Ewe•s

Ce roman d'anticipation imagine un monde où l'Humanité n'est plus qu'une reconstitution d'organes greffés, protégée des pollutions, des pluies de météorites par des dômes, dont seuls certains "élus" pourront s'échapper grâce aux recherches menées par les scientifiques humanoïdes améliorés, qui préparent un passage vers une planète d'accueil, pour les humain·es capables de se reproduire et ceux qui préparent leur éternité à coup de prélèvement d'organes...
Un roman très étrange et complexe. Complexe dans sa construction puisqu'il s'agit de succession de points de vues des protagonistes et même de l'eau, ressource mère de la vie. Dans chaque partie ou la ou le narrateur-narratrice est identifié·es le récit est intercalé de "pensées" qui ponctuent les passages du texte.
Le récit dépeint une société où toutes les inquiétudes que l'on peut avoir actuellement concernant l'avenir de l'Humanité sont à leur comble : pollution, infertilité, alimentation artificielle, planète inhabitable, eau raréfiée.
On assiste ici à une réflexion sur une alliance possible entre la nature symbolisé par l'eau et l'intelligence artificielle. Au départ on observe une scission mais peu à peu les molécules d'eau vont par leur mémoire vivantes participer à l'avancée des connaissances nécessaire à l'intelligence artificielle chargée de permettre le passage vers une autre planète d'accueil où la vie sera à nouveau possible. Une planète qui accueille Adam et Ama pour mettre au monde leur enfant Ewe...
Une curiosité à découvrir, d'autant que je découvre cette maison d'édition et suis assez intriguée par le parcours de cette autrice malheureusement décédée... Je trouve la couverture très belle et forte car l'eau est dans ce livre un personnage à part entière.

Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions pour cet envoi !

Un des points qui m'a de suite marqué c'est l'originalité du récit. Dans la plupart des livres / films un peu post-apocalyptique que j'ai pu lire / voir on oublie l'eau (pourtant indispensable) et ce n'est pas le cas ici, on lui donne ici une voix. Un autre des aspects qui m'a plu est vraiment la dimension éthique / intelligence artificielle du livre, il y a beaucoup de questionnement qui a mon sens peuvent faire sens d'ici quelques années. Malheureusement, l'un des gros points négatifs est pour moi le style d'écriture, d'un côté tout se passe très rapidement et j'ai parfois eu énormément de mal à comprendre. de plus, j'ai trouvé la manière d'écrire très “hermétique”, ce qui rend certains passages flous.

Pour les personnages, j'avoue que le côté hermétique ne m'a pas permis de m'accrocher spécialement à eux. le couple Ama / Adam m'a laissé dubitative, l'amour d'Abel était à mon sens “sur-joué” et pour Ewe.s je trouve juste dommage qu'on ne la voit pas plus. En tout cas ce qui est sûr c'est que Jude est détestable.

Pour conclure, je n'ai pas vraiment accroché au style de l'auteure, l'histoire reste assez floue mais j'ai aimé l'originalité du récit

Karele Dahyat s'est imposé un exercice pour le moins difficile, celui de faire parler l'eau. A l'instar d'autres auteurs faisant parler des fourmis ou des chats, elle a dû faire un travail intellectuel considérable.
Elle réalise aussi la prouesse de narrer l'histoire sous l'angle de cinq personnages dans un environnement futuriste.
J'ai vécu des moments de solitude à cause de certains passages que je ne parvenais pas à visualiser ou parfois même à comprendre. Manque d'imagination, je suppose. Les amateurs de fantasy et SF n'auront probablement pas les mêmes difficultés que moi.
Au-delà de ça, l'intrigue est assez originale et prenante de par la multiplicité des personnages, leurs relations, l'accès à leurs pensées intimes.
L'édition est également à saluer, le roman étant illustré des différents personnages.
Merci à Masse Critique pour cette découverte, dommage que l'auteure n'ait pas pu continuer ce qui devait être une trilogie...