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EAN : 9782075144254
464 pages
Gallimard Jeunesse (26/08/2020)
3.78/5   46 notes
Résumé :
À l'âge de six ans, Travis Dandro fait la connaissance de son père biologique.
« Papa Dave » est un voyou de seconde zone à la vanne facile, qui dissimule une grande souffrance et une dépendance à l'héroïne. Alors que cette addiction devient ingérable et que sa mère s'avère totalement dépassée, le jeune Travis essaie tant bien que mal d'échapper aux traumatismes que lui réserve son quotidien. Adolescent, il trouve dans la découverte du dessin une échappatoir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Les premières pages de ce roman graphique imposant par sa taille nous plantent tout de suite le décor d'une chronique ordinaire, douce-amère, à travers ces premières pages en noir et blanc qui donne le ton...
Nous sommes à Auburn, dans le Massachusetts, en août 1980. Nous faisons la connaissance de Travis Dandro, un petit garçon de six ans. C'est un enfant qui semble heureux, débordant de joie de vivre. Nous découvrons son univers familial, sa mère avec laquelle il vit dans un pavillon de cette ville tranquille des États-Unis.
De temps en temps, David, « un ami » de sa mère l'emmène se promener ou le garde les week-ends. Un jour sa mère lui révèle que son vrai père, son père biologique, c'est David. « Maintenant, tu pourras l'appeler Papa Dave. »
Découvrir à six ans qui est son vrai père, c'est découvrir ce que sera désormais son univers, celui d'un voyou de seconde zone, une petite frappe, un toxicomane dépendant à l'héroïne, fait des mauvais coups lorsqu'il est en manque, qui va de temps en temps en prison, refait surface, tente de se rabibocher avec la mère de l'enfant, une femme douce, gentille, totalement irresponsable, qui ne se rend pas bien compte que chaque fois qu'elle cède le pas aux avances de cet homme toxique, elle enfonce encore plus bas sous terre son petit qu'elle aime de tout son coeur pourtant, qu'elle aime si mal...
Mon père cet enfer, c'est le récit de l'enfance, ballotée, chahutée par les soubresauts de la vie familiale, ses rebuffades, ses désillusions, les blessures qu'elle laisse.
Comment grandir avec cette violence quotidienne en toile de fond ? À l'école ou bien sur le coin d'une table à la maison, le petit Travis dessine des personnages sortis de son imaginaire mais inspirés de ce qu'il voit autour de lui. À travers ces crayonnages, il esquisse déjà une ligne de fuite où il ira chercher le soleil, l'espoir, tenir debout malgré la violence d'un père malade, les silences d'une mère totalement dépassée, un oncle alcoolique, des déménagements à n'en plus finir...
Travis Dandro écrit ici un récit autobiographique sous la forme d'une BD. Car c'est raconter sa vie en dessin qui l'aura peut-être aidé à se relever. Il aura mis quarante ans à le faire.
Mon père cet enfer est donc en quelque sorte une catharsis. Sont racontés ici les traumatismes, les bleus à l'âme de l'enfant qu'il fut et qui grandira avec ce fardeau supplémentaire sur un chemin chaotique.
J'ai trouvé ce roman graphique dur, poignant, comme à chaque fois où un récit montre un enfant abîmé par les coups de boutoir de la vie.
Le graphisme m'a emporté entre tendresse et douleur. Il y a tout d'abord la bouille adorable de ce petit bonhomme haut comme trois pommes, heureux de nous accueillir aux premières pages, qui nous fait rire. Un visage comme une bulle, avec de grands yeux tout ronds et des cheveux en pic sur la tête, un vrai personnage de cartoons. C'est un visage simple sur lequel tout le talent de Travis Dandro va poser mille expressions changeantes entre joie, tristesse, colère durant ce récit étouffant qui se lit d'une traite... C'est le visage d'un enfant qui suscite d'emblée l'empathie, son histoire aussi... C'est un visage qui vient auréoler les pages sombres qui peuplent ce récit, où le trait haché, qui devient parfois compulsif, vient jeter une ombre mêlée de tensions et d'angoisse, tandis que dans l'imaginaire des personnages surgissent des scènes totalement oniriques et vertigineuses...
C'est un récit autobiographique, sans fard, sensible, d'une tendresse et d'une douleur à couper le souffle et qui m'a profondément ému. Mon père, cet enfer est un témoignage unique et bouleversant.
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Travis a six ans lorsqu'il rencontre pour la première fois son père biologique « David ». Jusqu'à là, il vivait avec sa mère, ses frères et son beau-père, et pensait que celui-ci était son papa. Sa mère lui explique qu'il a deux papas et lui demande d'appeler son père biologique « Papa Dave ». le petit garçon est un peu perdu. C'est un choc ! il s'exclame « Mais, je croyais que papa, c'était mon papa ». Travis accepte de le voir pour faire plaisir à sa mère.
L'enfant passe de plus en plus du temps avec son père David, qui se révèle être irresponsable. Il laisse conduire Travis lorsqu'il a six ans, l'emmène avec lui acheter de la drogue. Un jour, Travis surprend son père en train de se faire une piqûre. Il pense que son père est malade et en parle à sa mère. Quand celle-ci comprend que David se drogue à nouveau, elle l'empêche de revoir Travis. La famille déménagera à plusieurs reprises, chez un oncle alcoolique puis chez la grand-mère pour éviter David qui cherche à revoir son fils et peut devenir violent.

Dans cette BD autobiographique, l'auteur nous relate les répercussions de cet environnement familial dysfonctionnel. Travis a six ans ne comprend pas tout ce qui je joue. Il voit que son père peut être très violent et il est ballotté de déménagement en déménagement au grès de l'évolution de la situation. Enfin, la mère de Travis, qui n'a jamais pu couper le lien avec David, a un comportement très ambigu. Elle demande à Travis de se rapprocher de son père pour l'en éloigner. Puis, quelques années plus tard, quand David ressort de prison, elle se remet en couple avec lui et l'installe dans la maison familiale.
Le lecteur ressent le sentiment d'insécurité constant du petit Travis. C'est un enfant qui fait régulièrement des cauchemars. Les bruits forts lui font peur, il est constamment anxieux.
Quand le lecteur découvre Travis au début de la BD, c'est un petit garçon joyeux et plein de vie puis progressivement, en grandissant, le garçon perd de son innocence et devient plus sombre. Il se réfugie dans le dessin et se sent dans l'obligation de protéger sa mère et ses frères. Au fil du temps, Travis a nourri une haine envers son père mais se sent obligé de faire plaisir à sa mère. Il est toujours tiraillé entre les deux.

J'ai eu besoin de lire quelques planches pour me faire à la construction narrative et au graphisme de l'auteur pour enfin entrer véritablement dans l'histoire. En effet, j'ai été un peu perdue dans la chronologie à la lecture des premières pages : l'auteur incorpore ses cauchemars et un événement qui hante son père que le lecteur ne découvre qu'à la fin. Une fois que je me suis familiarisée avec le style singulier de l'auteur, je n'ai pas pu lâcher ce roman graphique. J'ai été bluffée par l'expressivité de Travis : son visage est mangé par deux gros ronds vides qui représentent ses yeux et pourtant l'auteur arrive à faire passer de multiples émotions.
Les illustrations hachurées sont très belles. L'auteur intercale des pages magnifiques de paysages ou des détails sur des éléments du mobilier qui permettent au lecteur de souffler. Les illustrations sont à la fois très enfantines (les personnages sont très simples, le trait est épuré) et très travaillées (les paysages, les gros plans sur un objet).
C'est un récit poignant et sincère que nous livre Travis Dandro. le ton est juste du début à la fin. le lecteur ressent beaucoup d'empathie pour Travis, j'irais même jusqu'à dire pour toute la famille, car si les parents n'ont évidemment pas toujours des comportements adaptés envers leur fils, ils sont tout aussi en souffrance.
J'ai eu un coup de coeur pour ce récit intime et sensible. C'est une histoire terrible et forte adoucie par la naïveté du jeune Travis.
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Mon père, cet enfer.
Contrairement à ce que pourrait laisser présager son titre, ce roman graphique à un atout de poids : la nuance.

Là où l'on aurait pu trouver un portait à charge gonflé à la haine et à la rancoeur, toute la beauté de ce roman graphique tient dans la finesse du récit.
Oui, "Papa Dave" est un père plus que défaillant. Mais non, il n'est pas décrit comme quelqu'un de mauvais.

Le développement de ses faiblesses, des emprises qu'il subit et de leurs conséquences sert un récit bien plus fort que ne le pourrait une narration plus subjective. Ce parti pris ainsi que le traitement quasi psychotropique de la perception altérée du Travis enfant permettent de dessiner un monde complexe dans lequel le coupable est aussi la victime.

On sent tout au long de cette oeuvre la recherche d'un sens, la peur de la répétition, les traumas, la culpabilité. le tout se mélange et glisse tout au fond de la gorge, là ou ça gratte sans que l'on veuille écouter, pour nous saisir les trippes et les secouer avec virulence.

Le dessin s'aligne au fond. Tantôt difficilement lisible et confus comme la compréhension d'un jeune enfant, il devient plus tard d'une simplicité et d'une cruauté d'adolescent. Parfois naïf, souvent cru, mais jamais gratuit. La mise en scène est imaginative et fonctionne. alternant l'enchainement rapide et les pages plus souples d'évasions fantaisistes. On retrouve parfois des citations graphiques, des samples de grand noms de la peinture bienvenus pour servir le propos.

Comme dans le traitement des personnages, dans le dessin rien n'est simple, pas un trait n'est bon ou mauvais. Tous essaient de vibrer à l'unisson comme ils le peuvent. Et cette patte organique fonctionne plutôt bien. Seules de rares vignettes m'ont semblées trop confuses.

Un roman graphique fort, intelligent mais douloureux. A lire bien accroché.

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Review Résumé : 1980. Travis est un jeune garçon de 6 ans qui vit heureux avec sa mère, son beau-père et ses deux demi-frères dans le Massachusetts. Il rencontre alors son père biologique, « Papa Dave », qu'il pensait être un ami de sa mère. Ce dernier, petit voyou mais surtout homme extrêmement instable, est dépendant à l'héroïne. Il prend de plus en plus de place dans la vie de Travis, alors que le couple de sa mère explose, pour le pire.

Mon avis : C'est à l'adolescence, pendant cette période très difficile avec l'irruption violente mais en alternance de son père drogué que Travis découvre son goût pour l'illustration, échappatoire bienvenue. Son trait - simple mais pas simpliste, et en noir et blanc - est parfait pour nous compter son enfance loin des contes de fées, dure et traumatisante. Ce que je n'ai pas compris dans son histoire, c'est l'attitude de la mère, qui parfois protège ses enfants comme une lionne, mais à d'autres périodes les met sciemment en danger. Malgré cet environnement glauque, Travis essaie de se construire comme il le peut, notamment grâce à son échappatoire artistique.
En tout cas, c'est une lecture coup de poing, brute et violente, qui rappelle que la vie, l'enfance, n'est pas toujours ce qu'elle devrait être, malheureusement. Mais qu'on peut tout de même sans sortir, même si ça prend du temps.
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IL y a des BD visuellement exceptionnelles, d'autres où l'intrigue nous rend accro, ou qui développent une ambiance qu'on apprécie... Et puis il y a ça, des BD comme Mon père, cet enfer, qui est littéralement un coup de poing dans la gueule. Ça raconte l'histoire vraie (celle de l'auteur) d'un enfant qui va se construire face à un père violent et autodestructeur. Cela aurait pu aboutir soit à un récit larmoyant soit à une oeuvre insupportable à lire de part la violence de son sujet, et c'est tout autre chose. C'est peut-être la démonstration magistrale et sensible du monde de l'enfance, et de sa relation à la vie. C'est puissant, drôle et tragique, ça prend aux tripes à chaque case. Des oeuvres comme ça, on en croise pas tous les jours.
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critiques presse (1)
BoDoi
24 septembre 2020
Un modèle de narration et d’ambition artistique, autour d’un sujet extrêmement délicat et périlleux. Qui coupe littéralement le souffle.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
- Je me rappelle que, quand j’étais petit, je croyais qu’il y avait un vrai oiseau dans l’horloge... et papi me soulevait pour que je puisse regarder dans le petit trou sur le côté de l’horloge. C’était trop noir pour me voir quoi que ce soit, mais je m’imaginais que je le voyais faire des trucs. Parfois il était assis à une toute petite table et prenait son petit-déj’... ou bien il dormait dans un petit lit tout mignon... une fois j’ai même cru le voir faire caca sur des toilettes miniatures... la vie était beaucoup plus drôle quand je croyais à ce genre de choses.
- Oui, mais tu croyais aussi qu’il y avait des monstres à la cave et ça te terrifiait !
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Maintenant que tu as six ans je pense que tu es assez grand pour connaître la vérité...
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