus, un «art mécanique» – mais une science humaine, qui a affaire à des sujets qui, malades certes, sont des personnes, avec leurs particularités, leurs caractères, leurs rêves, leurs projets, leurs peurs, leurs émotions, leurs logiques de pensée. La compassion, quant à elle – à savoir le sentiment par lequel un individu perçoit émotionnellement la souffrance d'autrui – est l'une des rares «positions» humaines capable d'engendrer, comme a pu l'écrire Martha Nussbaum, une action vouée à l'allègement de la douleur d'autrui. Elle exige de se rendre là où « cela fait mal », d'entrer dans les lieux de chagrin et de peine, de partager l'isolement, la peur, la confusion, l'angoisse, le désespoir – afin de faire que la souffrance de l'autre ne demeure pas, justement, «autre». Mais a-t-elle des vertus «thérapeutiques»? Peut-elle soigner? Plus exactement, comment dans le champ médical, infirmier, assistanciel, soin et compassion peuvent-ils se mêler – selon quelle «posologie» – de sorte que le soin implique des rapports «compassionnels», faits d'écoute, dattention, de sollicitude, et que la compassion, si elle fait du bien aux soignés, n'expose pas les soignants à une surcharge émotive, une «fatigue de compassion», un épuisement psychique et physique, un haut degré de stress, un sentiment d'impuissance?
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