Souhaitant m'informer sur la sophrologie - son histoire, sa pratique, ses champs d'intervention -, je suis tombée par hasard sur cet ouvrage paru en 1992, dont la lecture me laisse infiniment perplexe et aiguise mon sens critique. Je suis d'abord surprise que la courte biographie d'
André Daprey mette surtout en exergue ses exploits militaires et résistants, respectables mais dont je ne vois guère (guerre) le lien avec le terpnos logos. de sa formation, il n'est rien dit à part qu'il a été éditeur, publicitaire et qu'il n'est pas médecin. Après avoir découvert la sophrologie en 1978, il part aux Etats-Unis pour «chercher ce que l'on peut faire avec celà ». Un vaste programme !
Parmi les points positifs, je note en vrac quelques généralités frappées au coin du bon sens : la sophrologie est une philosophie, une science, une thérapie, un art qui prônent la victoire du mental sur le physique, la maîtrise du corps par l'esprit, la suprématie de l'imagination. Elle recherche l'équilibre, l'harmonie pour sauver l'être humain dans une société aberrante qui semble tout faire pour le détruire. Au cours d'une séance, celui qui est désigné comme sophrologue plonge son client – s'il n'est pas docteur - dans un profond état alpha, aux abords du sommeil mais sans l'atteindre, à l'aide d'exercices d'imagerie mentale, d'énergie tellurique, magnétisme, suggestions, inductions, dans le but de conditionner son inconscient en état de réceptivité maximale et – grâce à la répétition – d'affaiblir un comportement habituel jugé nuisible jusqu'à ce qu'un nouveau, vertueux, le supplante puis se substitue à lui.
Jusque là tout va bien, toute méthode même si elle sort des sentiers conventionnels de la médecine peut s'avérer bénéfique pour ceux qui connaissent drames et détresses. Ce n'est pas cette quête qui me gêne, ne croyant pas aveuglément en la toute-puissance de la chimie tout en imaginant les dégâts que pourrait commettre un quelconque gourou sur des personnes vulnérables en manipulant ces outils.
En revanche, je suis très mal à l'aise lorsque l'auteur élève
Emile Coué au rang d'un dieu vivant, qui grâce à quelques mantras répétés 10 à 20 fois par jour (plutôt le matin et le soir !) aurait soigné des maladies telles que la tuberculose ou le cancer ; très mal à l'aise lorsque évoquant la musicothérapie, l'auteur distingue la bonne musique de la « Pop » que certaines études (?!) rendraient capable de tuer des plantes à qui on la diffuserait à haute dose et à niveau élevé ; et enfin, très mal à l'aise et j'en resterai là, lorsque l'auteur évoque des malades qui guériraient quand ils cessent de « se lamenter » sur leur sort, ou de personnes victimes de cancers, qui auraient été sauvées uniquement par la sophologie alors qu'elles étaient « condamnées ». Condamnées par qui ? Par quel tribunal ? A quelle peine ? Condamnées, quel horrible mot. Décidément, j'ai beaucoup de mal à me rabibocher avec la sophrologie car j'éprouve des difficultés à trier le bon grain de l'ivraie.