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Citations sur Psychothérapie de Dieu (122)

La laïcité fabrique du social grâce aux lois qui structurent le milieu où l'on apprend à vivre. La religion fabrique du social grâce aux rituels sacrés qui organisent la vie collective, elle met en place les scénographies qui représentent Dieu et induisent le partage des sentiments religieux. Ces stratégies de socialisation sont distinctes, elles s'opposent parfois.
Dans la socialisation laïque, l'entente se fait entre êtres humains. Elle est momentanément acceptable, donc négociable. Elle permet mille évolutions différentes selon les divergences d'opinion, les conflits, les alliances et les pressions du contexte technique ou culturel. Dans un milieu structuré par la laïcité, il faut lire mille récits, visiter cent cultures, rencontrer une infinité de personnes aux croyances différentes et tenter de vivre avec elles.
La socialisation religieuse est sacrée, universelle. Vraie une fois pour toutes, elle n'est pas négociable.
p. 217
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Le psychisme a horreur du vide, l'angoisse nous saisit quand nous sommes au bord du gouffre, du néant, de la mort, de l'infini. Vite, remplissons ce désert de sens en produisant des entités, des sentences nostradamiques mystérieuses et poétiques, des images, des chants, des mots et des gestes auxquels nous donnons le pouvoir d'agir sur le réel invisible. L'esprit humain est un « grand fabricant de dieux »
p. 212
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La soumission au passé, la rigidification défensive expliquent pourquoi il est difficile d'organiser un colloque sur la psychologie de la religion ou de faire un cours dans un lycée. Les incroyants n'osent pas réfléchir à Dieu qui ne les intéresse pas, alors que les déistes partent en guerre pour un mot de travers.
p. 210
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AMOUR RÉVOLUTIONNAIRE
L'athéisme démocratique de ceux qui aiment l'évolution s'oppose au retour à Dieu de ceux qui s'extasient sur les vérités éternelles ? L'expression de mille personnalités différentes, rendue possible par les démocraties, crée un sentiment de chaos dans le monde mental de ceux qui sont sécurisés par “un cadre sacré intransgressable”.
Le retour du religieux spectaculaire se met en place en même temps que le développement de l'athéisme discret. Depuis la Seconde Guerre mondiale, l'islam a connu un développement extraordinaire : 350 millions de Musulmans en 1945, 1,5 milliard en 2010. Le catholicisme change de continent, il s'éteint en Europe, mais flambe en Afrique et en Amérique du Sud pour transcender une population en aussi grand nombre que celle des Musulmans. Les Protestants, moins nombreux, austères et travailleurs, prennent le pouvoir en Amérique du Nord.
Les Juifs, très peu nombreux (moins de 15 millions), sont étonnamment présents dans les récits sociaux et religieux. Les Chrétiens et les Musulmans s'y réfèrent de plus en plus. Dans les récits politiques les phrases médiatiques mettent en lumière le moindre problème où un Juif est concerné, alors qu'ils laissent dans l'ombre des catastrophes mille fois plus graves, …
p. 206
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« L'Amour » est révolutionnaire et l'attachement conservateur.
p. 201
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VIVRE ET AIMER
L'extension discrète de l'athéisme sur la planète contraste avec l'affirmation voyante de toutes les religions. Pourquoi les sans-dieu ne se rendent-ils pas visibles, alors que les croyants consacrent beaucoup de temps à réaliser de magnifiques mises en scène ? Dans d'immenses œuvres d'art que l'on appelle « mosquées », « cathédrales » ou « temples », les fidèles sculptent des statues, peignent des tableaux, disposent des chandeliers, des tapis, des moulures, des tentures, des vitraux, de la vaisselle d'argent, des orgues, des instruments de musique, des cloches, des appels à la prière, des parfums, des postures ou encore des mouvements de foule qui créent de splendides événements de transcendance esthétique. Après de telles représentations, les croyants ont vécu ensemble de fortes expériences, au-dessus de la réalité quotidienne. Ils ont éprouvé des émotions sublimes, ils ont côtoyé Dieu, ils sont apaisés, émerveillés, comme après un acte d'amour. Quand ils redescendent sur terre, ils voient que les sans-dieu ont continué leur insipide train-train. Comment voulez-vous qu'ils ne soient pas condescendants envers ces pauvres humains qui végètent dans l'immanence, alors que les “croyants” viennent de connaître un événement extraordinaire ? Ils méprisent les “non-croyants” plus que ceux qui adorent de faux dieux. Ces croyants-là, pensent-ils, sont dans l'erreur, mais au moins, avec eux, on peut comparer les dieux. On sait de quoi on parle, chacun pense que les dieux et les églises élèvent l'âme et aident à vivre dans un monde meilleur.
Avec les “non-croyants” on ne peut même pas parler, ils rampent sur terre tandis que nous montons vers les cieux. Ne parvenant pas à argumenter, chacun ne peut qu'imaginer le monde mental de l'autre. « Ils gobent des contes de fées », pensent les athées. « Les libres-penseurs sont des individus sans morale et sans rêves puisqu'ils refusent d'appartenir au groupe des croyants solidaires et moraux », affirment les religieux convaincus que seule la foi fonde la morale, l'altruisme et la charité.
p. 192
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La religion satisfait une pyramide de besoins : d'abord cognitifs, puis émotionnels, puis relationnels, puis moraux. Cette pyramide a un effet socialisateur qui permet de vivre avec les autres, à tous les stades du développement. La spiritualité, elle, est une “élévation” intime, intemporelle qu'éprouve tout homme, même quand il prétend vivre sans dieu.
p. 186
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… le processus résilient implique, à tous les stades, le soutien affectif, verbal et social …
Le surgissement de la spiritualité n'est pas obligatoirement dépendant des institutions religieuses. La spiritualité est universelle, inhérente à la condition humaine, alors que les institutions religieuses dépendent du contexte culturel. Cela explique la diversité des cultures religieuses qui prétendent toutes répondre à notre besoin de spiritualité. On sait où il faut prier, on apprend les postures et les mots qui nous approchent de Dieu, on voit la beauté des bâtiments, la couleur des vitraux et des tableaux, on sent l'odeur de l'encens, on admire la mise en scène des prêtres, on entend leurs chants et on y participe. Le chœur de la prière et des incantations fait disparaître la souffrance de l'isolement : « Je ne suis plus seul puisque je chante. » Les objets symbolisent l'accès à Celui qui nous protège, les actes de foi créent le sentiment d'appartenance, la familiarité, la fraternité religieuse guérissent de l'angoisse du vide et du non-sens de la mort.
L'énorme bénéfice thérapeutique de la religion provoque régulièrement un effet secondaire dangereux : la communauté se clôture, fragmentant ainsi l'universalité de la spiritualité et donnant à cet élan des formes différentes qui se déclarent la guerre. La représentation abstraite qui était source de proximité affective devient berceau de haine pour ceux qui ne partagent pas les mêmes allégories. Les amoureux d'une religion haïssent les mécréants…
p. 183-84
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DIEU EST MORT, VIVE DIEU !
… le Soi des athées n'a pas besoin de Dieu pour être moral et se soucier de l'autre. Le Soi des religieux est facilement « océanique » puisqu'il accède à un au-delà éternel. Cette illusion bienfaitrice leur fait croire qu'il existe un monde juste, vrai, beau, ailleurs, auquel ils pourront parvenir à condition d'obéir. Dans l'ensemble, la religion renforce la tendance à s'auto-estimer, à ne pas remettre en cause les structures familiales, sociales et culturelles de façon à clairement ressentir son identité dans un monde stable.
Ce sentiment océanique se transmet par l'éducation. Que l'on soit religieux ou athée, c'est par l'interaction affective, plus que par l'argumentation, que ces styles existentiels franchissent les générations3. Les religieux ne sont pas rebutés par les pauvres, les sales, les abandonnés et les handicapés. Ils les côtoient et s'en occupent pour leur bonheur personnel et celui des malheureux. Les athées, plus centrés sur leur propre développement, s'en occupent aussi et s'engagent facilement dans les ONG où ils vont affronter la mort pour en faire une initiation moderne dont ils seront fiers. Les croyants pensent souvent qu'il est immoral d'avoir de l'argent, alors que les athées pensent plutôt qu'il est immoral de gagner de l'argent sans l'avoir mérité. Les héritages sont dilapidés, l'argent gagné à la loterie est claqué et l'argent du jeu est ignoré, donné à n'importe qui, à un clochard, un voisin ou un inconnu. Les religieux ont tendance à penser que le bonheur est moral quand on a beaucoup souffert. Il y a donc mille manières de croire en Dieu ou de ne pas y croire selon que notre contexte familial et culturel nous y invite ou nous en éloigne.
p. 176-77
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Ceux “qui croient” en Mao Zedong, en Socrate ou en Descartes se crispent quand on critique leur rôle intellectuel parce que la référence à ces penseurs “surhumains” possède un effet socialisant et sécurisant, comme la croyance en Dieu. Partager leurs pensées donne cohérence au groupe. Quand on lit les mêmes livres, les mêmes journaux, quand on va voir les mêmes films et qu'on se réunit pour en parler, on réalise un réseau, en amont d'Internet. Il est plus lent à tisser, mais plus émotionnel. On s'harmonise et on s'affecte en partageant les mêmes idées. Ceux qui critiquent Mao, Socrate ou Descartes altèrent notre harmonie relationnelle. Il faut les éviter et en dire du mal pour préserver notre unité, mais il n'est pas nécessaire de les envoyer au bûcher. Alors que ceux qui accèdent au “sacré” éprouvent la moindre critique comme un blasphème, une agression contre Dieu qui mérite une extrême punition. L'exclusion, la prison, l'excommunication ou le bûcher sont à la hauteur de l'insupportable blessure. Pour un sans-dieu, c'est une égratignure ; pour un croyant fervent, c'est un épouvantable fracas.
L'esprit démocratique fait évoluer les groupes sociaux vers une créativité désordonnée. Alors, pour éviter le sentiment de chaos, c'est le plus démocratiquement du monde que ces sociétés élisent un dictateur. Lui saura imposer une ligne de pensées claires et un bref catalogue de certitudes. Cette clarté simplifie tellement les problèmes qu'elle mène à la mort de la pensée.
L'accès à la théorie de l'esprit est une ontogenèse, une construction constante de l'idée qu'on se fait des autres. Une telle composition nous permet de vivre ensemble en se référant à une instance commune ...
p. 172-73
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