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Citations sur Psychothérapie de Dieu (122)

Ils étaient apaisés, heureux d’obéir à un imam de pacotille, un gourou religieux qui profitait de leur besoin de soumission pour transformer en gogos de l’islam ces jeunes qui se croyaient rebelles alors qu’ils n’étaient que désorientés, soumis à des mouvements pulsionnels. La plupart des imams sont fréquentables, mais un jeune errant, largué de toute culture, même religieuse, ne sait pas faire la différence.
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Assez curieusement, ce sont les théories de l'attachement qui m'ont apporté l'outil le plus efficace et le plus cohérent pour penser ce mystère : comment une instance invisible, permanente et puissante peut-elle agir sur l'âme des êtres humains et modifier le fonctionnement de leur cerveau, de leur esprit, des relations affectives et des organisations sociales ?
Depuis quelques années, les études scientifiques apportent quelques réponses inattendues. Quand le fonctionnement du cerveau est modifié par une représentation divine, les circuits émotionnels marchent différemment et entraînent des changements neurobiologiques. Alors, l'expression des émotions modifie les interactions, tisse différemment les liens d'attachement et hiérarchise un éthos, d'autres valeurs culturelles qui organisent une manière de vivre ensemble, d'affronter le malheur et de réaliser quelques rêves.
J'éprouve pour les enfants-soldats, pour mes patients, pour mes amis praticiens et chercheurs un sentiment de gratitude pour m'avoir lancé dans cette aventure imprévue.
Dieu souffre quand le mal existe. Mais ce que nous venons de découvrir de la psychothérapie de Dieu nous aide à affronter les souffrances de l'existence et à mieux profiter du simple bonheur d'être.
p. 310
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« Psychothérapie de Dieu », Boris Cyrulnik, éd. Odile Jacob © 2017
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ÉPILOGUE
J'ai commencé cette enquête il y a quelques années après avoir été bouleversé par l'immense blessure intime des enfants-soldats. Quand j'étais praticien, j'avais pour-tant entendu des patients m'expliquer à quel point Dieu les aidait, mais ma formation de neurologue et de psychiatre ne m'avait pas permis de les encourager à travailler cette ressource.
Quand nous avons commencé nos réflexions sur la résilience1, j'entendais avec intérêt quelques collègues chercheurs expliquer que leur croyance en Dieu constituait un précieux facteur de protection après qu'un malheur eut fracassé leur monde intime. À cette même époque, les terroristes assassinaient les innocents au nom de Dieu et d'une morale que je jugeais perverse, car elle était centrée sur un groupe clos, sans Autre et sans partage. Ces hommes veulent imposer leur croyance qui n'est que soumission à une entité dictatoriale qui commande le crime pour prendre le pouvoir.
p. 309
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Les jeunes seraient-ils en train d'inventer une nouvelle manière d'aimer “Dieu” ? Ils ne vont plus vers les textes sacrés pour leur obéir, mais pour méditer et trouver un chemin de vie plus personnel. L'épanouissement de leur personnalité n'accepte plus le carcan religieux, mais s'ouvre aux textes fondateurs qui augmentent la conscience. La joie de se sentir vivant parmi ceux qu'on aime ne tient plus compte des limites qui clôturent une religion et induit la haine de la différence. Une telle spiritualité élargit la fraternité à tous les croyants du monde, invite à la découverte des différences, et se dégage de l'immanence de la consommation insensée.
“Que Dieu les entende.”
p. 307
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La croyance sacrée n'est pas contestable puisqu'on vous dit qu'elle est sacrée. Quand elle n'est pas argumentée, sa dérive spontanée l'oriente vers le totalitarisme. Par bonheur, il y a toujours des esprits qui aiment s'opposer ; quel que soit le prix à payer, ils ne peuvent pas s'en empêcher : « Saint Paul. Nous ne lui reprocherons jamais assez d'avoir fait du christianisme une religion inélégante [...] Ses considérations sur la virginité, l'abstinence et le mariage sont tout bonnement écœurantes [...] il a fixé les normes de la stupidité. »
p. 305
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Le sentiment de morale nécessaire pour vivre ensemble est caricaturé par la dérive des sentiments : le plaisir de manger devient « péché de gourmandise », la nécessité de réguler l'émotion sexuelle se transforme en horreur du sexe, et le plaisir de rire ou d'écouter de la musique devient blasphématoire, insulte à Dieu7.
Toute communauté religieuse close risque de connaître cette dérive puisque, considérant toute autre croyance comme une hérésie, elle évolue vers une pensée totalitaire qui réduit l'identité à une seule croyance. On ne peut pas être à la fois musulman et juif, alors qu'on peut sans difficulté être musulman et footballeur. On peut dire : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » ou : « Chrétiens de tous les pays, unissez-vous », mais on ne peut pas dire : « Croyants de tous les pays, unissez-vous », quand la croyance qui unit les uns exclut les autres qui ne croient pas comme il faut. Par bonheur, la religiosité moderne privilégie la “spiritualité”, qui témoigne du cheminement vers Dieu de toutes les religions et relativise les rituels qui changent selon les cultures.
p. 303
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Les rituels religieux organisent des sortes de séances d'entraînement à la croyance, dans des lieux décorés que l'on appelle « mosquée, chapelle, temple, cathédrale » ou autres théâtres de la transcendance. Il résulte de cet artisanat de gestes, de mots et de chants un sentiment d'élévation au-dessus de la vie quotidienne. Les bénéfices sont appréciables : apaisement émotionnel, disparition des angoisses, augmentation de l'estime de soi, tissage de liens, solidarisation du groupe, moralisation, émerveillement d'être.
Il faut pourtant souligner que chez d'autres croyants, les émotions positives, l'euphorie épanouissante, le plaisir d'exister donnent un élan vers l'autre, source de religiosité. Ces personnes-là ne se réfugient pas en Dieu pour lutter contre l'angoisse et le malheur mais, au contraire, elles éprouvent une « oblativité religieuse », un désir d'offrir à Dieu et aux autres humains leur temps, leurs biens, leur travail et parfois leur corps pour éprouver le bonheur de donner du bonheur. Un plaisir partagé est fortement augmenté quand on en fait une « transcendance de soi », alors qu'un plaisir solitaire n'est qu'une émotion fugace.
p. 300
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Lors des décennies dominées par la religion profane communiste, chaque camarade devait remettre tous les six mois son « autobiographie » où il racontait par le détail ce qu'il avait fait et pensé de façon que les commissaires du peuple jugent s'il était une personne conforme à l'idéal prolétaire.
Quand un groupe se clôture, le conformisme s'installe. Chacun imite l'autre ou se prépare à le copier du simple fait de l'existence des neurones miroirs qui impulsent le « désir mimétique ».
p. 298
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Quand une personne se développe bien, dans une famille sécurisante, dans une société en paix et dans une culture qui facilite les rencontres, le besoin de religion s'impose moins. Ceux qui vivent “sans dieu” dans les pays d'Europe du Nord sont en bonne santé mentale, mais leur théorie de l'esprit n'est pas « ambitieuse » : elle n'a pas besoin de récits métaphysiques, elle accepte de ne pas tout expliquer, sans pour autant leur faire éprouver l'angoisse du mystère d'être en vie. Quelques explications accessibles suffisent à ces théoriciens pour les rendre heureux dans l'instant qui passe.
p. 296
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Les explications métaphysiques donnent une sensation d'élévation au-dessus des hommes, au « plus près de toi, mon Dieu ». La grandeur métaphysique survole le riquiqui du réel.
p. 293
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