A l'occasion d'une intervention de Marie Darieussec pour présenter son dernier roman «
Fabriquer une femme » , j'ai réalisé que je n'avais rien lu de cette autrice. En visite dans ma librairie préférée j'ai saisi «
Truismes », son premier opus, sur un rayonnage.
Ecrit à la première personne dans une volonté de proximité avec le lecteur auquel la narratrice chuchote son histoire, elle casse d'emblée ce rapprochement par un style qui manie à la perfection la dissimulation du « vrai » dans un récit tout entier fait de détours et d' allusions, qui tournent autour du même pot sans jamais le dévoiler tout à fait. Au coeur du récit, la subornation des femmes par les hommes, dans des assauts sexuels à sens unique, sans que jamais rien ne soit explicité. C'est donc au lecteur de faire le travail et à ce titre, je me suis retrouvée dans la position inconfortable du doute, celui qui fait s'interroger sur l'intention et l'objectif de l'auteur à travers son personnage principal: une femme sans nom devenue une truie heureuse de son état, sans véritable regret pour l'ancien dont elle retrouve par moments un usage modeste qui semble lui suffire, ne réussit-elle pas en effet, à tenir le stylo au bout duquel son histoire prend forme.
La virtuosité du récit tient à la légèreté de la métamorphose, dans un contexte social qui évoque plutôt le pourrissement et l'abjection. En ce sens, dans un triomphe de la faculté d'adaptation, le personnage principal sort son épingle du jeu. Faut-il y voir une revanche féministe à l'exploitation et la goujaterie masculines campées en sourdine dans le récit? le message est plus confus. Il prend même le contrepied du « deuxième sexe » et de « king Kong théorie » en évitant d'emblée le terrain de la révolte et de la lutte. C'est cet aspect qui m'a gênée dans ce livre même si j'ai j'en ai admirées les prouesses narratives.