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sur 1247 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cannibale : adj. et n. Anthropophage. Qui dévore les animaux de sa propre espèce.
Titre inapproprié. Trompe le « Cannibale » lecteur.

Il s'agit, tout méchamment de la navrante et parfois touchante épopée d'une poignée de canaques extirpée de leur île géante pour aller égayer, entre crocodiles et lions, le pavillon Océanie de l'exposition coloniale de 1931 à Paris.
Ça fait froid dans le dos que d'imbéciles gouvernants aient eu, ne serait-ce que l'idée de ravaler des humains au point de les parquer dans un zoo et de les faire beugler comme des bêtes à l'approche des badauds.
Dévouées, leurs femmes évoluent de force les seins nus devant une foule bigarrée, ne sachant plus à quel saint se vouer.
Pathétique et vaine se révèle la course folle de Gocéné et de Badimoin son copain dans le métro parisien à la recherche de Minoé sa dulcinée, envoyée outre-Rhin, avec d'autres chagrins, échangés ponctuellement contre des crocodiles allemands.

La naïveté des amis et du récit atténuent parfois le côté cruel et décalé de cette histoire vraie.

Comment peut-on imaginer un seul instant, que seulement 90 ans auparavant on pouvait se pavaner, sans paravent, ostensiblement, fier de montrer notre supériorité d'européen sur des êtres qui, aujourd'hui, ont certaines valeurs d'humanité que nous serions fiers d'inculquer à nos enfants ?
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Il y a quelques mois, j'ai regardé avec un intérêt teinté d'horreur et de tristesse un documentaire sur les zoos humains.

Je ne suis déjà pas pour les zoos pour les animaux...
Mais là l'espèce humaine me désolait (encore une fois).
D'autant que les zoos humains ont existé jusque peu avant la seconde guerre mondiale. Autant dire hier.
On se demande qui est le plus civilisé dans l'histoire, n'est-ce pas ?

Toujours est-il que c'est ce documentaire marquant (que je vous invite à regarder !) qui m'a incitée à lire "Cannibale".

Malheureusement, si le fond de l'histoire est intéressant puisqu'elle porte sur ce pan souvent méconnu de l'Histoire, la forme en tant que style littéraire se rapproche un peu du conte et ne fait finalement qu'effleurer le sujet.

Un regret donc que ce petit livre, très vite lu, ne m'ait pas plus enrichie.
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Gocéné est un kanak, c'est à dire un autochtone de Nouvelle Calédonie. Sur la route de son village, accompagné de son ami Caroz, il est bloqué par deux jeunes rebelles kanaks. Ceux ci rejettent Caroz, car celui-ci est blanc. Gocéné va alors se replonger dans sa jeunesse pour leur raconter ses aventures et peut être leur faire changer d'avis...
Gocéné a été envoyé avec ses camarades à Paris, au moment de l'exposition coloniale de 1931. Une fois arrivé là bas, les belles promesses des dirigeants se sont envolés. Assimilés à des "cannibales", les kanaks sont parqués comme des bêtes, obligés de danser nus, de grogner, de se battre...pour distraire les visiteurs. Aucune de leurs traditions n'est respectée, ils sont maltraités, mangent mal...De plus, un jour tout un groupe de kanaks est envoyé à Francfort, dans un cirque qui en échange envoie des crocodiles à Paris. Dans ce groupe, il y a Minoé, la "promise" de Gocéné. Ayant promis à son père de veiller sur elle à tout prix, il essaie de retrouver sa trace, accompagné de son fidèle ami Badimoin.
J'ai aimé ce livre car les personnages sont attachants et courageux, plongés dans un monde qui leur est inconnu. J'ai apprécié le fait que l'action soit mise au service de l'engagement de l'auteur; En effet celui-ci rend hommage à ce peuple humilié et maltraité. Il ne veut pas que ce qui leur est arrivé tombe dans l'oubli. Il dénonce cette exposition qui n'était qu'une façade pour masquer l'horreur dans les colonies. le fait que le récit de Gocéné s'inscrive dans un autre récit, moderne est très intéressant. La lecture est très facile, le style agréable et bon. Par ce récit, l'auteur exprime son opinion plus clairement qu'avec un long discours. Il met constamment en parallèle deux mondes opposés qui vont se rencontrer à cause de la colonisation. Ce livre nous replonge dans L Histoire avec un grand H de façon agréable grâce à l'histoire imaginée par l'auteur. Les péripéties des deux personnages dans le Paris de l'époque m'ont plu de même que la fin du roman, très inventive...
Après, il est vrai que ce n'est pas forcément le genre de livre qui me transcende mais c'est un roman très intéressant. C'est bien que certains écrivains laissent une trace de ce qui c'est passé...Comme le dit si bien l'auteur, le respect ne se voit pas à la naissance, ni grâce à notre couleur de peau, mais par nos actes et nos choix...Ce roman est donc un appel à la tolérance, court mais efficaces qui nous rappelle les mentalités de l'époque.
Grâce à ce livre, j'ai pu me dire : tant de chemin parcouru, et pourtant tant de choses restent à faire !
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Comme dans Meurtre pour mémoire, Didier Daeninckx revient sur une page honteuse de l'histoire de France en lien avec le passé colonial de notre pays.
Il s'agit ici de la tristement célèbre exposition coloniale de 1931 à Paris, et du sort qui a été réservé par les organisateurs à de jeunes kanaks qu'ils avaient fait venir de Nouvelle-Caledonie pour les présenter au public comme des sauvages cannibales.
L'auteur livre ici un roman fort, émouvant et dérangeant. Et la description de ce triste épisode est d'autant plus bouleversante qu'elle est inspirée d'un fait authentique.
L'histoire de Gocene est terrible et montre que ceux qui se disaient civilisés à l'époque l'étaient moins que ceux qu'ils considéraient comme des sauvages. On est révoltés avec lui par l'attitude des organisateurs de l'exposition, par l'injustice et les mauvais traitements qui lui sont infligés, et à l'inverse on est impressionnés par sa dignité.
Quelques notes d'espoir toutefois au milieu de cette tragédie : la rencontre Gare de l'Est avec Fofana, la voix d'une militante communiste qui s'élève pour défendre les opprimés, l'attitude de Francis Caroz.

A noter enfin que le roman commence et s'achève pendant les événements récents de Nouvelle Calédonie, avec également des passages en incise tout au long du récit au cours duquel Gocene raconte son histoire à de jeunes independantistes. La situation actuelle trouve echo dans le passé et l'auteur suggère un certain parallèle entre les deux, même si j'ai trouvé que cette partie n'était pas suffisamment développée. Je n'ai pas aimé ce déséquilibre entre les deux époques et il m'a manqué quelques explications de contexte, mais c'est sans doute délibéré de la part de l'auteur pour que le roman reste court et ne perde pas de sa force.
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1931, le tout Paris se bouscule pour voir l'Exposition coloniale, ses décors exotiques, ses éléphants, ses fauves et ses… cannibales en pagnes.
Ouch ! La douche froide pour nous lecteurs du 21eme siècle qui avons oublié comment furent traités les personnes honteusement colonisées il y a un siècle. Les tirailleurs sénégalais envoyés comme chair à canon dans les tranchées, comme nous le rappellera l'auteur en milieu d'ouvrage, les habitants des « Indes françaises » et des Antilles, que nous avons pillés sans vergogne, mais aussi les Kanaks, peuple de Nouvelle Calédonie envoyés à Paris pour amuser la galerie le temps d'un spectacle exotique.
Gocéné fait partie de la délégation de jeunes Kanaks envoyés au zoo de Vincennes pour l'exposition. Quand Minoé, sa fiancée, accompagnée de plusieurs compagnons d'infortune, est échangée à un cirque contre des crocodiles et convoyée de force en Allemagne, Gocéné s'échappe pour la retrouver. Suivra une aventure rocambolesque dans la jungle urbaine de la capitale…
Le début du récit est intéressant car il pose le décor abject de ce que fut la France colonialiste, racontée de manière courte mais percutante dans la description de cette «foire » très prisée du public.
Ensuite le récit s'enlise un peu et la fuite dans la ville m'a moins passionné;
Je suis pas trop fane en général des récits historiques à la première personne, c'est une sorte d'appropriation qui n'est jamais vraiment réussi. Pourtant ici j'ai trouvé le procédé assez adapté, quoiqu'un peu maladroit par moments, car cette époque colonialiste a déshumanisé ces gens à tel point qu'il est encore difficile aujourd'hui d'imaginer ces personnes derrière des barreaux parqués comme des animaux à qui on jette des cacahouètes.
Leur prêter une voix, même si celle-ci est fictive et forcément faussée puisqu'occidentale, c'est leur rendre leur attribut le plus humain, la parole.
Une entreprise louable pour ce petit livre qui m'a intéressé.
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Tiré d'un fait historique, notre auteur rappelle un épisode très étrange des années 30 : des Kanaks ont été arrachés à leur pays pour être exposés au zoo de Vincennes comme "cannibales" à côté des fauves et des crocodiles. C'est l'aventure de deux d'entre eux qu'on suit dans ce roman bref ; vont-ils pouvoir retrouver leur pays et leurs familles ? Texte pour ne pas oublier.
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Petit texte très court qui survole l'exposition coloniale de 1931 à Paris et les révoltes en Nouvelle-Calédonie 50 ans plus tard.
On y apprend très peu de choses. Je titrerai plutôt ce texte de "traversée de Paris" car la partie essentielle de ce roman raconte la poursuite de Badimoin et Gocéné pour retrouver Minoé, la promise de ce dernier. En effet, nos deux héros s'échappent du zoo dans lequel les Kanaks doivent "jouer" aux cannibales pour satisfaire la population parisienne et son goût pour l'exotisme et parcourent la capitale (sans trop de difficultés d'ailleurs) sur les traces de leurs compatriotes enlevés pour être échangés contre des crocodiles venus d'Allemagne.

L'auteur ne s'étend guère sur l'exposition coloniale et c'est dommage. Mais son texte est une première approche pour découvrir le colonialisme, les mentalités de l'époque, pour dénoncer le racisme et pour nous donner à réfléchir sur la place des DOM-TOM.
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Difficile à imaginer que ce roman soit inspiré d'une histoire vraie. J'ai découvert cette exposition universelle de Paris de 1931 où la France exhiba les habitants de ses différents territoires dans l'intention de légitimer ses colonies.
Au-delà du drame que vivaient ces personnes d'être arrachées à leurs pays d'origine, il leur est demandé de jouer un simulacre de vie de sauvage pour le bon plaisir des spectateurs qui affluent en nombre (8 millions de places vendues durant les 6 mois d'exposition). Ils sont traités comme des animaux et personne ne semble s'en émouvoir. Constat glaçant qui me pousse à me demander : comment aurai-je réagi face à ces mises en scène ?
Ce n'est pas un roman que je conseille pour ces qualités littéraires mais plus pour le message qu'il véhicule ; lu en quelques heures, Cannibale met en lumière un pan de notre histoire peu reluisant
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"Tous les crocodiles du marigot étaient morts. le cirque Höffner voulait bien nous prêter les siens, mais seulement en échange d'autant de canaques ..."

On croirait un propos tiré d'une dystopie pour adolescents, pas vrai ?
On imagine le scénario : à une époque où les droïdes dominent le monde, l'être humain a le même statut que l'animal.

Même pas ! Bien pire, cette situation a vraiment existé en 1931, en France.
L'auteur, Didier Daeninckx, en séjour en Nouvelle-Calédonie, avait, paraît-il, entendu un ancien parler d'une exhibition de kanaks dans un zoo à Paris. La langue des canaques étant très imagée, et le fait étant inimaginable, il pensait que la formule était métaphorique. S'apercevant que, non, pas du tout, lors de l'exposition coloniale de 1931, à Paris, des canaks avaient été "enrolés" sans en avoir le choix pour représenter leur peuple, et sur place, avait été enfermés dans un espace reconstitué au zoo, avec ordre d'exécuter de pseudo danses traditionnelles et avec un panneau "antropophages" apposé sur leur "village", l'indignation lui a fait écrire ce roman.
D'autant que certains de ces canaques, une fois à Paris, ont été échangés avec des crocodiles d'un cirque : le zoo empruntait les crocodiles, et "prêtait" en échange "ses" kanaks pour exhibition de cannibales ! Si !

Daeninckx maîtrise parfaitement la mise en roman du fait réel, et en 105 pages, haletantes, il narre cette aventure à travers le récit d'un ancien, Gocéné.
L'intelligence de ce récit est de révéler ce fait vomitif, en rappelant que certains parisiens ont su se montrer humains (intervention des communistes dans le zoo, protection de Gocéné par Caroz). La solidarité du sénégalais Fofana montre aussi que ce fait n'est pas isolé et qu'à d'autres moments (guerres) les coloniaux se sont mal comportés avec les populations locales.
Ce qui est impressionnant dans les récits de Daenincks, c'est la reconstitution minutieuse de l'atmosphère d'une époque : chansons, quartiers, restaurants. On pourrait croire du Modiano avec de l'action ;)
Cela vaut donc la peine de lire ce récit très court, en se réjouissant de l'évolution des mentalités, et en comprenant la leçon d'humanité pour les combats qu'il reste à mener.
Je comprends que cet ouvrage soit fréquemment au programme des lycées : bien écrit et accessible, court et profond, il a tout pour plaire à des lycéens, autant qu'à des adultes.
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Au début du roman, Gocéné -personnage principal de ce (très) court récit - raconte son histoire à de jeunes insurgés kanaks. On a donc un va-et-vient entre le Paris des années 1930 et la Nouvelle-Calédonie de nos jours.

Le sujet est original, et une fois de plus, on reconnaît bien la griffe de Didie Daeninckx : avec humour (noir), il met à mal une part de l'Histoire que la France assume encore mal. On retrouve aussi ce procédé à travers un personnage secondaire qui s'avère être un ancien tirailleur sénégalais. Un passage court mais très émouvant. (Concernant le style, la fin est aussi très typique de Daeninckx)

Les chansons de l'Exposition coloniale qui ponctuent ici et là le récit ne font qu'accentuer les sentiments de révolte et d'incompréhension qu'on peut ressentir en lisant la manière dont la France a osé traiter les habitants de ses colonies.

C'est une bonne histoire d'aventure. On se demande comment cette course folle pour retrouver Minoé (une des leurs) va se finir. Même si j'avoue m'être demandée pourquoi les gens qui croisent le chemins de nos 2 fugitifs (Gocéné et Badimoin) dans Paris ne sont pas étonnés par l'accoutrement qu'on leur fait porter!

Mon seul regret est que l'aspect "historique" aurait pu être un peu plus approfondi.
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Cannibale

Dans quel lieu Gocéné et ses compagnons sont-ils emmenés ?

En Allemagne à Berlin.
Dans un zoo en Australie.
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