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sur 399 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Sur l'écran noir de mes nuits blanches
Moi je me fais du cinéma
A Hollywood et sous sa caméra"

Solange, l'adolescente basque (comme l'auteure ) qui se rêvait Princesse de "Clèves " est l'actrice Franchie de Hollywood... A une soirée de Steven (Soderbergh) et George (Clooney) ,Solange rencontre Kouhouesso.
"Sa voix était massive et grave, des épaules larges sur un corps très long".
Il était beau et noir...

K ( c'est ainsi qu'il signe) rêve de l'Afrique, de réaliser "Au coeur des ténèbres" de Conrad. au Congo...Encore une histoire d'amour entre une Blanche et un Noir au royaume des apparences et de l'image , en CinemaScope?

"Sur l'écran noir de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma
Puis un travelling panorama"

"Laisse moi t'embrasser, t'embrasser encore, j'aime t'embrasser.
J'aime le goût de tes lèvres et je ne veux pas que le jour se lève." Lui murmure K, après la soirée chez Steven, chez elle. Un coup de foudre cette première... "nuit américaine."

"Souriant, il m'avance vers moi...
Un mètre quatre vingt,
Il crève l'écran de mes nuits blanches"
Mais, K ne rappelle pas. A-t-il promis un rôle à Solange dans son film sur "Au coeur des ténèbres", dans lequel la jeune actrice va s'enfoncer, par Amour?
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Solange est une actrice française qui a choisi Hollywood pour faire carrière et elle réussit plutôt bien. Kouhouessou est un acteur camerounais naturalisé canadien et il crève l'écran. Une blanche, un noir : la mélodie d'amour pourra-t-elle sonner juste ? Pour Solange, tout est différent maintenant que Kouhouessou existe. « Avant la rencontre, elle se passait de lui. » (p. 100) Dans cette lapalissade, il y a tout le vide que laisse l'homme quand il part ou quand, obsédé par un grand projet cinématographique au Congo, il n'est pas vraiment là. « Et pour elle la grande idée était comme une autre femme, et elle ne voulait pas qu'il la suive. » (p. 11) Alors Solange attend son bel homme noir, même quand il est prêt d'elle. Par fulgurance, il est parfois absolument présent, mais le plus souvent, il est irrémédiablement absent et il décuple la soif de lui qui tourmente la femme blanche.

Avec son titre emprunté à Marguerite Duras, le roman de Marie Darrieussecq est un élégant clair-obscur des sentiments. Amour et tolérance fondent une relation trouble dans laquelle chacun cherche les raisons de son attachement. « Ce que tu réclames, c'est un certificat. Un certificat de non-racisme. Aussi bien tu ne couches avec moi que pour l'obtenir. » (p. 172) Mais qu'importe la couleur de peau : l'histoire est celle d'une femme qui aime un homme qui échappe à ses sentiments. La vieille histoire classique en somme. En arrière-plan de ce jeu de dominos amoureux, il y a le continent noir, impossible à réduire à une nuance ou à une identité. « L'Afrique est une fiction d'ethnologues. Il y a des Afriques. Idem pour la couleur noire : une invention. Les Africains ne sont pas noirs, ils sont bantous et bakas, nilotes et mandingues, khoïkhoïs et swahilis. » (p. 93) Oui, il faut beaucoup aimer les hommes pour les aimer, Duras l'avait compris. Et Darrieussecq, avec une classe incroyable et un talent certain, écrit un nouvel Out of Africa : il faut fuir cette terre trop chaude qui ne laisse aucune chance au sentiment amoureux.
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Quand l'amour obsède, fascine, brûle et consume. Quand l'amour se fait obsession et torture en analyse métaphysique, en prière païenne..
Marie Darrieussecq a les mots justes pour saisir la fracture amoureuse jusqu'à perte de soi. Elle dresse également un portrait de la société de cinéma où les egos mangent la pensée et questionne sur le décalage culturel, la désynchronisation amoureuse dans un couple mixte.
Magnifique.
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Magnifique. Pourtant le titre ne m'attirait pas, malgré sa référence durassienne. Je craignais une énième histoire de dépendance amoureuse où l'on assisterait à la lente agonie de l'héroïne, actrice renommée, irrémédiablement entortillée dans le fil du téléphone dans l'attente d'une manifestation de Lui : l'Homme, acteur également mais aussi égo-centré type, artiste ne vivant que pour sa passion et selon ses lois.
Ensuite j'ai craint le thème du couple mixte au sein duquel s'affronteraient deux dominants, l'un parce qu'homme (bien que noir) et l'autre parce que blanche (bien que femme).
C'est bien plus que cela. le lecteur est convié au tournage d'un film en plein coeur de l'Afrique tropicale, au "Coeur des Ténèbres". Ce titre de Conrad évoque merveilleusement les tourments de la passion amoureuse, une de celles qui permettent d'accéder au fin fond du coeur humain et à son enchevêtrement de lianes monstrueuses qui entravent, étouffent, comme le fait la végétation africaine.
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Après avoir été déçue de Clèves, ce roman est une belle surprise.
Le style est rythmé. L'histoire d'amour, exotique, est des plus exaltantes. La sensibilité, très féminine, est exacerbée, profonde, intense.
J'ai aimé. Beaucoup, beaucoup. Singulièrement. Attentivement. Avec ferveur. Avec engouement. Avec admiration.
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Solange est une actrice blanche. D'habitude on ne précise pas. Là, je le précise car elle tombe amoureuse d'un acteur noir. À Los Angeles, ils sont tous les deux étrangers. Elle cultive son charme typiquement français quand il joue les bad boys. L'Afrique, il rêve d'y tourner le film de sa vie, d'après Au Coeur des ténèbres de Conrad.

Tout au long de ce projet, l'on suit l'idylle des deux amants, dissymétrique car Solange semble pleinement, ouvertement amoureuse, quand Kouhouesso se focalise d'abord sur son film, ses financements, ses acteurs, les difficultés qui s'amoncellent avant même d'en obtenir la production. Solange met en veille sa carrière, l'attend, encaisse ses remarques à propos de leur différence. C'est à la veille de le présenter à sa famille qu'elle se rend compte du bien fondé de celles-ci.
Elle continue à espérer avoir un petit rôle dans le film, qui représente un symbole fort : la fiancée. Quand elle arrive au Cameroun pour le tournage, cela fait presque un an qu'ils ne se sont pas vus.

À partir d'une trame connue, celle d'un amour impossible et à sens unique, Marie Darrieussecq réussit une peinture délicate et précise des travers de la société du spectacle, mais aussi et surtout de tous les non-dits autour de la couleur de peau dans ce milieu aux États-Unis, en France et en Afrique. Au risque d'insinuer une confusion entre amour impossible et différence de peau. Un difficile exercice d'équilibriste qui lui a valu le prix Médicis en 2013. Amplement mérité !
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Le titre accroche; Il est à première vue à double sens. A la fois injonction et constat. Non il n'en a qu'un, celui du constat. Ce titre est tiré d'une phrase d'un roman de Marguerite Duras "il faut beaucoup aimer les hommes; beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer". Démonstration avec Solange, actrice française de second plan à Hollywood qui côtoie quelques grandes stars de notre époque, désignées par leur prénom George (Clooney), Steven (Soderbergh), Nicole (Kidman) et d'autres sans doute moins connues, au lecteur d'essayer de les trouver.

Avec Marie Darrieussecq nous sommes souvent dans le jeu, et souvent pour Solange le jeu de piste, qui consiste à essayer de voir Kouhouesso avec qui elle partage un amour naissant dans des étreintes torrides mais rares à son grand désespoir. Il est noir, elle est blanche. Ceci explique peut-être cela. Elle l'a dans la peau ce beau mâle acteur à dreadlocks qui parle peu,absent la plus part du temps. Elle s'accroche.

La première partie du livre est très charnelle entre Solange et Kou sur fonds de miasmes hollywoodiens avec ses personnages mythiques, ses fêtes hautes en couleurs, dans la musique de l'époque. Cette partie peut paraître superficielle, mais non il ne faut pas la voir comme telle. Elle pose un décor, une mythologie et surtout constitue un contrepoint à la seconde partie, le style est incisif.

Les choses peuvent elles durer ?

Seconde partie: Nous basculons dans un monde plus sauvage, plus incertain. Les cartes sont rebattues.

Kou est acteur aussi, de second plan aussi, mais dont toute l'envie est maintenant orientée vers le tournage en tant que metteur en scène d'un film au Congo inspiré très largement du roman de Joseph Konrad au titre très métaphorique: Au coeur des ténèbres.

L'Afrique, voilà le nouvel enjeu; L'occasion pour évoquer un certain rapport de la société à la négritude pour Solange, pour s'embarquer dans des aventures qui risquent de prendre un tour titanesque et sur le plan de leur liaison amoureuse un cours de plus en plus improbable.

Après un passage raté par la Fance, Kouhouesso est engagé dans un tournage, en jungle camerounaise finalement, avec toutes les difficultés liées au climat et aux moyens tropicaux. Solange le rejoint, l'attend, tourne un peu, côtoie l'Afrique des immenses forêts, des hôtels borgnes, de la dysenterie, de la boue et de l'insécurité. Elle survie quand même. Retour à Los Angeles pour tout le monde et retour sur terre à la fois.

Marie Darrieussecq a un style rythmé, enlevé, plein de variations ou alternent l'émotion, le superficiel, le charnel, les personnages, la profondeur, la réflexion, l'air du temps, le décor, les images inattendues et métaphoriques. Mais surtout elle a l'art d'enchâsser tout cela. J'ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre. Je n'avais rien lu d'elle avant, réticent à aborder un livre d'un écrivain qui a débuté sa carrière romanesque en racontant l'histoire d'une femme qui se métamorphose en truie.

Elle vient d'obtenir le prix Médicis, un prix qui est censé récompenser un écrivain jeune au style innovant, en ce sens ce prix lui est tout à fait approprié.
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Solange aime Kouhouesso. Elle le suivra jusqu'au bout de la terre et découvrira au cours de son périple que l'Afrique n'existe pas. Qu'il y a des Afriques comme il n'y a pas de noir mais des gens de cultures et d'horizons différents.

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Un roman très réussi. Un style perlé et imagé et une histoire très bien racontée et très prenante. Un histoire d'amour où se mêle, le déracinement, le questionnement sur ce qui nous fait, nos origines, notre culture, notre naissance et notre vie présente.
Mais aussi, la passion dévorante, l'amour qui vous ronge...
Superbe!
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