Catherine CussetUne éducation catholique
On m'avait dit, tu n'aimeras pas, c'est un livre pour nanas*...
J'ai persisté, ne serait-ce que pour apprendre ce qu'est un « livre pour nanas »…
Édifiant !
J'espère que les livres pour les filles et par une fille sont généralement moins fadasses que cette bluette teintée, pour stimuler notre appétit, d'un peu de libertinage bon ton !
Je passe sur le titre, on frôle le hors sujet ! Car je me demande en quoi l'éducation de cette jeune personne témoigne d'une « éducation catholique », entre un père qui n'a rien de plus qu'un paroissien tiédasse, et une mère athée. En fait, un pur produit des écoles de la République ! Quelques grivoiseries à titre de provocation gratuite : « [en arrivant au catéchisme] « je murmurais vite « bonjour mon père »(…) « Mon père », ces mots, associés à la longue robe noire qu'il portait, avaient quelque chose d'intime et d'obscène comme un sexe aperçu à travers une braguette entrouverte par inadvertance » ; cela relève d'un fantasme de petite fille vicieuse et surtout mal élevée, ou plus exactement d'une femme de la quarantaine (l'écrivaine, comme on dit) prêtant ses propres fantaisies récurrentes à la gamine qu'elle n'est plus !
Si vous vous attendez à des révélations sur l'aliénation d'une « éducation catholique », sur une enfance volée ou violée façon
Michel Onfray, ou sur le traumatisme d'une « peine à
jouir » qui règlerait ses comptes, passez votre chemin ! Rien de tel ! On se demande même le pourquoi de ce titre car, rapidement, il n'est plus question ni du petit Jésus ni de la Sainte Vierge, on retrouve simplement Dieu le Père dans les dernières lignes du roman, probablement le petit retour de foi de la quarantaine vieillissante. Plus simplement, je pense qu'il s'agit d'un « effet d'annonce » un titre accrocheur imposé par le marketing de l'éditeur.
Justement, je ne comprends pas quelle nécessité peut pousser une maison aussi sérieuse que la NRF à publier un tel « roman » (c'est du moins ce qui est inscrit sous le titre, mais on est plutôt dans une biographie assez plate et linéaire). Combien d'arbres abattus pour coucher sur le papier ces confidences sur une adolescence, qui présente autant d'originalité que la vôtre ou que la mienne, avec sa litanie de rendez-vous manqués, d'illusions déçues, et de petits compromis d'une gamine à peine plus délurée que la moyenne, et qui s'amuse (c'est de bonne guerre) avec le désir des garçons.
Bof…
(je dis bof car je ne sais n'ai pas trouvé l'onomatopée du bâillement.)
Michel le Guen
*De fait
Catherine Cusset, l'auteur, a obtenu le Grand Prix des lectrices de Elle pour «
le problème avec Jane »