Je tiens à préciser au préalable que je ne suis pas d'extrème gauche et que j'ai un dégout profond pour l'anarchie. Je le précise parce que je pense que c'est en partie ce qui va expliquer ma critique au vitriol de ce livre.
si jamais vous avez une tendresse naturelle pour l'anarchie, il vaudra mieux passer sur le lecture de ma critique. Pour les autres, c'est parti ...
Ca faisait longtemps que je n'avais pas ressenti une telle souffrance à la lecture. Si de temps à autres
Alain Damasio montre une vivacité d'esprit intéressante et un constat pertinent sur la montée en puissance de la technologie de contrôle, tout le reste est mauvais.
Ca commence dès l'introduction qui explique que l'auteur fait une pause de 3 ans à chaque livre qu'il écrit parce qu'il a besoin de toutes ses facultés pour écrire des pamphlets extraordinaires. Première introduction que je lis qui présente un auteur comme un génie sur un ton
Alain Delon présente, ça commençait mal.
Le livre en lui même souffre de plusieurs gros points négatifs :
- Les personnages sont insupportables. Tous sont imbus d'eux-mêmes et se voient comme des héros extraordinaires tout en débitant des discours claqués au sol à chaque fois qu'ils ouvrent la bouche.
- Les discours prononcés ne sont pas crédibles un seul instant, pas plus que la réaction des personnages en face. Vous avez un discours qui joue sur l'étymologie, la dissonance et la résonance des mots face à des gens qui sont décrits comme mous et peu intelligents. A quel moment ça aurait pu marcher ? Il n'y a qu'un auteur en pleine introspective qui puisse y croire.
- L'apologie du terrorisme y est effectuée de manière constante. le personnage principal vante les morts qu'il provoque, aimerait violer ses adversaires, etc etc ... Pour y opposer une vision claire, dans Dune le terrorisme est présent comme vecteur de survie et non comme but. Ici c'est posé comme but. D'ailleurs en face les méchants ce sont ceux qui ne pensent pas comme la Volte même s'ils les laissent s'exprimer.
- L'anarchie y est glorifiée tout en démontrant qu'elle ne produit rien. Tout ce qui est reproché au Clastre peut être reproché à l'anarchie de la Volte mais en puissance 10 ( le cynisme inclus )
- Les dialogues sont longs, les discours sont longs, les descriptions sont longues. Comme je l'ai écris au début ça faisait longtemps que je n'avais pas souffert à la lecture. Je passe sur le ton professoral de certains passages, l'inintérêt d'autres.
- La vulgarité est omniprésente dans certains passages sans réelle explication. C'est gras mais je suppose que c'est la manière dont sont vu les personnages non cérébraux par l'auteur ( on dirait bas du front dans un autre contexte )
- La profondeur politique se résume à des fafs d'un côté et des purs de l'autre. Ce n'est pas moi qui l'invente mais bien l'auteur, on sent la composante extrème gauche ici. Après avoir pondu un discours de x pages sans intérêt on y est ramené à un mot de 3 lettre pour décrire le camp adverse ... Tout ça pour ça.
Bref, ce livre m'a été offert mais c'est une vraie purge. Je ne le conseille à personne. Sur un plan purement SF il n'apporte rien, sur un plan politique il n'apporte rien et sur un plan littéraire c'est le néant total. Reste quelques pointes intéressantes mais malheureusement rare sur le pavé de lecture que ça représente.