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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Décidément, la littérature ado réserve de bien belles découvertes. A travers l'histoire émouvante d'une jeune suffragette, "Celle qui voulait conduire le tram" nous plonge dans une histoire qui rejoint la grande Histoire, celle de ces femmes qui se sont battues pour avoir les mêmes droits que les hommes.

Nous sommes en 1916, à Lyon. Agnès Meunier, jeune mariée, est ouvrière tisseuse dans une usine. Son mari, Célestin, est à la guerre. Comme de nombreuses autres épouses, Agnès a dû mal à finir les fins de mois. Alors lorsqu'elle apprend que l'on embauche des femmes à la Compagnie des omnibus et tramways de la ville, elle n'hésite pas une seconde. C'est ainsi que la jeune femme est embauchée comme wattwoman, conductrice de tramway, un poste jusque-là réservé uniquement aux hommes et bien mieux rétribué que son ancien emploi pourtant bien plus pénible. Pour Agnès, c'est une révélation : elle aime ce métier et se sent enfin épanouie. Mais le retour de Célestin puis la fin de la guerre vont la ramener à sa condition de femme et lui faire prendre conscience qu'une bataille est à mener pour que les femmes, enfin, aient les mêmes droits que les hommes.
Quelle histoire émouvante que celle d'Agnès ! Autour de ce personnage très attachant, nous plongeons dans l'immédiate après-guerre, lorsque les femmes qui avaient contribué à faire tourner le pays durant quatre années, ont été tout simplement renvoyées à leurs fourneaux et à leur ménage. Agnès, comme beaucoup d'autres, après avoir connue l'autonomie et la liberté, subit l'humiliation de se retrouver cantonnée à un rôle de femme soumise. La victoire de 1918 a alors pour elle un goût bien amer... Découvrir que des femmes comme elle luttent pour obtenir les mêmes droits que les hommes est alors une bouffée d'espoir. Un autre avenir semble possible.

Autour du destin de cette jeune conductrice de tramway révoltée par l'ingratitude des hommes et du gouvernement, Catherine Cuenca mêle habilement fiction et faits historiques. Elle fait ainsi intervenir des personnages qui ont bien existé comme la féministe charismatique Madeleine Pelletier. Elle évoque également l'association féministe "La solidarité des femmes" ou encore les suffragettes en Angleterre qui manifestent pour obtenir le droit de vote bien avant la guerre. Les personnages fictifs apportent la touche émotionnelle à ce récit qui décrit toute la difficulté des femmes à se faire entendre à cette époque, révélant également à travers les doutes d'Agnès la difficulté de s'affirmer dans un monde d'hommes où les revendications égalitaires des femmes étaient réduites aux excentricités d'une bande « d'inverties » - entendez par-là homosexuelles - à cette époque où le port du pantalon était prohibé pour les femmes.

Que de chemin parcouru depuis cette époque… et quel chemin encore à parcourir. Car il est clair, contrairement à ce que pensait Madeleine Pelletier, que l'égalité politique n'a pas fait disparaître toutes les inégalités.
Un livre dont le thème est intéressant à débattre avec les jeunes et qui permet d'ouvrir de nombreuses discussions sur l'égalité homme/femme.
Surtout, un livre très émouvant qui permet de rappeler les sacrifices endurés par ces femmes, très courageuses, et pourtant bien vite oubliées.
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Comme toujours avec cette autrice, un roman court et percutant, solidement documenté, porté par une héroïne forte et attachante, abordant des thèmes importants de façon juste et pertinente.

Vous connaissez mon intérêt pour le mouvement suffragiste et la première guerre mondiale, j'ai été servie avec ce roman pour adolescents qui aborde avec justesse l'un et l'autre.

Catherine Cuenca s'attache à nous dépeindre la condition féminine pendant le premier conflit mondial : appelées à remplacer les hommes, les femmes ont répondu présentes, mettant pour certaines leur vie en péril.

Elles ont découvert ainsi qu'elles pouvaient être fortes et indépendantes, capables de travailler comme les hommes, à des postes d'hommes, ce qui leur était refusé en temps de paix.

Of course, aussitôt la guerre achevée, elles ont été priées de rentrer dans leur foyer, reléguées aux rôles d'épouses et de mères.

D'où la révolte de notre héroïne qui va militer pour le droit des femmes en dépit de l'opposition de son mari et du refus de ses collègues à se battre pour leurs droits car il ne faut pas l'oublier, toutes les femmes n'étaient pas féministes, et se rangaient aux cotés de leurs époux, fustigeant tout autant qu'eux les suffragettes !

L'autrice s'attache aussi à démontrer les ravages de la guerre sur les hommes revenus du front. Certains étaient devenus alcooliques, d'autres traumatisés par ce qu'ils avaient vécu dans les tranchées ou aigris de voir les femmes aux manettes.

L'histoire est dure et triste mais nécessaire, je vous la recommande vivement. Les adolescents, cible visée par l'autrice, se rendront compte du dur combat qu'ont mené les féministes pour le droit de vote et pourront juger de la réalité de la guerre.

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Témoigner du combat des suffragettes auprès des ados, c'est le pari réussi de ce roman. Pendant la Grande Guerre, Agnès est recrutée par la compagnie de transports lyonnais et accède au difficile métier de wattwoman, dans lequel elle excelle. Mais en 1919, au retour des hommes, on la renvoie chez elle... Elle rejoint alors un groupe de suffragettes et découvre le combat pour l'égalité, parfois même contre l'avis des femmes de son entourage.
Une histoire courte qui aborde un thème peu traité en littérature jeunesse : la place des femmes pendant la Grande Guerre, leur humiliation au retour des hommes, leur combat politique qui fut réglé dans la violence et fut ensuite réduit au silence.
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Prix des Incos 3ème-2nde 2018/2019
Une jeune femme prend le tram, c'est la guerre, son amour est parti, elle l'attend, harassée de peine et de fatigue de travail à l'usine. Quand elle croise une ouvreuse c'est le choc. A une époque où les femmes n'ont aucun droit si ce n'est celui d'enfanter, elle s'étonne de cette place. Elle en rêve ! C'est décidé, elle sera elle aussi ouvreuse de tram.
Le destin tragique d'une femme qui croyait en ses droits à une époque où personne ne veut y croire. Une guerre qui tue des hommes autant qu'elle élève des femmes, une période difficile à gérer pour tout le monde et pour diverses raisons.

J'ai beaucoup aimé toucher du doigt cette époque dont on parle peu, la guerre du côté des femmes, la difficulté de s'en sortir seule, l'absence du mari, la douleur de la possible perte, quotidienne, l'inquiétude .. Et pourtant cette nouvelle vie, ces opportunités, cette place, qui est la leur autant que les hommes, et qu'elles gagnent enfin. J'ai aimé côtoyer les premières féministes, les premiers émois, les premières tensions aussi.

J'ai aimé ce livre, même s'il est noir, terrible, inquiétant et qu'il plombe un peu l'ambiance dans cette sélection somme toute assez positive.
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Le roman commence quand Luce, la nièce d'Agnès, rachète la maison de celle-ci en 1945. On apprend qu'Agnès a mystérieusement disparue un soir de 1919, alors qu'elle se rendait à une réunion de suffragettes. On n'a retrouvé que son vélo au bord de la rivière, et l'enquête a conclu à une fugue. Luce n'est pas convaincue par cette version...
En 1916, comme la plupart des hommes valides sont partis à la guerre, il faut bien faire tourner l'économie, et les femmes vont se révéler indispensables pour prendre le relais. C'est ainsi qu'Agnès, surmontant ses craintes, va postuler comme wattwoman, et conduira un tram pendant 3 ans, jusqu'à ce que le retour du titulaire lui fasse perdre brutalement son emploi et le salaire beaucoup plus élevé qu'à l'usine où elle était ouvrière avant.
Cette usine, elle va être contrainte d'y retourner, sous la pression de Celestin son mari, revenu infirme et aigri du conflit. Il y travaille également, et ne supporte pas qu'Agnès ait un statut et une rémunération supérieure à lui. Dès son retour à l'atelier, Agnès subit une forme de discrimination de ses collègues femmes, qui la jalousent et estiment qu'elle n'a pas su "rester à sa place". Elle fait la connaissance d'une suffragette, et va peu à peu adhérer à ce mouvement, non sans hésitation : ces femmes qui portent des pantalons sont-elles des "gouines", comme beaucoup le prétendent ? de son côté, Celestin tente de l'empêcher de fréquenter ses nouvelles amies, et devient de plus en plus violent, sombrant dans l'alcool et la dépression et se sentant humilié par son infirmité.
La fin, je vous laisse la découvrir, mais sans des femmes de la trempe d'Agnès, notre vie aujourd'hui serait sans doute bien différente...et pas dans le bon sens !
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A travers l'histoire d'Agnès, Catherine Cuenca nous fait découvrir un aspect de la Première Guerre mondiale souvent inconnu, voire ignoré : le travail des femmes pour soutenir l'effort de guerre. Des femmes qui prennent la place des hommes dans des métiers jusqu'alors réservés exclusivement aux genre masculin. Parce que, comme vous le savez, les femmes sont faibles de corps comme d'esprit (*blague, si jamais vous n'aviez pas compris*). Mais malgré la guerre et l'absence des hommes sur des postes utiles au quotidien, le remplacement par les femmes n'est pas forcément vu d'un bon oeil. Insultes et mines désapprobatrices de la part de la société masculine comme féminine sont le lot de ces femmes qui « osent » postuler à ces emplois. Et si, comme beaucoup, Agnès est d'abord surprise de voir une jeune femme lui valider son ticket en montant dans le tramway, le perspective de gagner plus d'argent que dans son emploi actuel au sein d'un atelier de couture lui donne très vite l'envie de s'engager dans la compagnie de transport. Une décision qui va changer sa vie : elle va apprendre à conduire des tramways et, au contact de Renée, engagée dans la lutte pour le droit de vote des femmes, se trouver également une cause à défendre.

Mais le poids de conventions sociales, de la croyance de l'infériorité des femmes et de leur rôle uniquement marital, ménager, va clairement être un frein à l'épanouissement complet d'Agnès. D'autant plus quand son mari, Célestin, revient blessé de la guerre puis reprend son poste à l'atelier où il travaillait avec Agnès. Il gagne moins qu'elle, n'apprécie pas qu'elle fasse un boulot d'homme et voit d'un très mauvais oeil son association avec des féministes et, pire, des « inverties ». le vin aidant, Célestin se montre de plus en plus hostile et violent, renforcement d'autant la détermination d'Agnès à améliorer sa vie et celle des autres femmes… Une histoire qui trouve sa conclusion en 1945, avec Luce, la nièce d'Agnès et dont vous pouvez vous douter de l'issue historique.

Avec Celle qui voulait conduire le tram, Catherine Cuenca nous livre un roman passionnant sur l'histoire de ces femmes qui se sont battues pour leurs droits à une époque complexe. Au travers d'un destin, celui d'Agnès et de son héritage, évoqué avec humanité et émotion. Ses rêves, ses doutes et ses actions sont rendus avec un réalisme parfois rude, nous rappelant toute la difficulté à se battre pour nos convictions et la patience requise pour être témoin du changement. Un très beau roman historique à compléter avec le visionnage du film Les Suffragettes, sur le même thème mais en Angleterre, où les femmes obtinrent les droit de vote plus tôt que nous…
Lien : http://bobetjeanmichel.com/2..
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Du haut de mes trente et quelques années, j'ai redécouvert avec plaisir que mon droit de vote (arrivé tellement tard dans l'histoire de l'humanité), droit donner aux femmes, est acquis grâce à ces femmes, combattantes ordinaires.
J'apprécie beaucoup cette écriture féministe discrète et forte, qui m'a bouleversé sous couvert de scène du quotidien.
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Nous sommes en 1919 et les femmes, qui ont fait tourné l'économie française pendant 4 ans, sont renvoyées à leur foyer et aux tâches ménagères. Après avoir goûté à l'émancipation, elles se retrouvent sous l'autorité de leurs maris, revenus de la guerre, aigris, souvent diminués physiquement, parfois alcooliques et violents. Elles n'ont pas le droit de vote et porter un pantalon est alors un délit. Une bonne lecture jeunesse historique sur les premiers pas du féminisme en France, et les premières manifestations de suffragettes.
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Une histoire sombre aux résonances très actuelles. le combat féministe est bien rendu, coincé entre émancipation politique et lutte intra-familiale).
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1945, à la veille des premières élections municipales auxquelles participeront les femmes françaises, Luce repense à sa tante, disparue 20 ans avant... Celle-ci, pendant la première guerre, son mari Célestin au front, avait réussi à être embauchée comme wattwoman, conductrice de tram, à Lyon. Et à la démobilisation, un homme l'avait naturellement remplacée. Sensibilisée aux mouvements féministes, elle avait souffert des violences de son mari...
Un très bon roman jeunesse qui traite des débuts du féminisme en France et du rôle des femmes pendant le premier conflit mondial, mais aussi hélas des inégalités hommes-femmes et des violences conjugales. Pour les 4e-3e.
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