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sur 1975 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Au sein d'un genre ou beaucoup ne sont que de (bons) techniciens d'histoires, Damasio est, lui, un artiste.
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Je n'ai pas souvent lu de science-fiction, donc j'ai peu de référence voir d'attente face à ce genre que j'ai majoritairement vu au cinéma.

J'ai trouvé ce texte d'un politique saillant, avec un verbe parfois magnifique. Les 600 pages sont vite lues tant on est pris dans des événements qui s'enchaînent et servent un discours anarchiste qui s'affine. Que l'on soit anar ou non, la critique du neoliberalisme présente ici reste efficace, précise et bien plus qu'une critique de surface. Je me suis aussi surpris à apprécier de lire ce qu'était l'expérience du militantisme. Ça donne envie d'essayer!

Pour finir et ce qui vient ternir ma note... ce livre aurait été un parfait, 5/5, s'il avait traité les femmes d'une autre manière. le male gaze est omniprésent, les passages narés par boule de chat, la seule femme, sont quasi risible et si rares. Ses actions tombent dans le cliché mère protectrice qui elle sait lire les sentiments des hommes. Vraiment dommage, ça dessert presque les propos politiques avancés.
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Je referme tout juste la dernière page de "La Zone du dehors", je suis secouée, ébranlée et en même temps je me sens vibrer, vivre, virevolter. Ce livre, c'est le livre que j'aurais rêvé d'écrire, c'est la version aboutie de l'embryon qui végète dans ma tête depuis des années. Il réunit tous les ingrédients d'un grand roman, c'est à dire : des personnages complexes, bruts, purs… humains, quoi. Une intrigue chevelue, voire ébouriffante alternant dialogues, ruminations intérieures et phases d'action avec, cerise sur le gâteau, une vraie polyphonie. de l'anticipation qui vise juste, qui tape en plein dans le mille en prévoyant avec lucidité les avancées technologiques de demain (voir d'aujourd'hui puisque plusieurs des prévisions annoncées en 1999 ce sont avérées exactes). le tout cuisiné avec brio pour un bouquin à la fois consistant intellectuellement et savoureux stylistiquement. Alain Damasio, équilibriste littéraire, oscille avec souplesse entre poésie et philosophie, utopie et lucidité politique. "La Zone du Dehors" c'est une dystopie qui flirte avec le genre de l'utopie réussissant à réconcilier ces deux parents que je pensais irrémédiablement brouillés. L'auteur allie critique acerbe de notre société et de son capitalisme aliénant, tout en construisant de nouveaux possibles. Il met en avant les dysfonctionnements de notre monde dans une projection imaginaire futuriste oppressante (Dystopie) sans oublier de rêver, de bâtir des alternatives, de nous inviter à inventer, à imaginer d'autres modèles, à prendre des risques (Utopie).

Au niveau de la critique, il dévoile le fonctionnement d'une subtile tyrannie, subie passivement au quotidien, provenant d'une multitude de sources et exercée sur nos corps, sur nos esprits et sur notre vitalité. Il a su mettre les mots pour expliquer d'où provient le sentiment permanent de malaise qui pulse en moi alors que je me laisse doucement emporter par la léthargie de la berceuse télé, que je me connecte avec mon compte google à tout et n'importe quoi, par facilité, ouvrant les portes de mon intimité aux revendeurs de données, que j'accepte des cookies pillant ce qui fait de moi, moi. La Zone du Dehors nous rappelle pourquoi ce n'est pas normal d'être suivi par des messages publicitaires ajustés à notre personnalité, pourquoi il n'est pas sain d'être disséqué par des algorithmes qui nous cartographient, faisant de nous des terres explorées, sans surprise, nous volant nos coins d'obscurité, de mystère, notre capacité à nous réinventer, tout notre sel, nous divisant en parcelles "exploitables" et en désirs "monétisables". Cette lecture nous rappelle qu'être en vie ça doit faire mal, piquer, tirer, suer, saigner, que la liberté ça se pousse à la force de sa volonté, de ses muscles, ça veut dire se mettre en danger, sentir la résistance, la tension, abandonner son confort, lutter contre sa raison.
Pour autant, le livre ne dresse pas une frontière infranchissable entre les soumis et les insoumis, entre les bons révoltés et les méchants moutons, il peint une représentation complexe de tous les rouages qui articulent la machine broyant notre vitalité. Notre douce prison est bâtie collectivement, elle est le produit de tout le monde et de personne à la fois, elle est en nous, elle nous englobe et nous dépasse. Il y a bien des mains qui posent les briques mais elles ne sont pas libres de leurs mouvements, elles sont poussées par toute une myriade de forces convergentes et sont limitées par leurs propres contraintes physiques, sans parler des matériaux imposées, utilitaires, solides, sans fantaisie tout en nuances de gris, à l'image des cubes d'aluminiums proliférants dans les zones commerciales, les couleurs sont proscrites, car trop vives, elles pourraient heurter nos rétines ensommeillées.

Il n'y a pas dans cet ouvrage de définition monolithique, immuable, tout est en mouvement, fluide. Nous sommes jetés dans une discussion perpétuelle entre des personnages constamment en réflexion, aux visions, sinon antagonistes, au moins situées à distance que ce soit de par leurs différences d'appartenances sociales, de contextes familiaux, de buts et d'aspirations. Il y a de l'empathie et de l'humanité à tous les niveaux : on comprend pourquoi tout le monde ne veut pas devenir un (ré)volté, pourquoi la sécurité et le confort sont séduisants, pourquoi l'ordre et la surveillance répondent à une certaine "nécessité", à la volonté d'une grande partie du peuple. Les problèmes sont donc toujours explorés en profondeur et sous tous les angles, nous offrant une multitude de points de vue, évitant l'écueil du pamphlet politique partisan et hyperpolarisé. On peut tout de même regretter une tendance à trop ressasser la thèse exposant les aspects liberticides de la démocratie ; même si c'est toujours fait avec élégance, on se lasse un peu des répétitions et de l'aspect très didactique des longs exposés de CAPTP, le personnage principal du roman.

Pour finir, un petit extrait du livre : CAPTP, professeur d'université antisystème, a l'occasion (dans des circonstances que je tairais pour éviter de gâcher l'intrigue) de débattre de ses idées avec le président qui lui donne sa définition du pouvoir, adversaire devenu insaisissable et contre lequel il est si dur de lutter :
"Le pouvoir n'est pas une substance ou un fluide magique que le Président, qu'une classe ou un appareil d'Etat posséderait en propre, comme une chose. Personne ne peut vraiment dire ce que c'est le pouvoir en démocratie car le pouvoir est essentiellement... multiple... diffus, il s'exerce avant de se posséder... Mais il ne s'exerce que dans des rapports complexes et entrelacés, au sein d'un écheveau de lignes qui se coupent ou se nouent étroitement : médias, religions, multiplanétaires... syndicats, groupes de pression...peuple...président même... Si vous cherchez LE Pouvoir, vous ne le trouverez jamais, parce qu'il est partout."
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Terminé "1984" et ses méthodes de nazis. Bienvenue en 2084, sur Cerclon, société dite "démocratique". Ici, pas besoins de forcer les gens à obéir, il le font de leur plein gré. La violence des dictature à fait place au confort tranquillement restrictif. Tout est fait "pour votre sécurité", "pour votre confort". Soyez "un bon citoyen" et votre vie ne connaîtra aucun problème... Mais sera dénuée de toute vie, de toute envie... L'esclavage à prix la forme d'un techno-cocon dont les citoyen s'enchaîne volontairement et laisse le système tout gérer. Souriez, vous êtes gérez ! Mais la Volte, une groupe de "rebelles", va insuffler de la vie dans cette société morne et sans saveur...

Voilà l'ambiance de ce bouquin, sortit pour la première fois fin des années 90. Damasio y décrit une société très proche de celle dans laquelle on vit actuellement.

Dystopie intelligente. Ecriture vivante et vibrante. Personnage atypique et crédible. Ce roman est une perle de la SF qu'il faut avoir lu. Autant pour l'histoire que pour les messages qu'elle apporte ainsi que l'énergie qu'elle délivre.

Traité de militantisme ? Dystopie réaliste ? Essai philosophique sur l'envie de vivre et d'exister ? Il est tout ça à la fois et bien plus encore...

Vous l'aurez compris : ce livre est à mettre entre toutes les mains ! Voltons-nous, ré-insufflons de la vie dans notre quotidien !

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La zone du dehors décrit une société futuriste lisse et sans bavures, basée sur la transformation de la réalité. le héro et ses amis nous transportent dans leur combat pour la liberté d'être soi.
J'apprécie énormément la liberté d'écriture d'Alain DAMASIO, qui différencie ses personnages à travers l'écriture et la ponctuation, ce qui les rend tellement vivants et vivifiants. le personnage principal est très humain, avec ses pulsions et ses émotions qui nous emmènent à le connaître intimement.
Il peut être difficile d'entrer dans l'univers au départ, le décor se dévoilant plus au fur et à mesure sans vraiment de précisions, ce qui exige un travail d'imagination important de la part du lecteur, mais qui semble être également une signature de l'auteur.
Je me suis délectée de l'écriture, j'ai été transportée par diverses émotions. Pour moi c'est un très bon livre à relire plusieurs fois afin d'en découvrir tous les niveaux d'interprétation.
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Je le lis... tantôt le déguste, tantôt l'avale, le bouffe.
Et je sais que j'aurai, pour longtemps, l'envie d'y revenir, stylo à la main, mégaphone à la bouche.
Comme pour les Furtifs
Comme pour la Horde du Contrevent
Comme pour aucun Souvenir assez solide
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De la SF politique qui donne à réfléchir
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Pas aussi puissant que La Horde du contrevent, mais tout de même absolument réussi.
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J'ai adoré. Pas facile de rentrer dans le livre, dans cet univers où les mots ne sont plus tout à fait ceux d'aujourd'hui, mais une histoire prenante avec une réflexion forte sur la démocratie, ler pouvoir d'agir, la liberté, les nouvelles technologies.
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J'ai adoré. On comprend assez vite que c'est notre société qui est critiquée, et pourtant on s'embarque corps et âmes dans l'aventure avec ses personnage si marqués. C'est violent, créatif... Je n'ai pas mis un 5 étoiles complet, car j'ai trouvé la fin... très différente du reste du livre. le rythme m'a un peu perdue.

Je recommande à ceux qui aiment quand la S.F. fait réfléchir.
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